LE MAROC À L’AUBE DE L’AUTOSUFFISANCE POUR APPROVISIONNER SES CENTRALES ÉLECTRIQUES AU GAZ NATUREL

Nous y sommes ! Nous savons maintenant que les deux centrales électriques du Maroc à cycle combiné devraient pouvoir être, « sous peu » pour qui sait être patient, entièrement approvisionnées avec du gaz naturel issu du sous-sol marocain.
Contraignant le Maroc à rechercher d’autres sources d’approvisionnement en gaz naturel et une utilisation de cet encombrant « tuyau »[1] qu’aurait pu devenir le Gazoduc Maghreb Europe (GME), nous pouvons remercier l’Algérie d’avoir cessé d’alimenter le Maroc, même si l’Espagne en a été victime collatérale.
L’ONEE et Chariot Oil (prospecteur puis exploitant des puits off-shore « Anchois » de la zone « Lixus » située au large de Larache) auraient signé en décembre 2022 un contrat de fourniture en gaz naturel pendant 10 ans de 625 MNm³ pas an (millions de m³ « normaux ») à destination des centrales à cycle combiné de Tahaddart (384 MW au Nord) et de Aïn Beni Mathar (452 MW dans l’Est) qui ont toutes deux produit une moyenne de 5’700 GWh par an entre 2012 et 2018 en consommant 1,034 milliards de Nm³ par an sur la même période.
Avec un premier tronçon sous-marin, un gazoduc dont le coût n’est pas encore annoncé acheminera d’ici deux ou trois ans le gaz naturel depuis « Lixus » jusqu’au tronçon occidental du GME.
Selon toute vraisemblance, et en vertu d’extension d’un accord déjà signé avec l’ONEE en 2019 (pour seulement 30 MNm³ initialement), le complément, calculé à une moyenne de l’ordre de 409 MNm³ par an, devrait pouvoir être fourni par Sound Energy (prospecteur puis exploitant des puits TE de la zone Horst située à Tendrara), au départ des puits à travers un autre gazoduc de 120 km qui ira jusqu’au tronçon oriental du GME (pour 5,67 milliards de Dh, soit près de deux fois le prix d’une autoroute de même longueur).
La levée de fonds relative à la deuxième phase de sa réalisation a été faite en juillet 2022. Afriquia est devenu actionnaire de Sound Energy en août 2021 (avant le gouvernement Akhannouch), crédibilisant le réalisme du projet aux yeux des néophytes (les prospecteurs de gaz et pétrole font souvent des annonces optimistes).
Il va de soi qu’après cela, il deviendra inutile de continuer l’import de gaz naturel liquéfié, actuellement gazéifié en Espagne avant d’être envoyé via le GME. La mise en œuvre de la phase de transition où les deux coexisteront ne sera pas évidente sur le plan technique.
Les nihilistes penseront que 5’700 GWh annuels ne représentent que 13.5% de l’électricité nette appelée au Maroc en 2022 et que l’approvisionnement en 1’034 MNm³ de gaz local pour la production d’électricité n’apporterait « que » près de 4% d’indépendance énergétique aux 24 Mtep qui y sont consommés mais il reste que, durant ces dernières années, c’est quand même « la plus grosse des gouttes » qui aura contribué à l’indépendance énergétique du pays.
Plus j’ai envie d’applaudir quand on trouve du gaz naturel au Maroc moins j’ai eu envie de le faire quand on y a annoncé du pétrole, d’autant plus que nous n’avons plus de raffinerie. Plus j’ai envie d’applaudir quand on y annonce des hydrocarbures en quantités suffisantes pour les besoins nationaux moins j’ai eu envie de le faire quand on a annoncé des quantités qui les dépassent.
Pourquoi ? Bien réel et sans aucun rapport avec la superstition, il existe bien un « syndrome » communément désigné par « malédiction du pétrole« , dont on préfère rester à l’écart quand on est documenté au sujet de ses divers symptômes. Je ne ferais pas insulte à l’intelligence en rappelant combien de fois les mots « hydrocarbures », « pipe-line » et « gazoduc » ont été au centre des causes des conflits des dernières décennies mais je me contenterais de susciter la réflexion autour de la liste des 22 pays qui, en 2019, ont produit plus de pétrole qu’ils n’en ont consommé (par ordre décroissant du ratio production / besoins) : Norvège (8.48 fois les besoins), Kuwait, Azerbaïdjan, Iraq, Qatar, Kazakhstan, Emirats Arabes Unis, Russie, Arabie Saoudite, Oman, Algérie, Colombie, Venezuela, Canada, Equateur, Trinidad et Tobago, Iran, Turkménistan, Brésil, Ouzbékistan, Mexique, Argentine (1.01).
Le 28 Février 2023
Source web par : ecoactu
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