Rentrée sociale et dysfonctionnements à la pelle

«Pouvoir d’achat, inflation, retraites, statut de la fonction publique, contractuels, chantier de la protection sociale, Registre social unifié, charte d’investissement, dialogue social, stress hydrique, Marocains du monde… », Sont, en effet, les nombreux dossiers brûlants et urgents auxquels doit faire face le gouvernement Akhannouch, lors de la prochaine rentrée politique et sociale. Le tout dans un contexte national et mondial très tendu (cherté des prix des matières de première nécessité et des carburants, sécheresse, guerre en mer Noire, instabilité régionale, Covid-19…). Pour plusieurs observateurs, tout porte à croire que cette rentrée sera chaude vu le volume des attentes et l’ampleur du travail à mener notamment de la part de l’Exécutif qui a brillé par son inertie, son indifférence et son manque d’innovation et de créativité.
Pouvoir d’achat
Parmi les grands dossiers à résoudre, il y a celui de l'augmentation des salaires qui constitue l'une des priorités les plus importantes pour les syndicats ainsi que pour une grande majorité de citoyens, notamment avec les hausses vertigineuses des prix de divers produits de base ainsi que ceux des carburants. Certains syndicalistes estiment que la résolution de ce point passe, soit par la réduction de l'impôt sur le revenu, soit par l'augmentation directe des salaires. A rappeler que l’exigence de réduire l’IR est l'une des questions les plus importantes ayant été reportées, dans le cadre du dialogue social, à la session de septembre. L’IR a, en effet, toujours été considéré comme significativement élevé et sa réduction a été l’une des promesses de la campagne électorale. Cette question se pose aujourd’hui avec acuité, notamment avec les atteintes successives au pouvoir d'achat des citoyens, en particulier ceux à faible revenu. A souligner que l’actuelle équipe gouvernementale n'a pas bougé le petit doigt et n'a pris aucune initiative en faveur de la classe ouvrière. Idem pour la question des retraités et personnes âgées, notamment celles sans revenu ou à revenu limité qui n’a pas bougé d’un iota. En effet, Akhannouch a indiqué que son parti accorde une attention particulière à ces personnes en expliquant que le programme politique de son parti propose d’accorder une aide mensuelle pouvant atteindre 1.000 DH à l’horizon 2025, dans l’objectif de permettre à cette catégorie de mener une vie décente. Le gouvernement est également obligé de mettre en place les décisions liées à la retraite, prises dans le cadre de l’accord du 30 avril, notamment celles liées à la Caisse nationale de sécurité sociale, relatives à la réduction du nombre de jours de travail requis pour obtenir sa retraite.
Protection sociale
L’opérationnalisation du chantier de la protection sociale, initié par S.M le Roi, sera l’un des sujets de débat lors de la prochaine rentrée. D’autant que ce dossier suscite encore des interrogations quant à ses capacités de financement puisqu’il nécessite un budget colossal. Plusieurs acteurs syndicaux ou politiques soutiennent que le financement de ce projet ne doit pas se faire uniquement par les actuels participants ni au détriment du pouvoir d'achat des citoyens fortement malmené par l’actuelle crise. La question de la gouvernance de cet atelier ainsi que celle relative aux infrastructures médicales posent également problème. En effet, tout le monde est d’accord sur le fait que la réussite d’un tel chantier est fortement liée à l’existence d’infrastructures performantes et gratuites, de bonne qualité assurant la dignité des citoyens. La question de la généralisation de la protection sociale renvoie à une autre, celle relative au Registre social unifié, qui peine à démarrer, alors que son déploiement ainsi que ses mécanismes de suivi, constituent une étape importante dans le cadre de la mise en œuvre du chantier de la généralisation de la protection sociale et un des instruments les plus efficaces pour cibler les familles pauvres et vulnérables. En outre, ce déploiement constitue une étape pratique importante pour améliorer l’efficience des programmes sociaux et s’inscrit dans une perspective intégrée pour le renforcement des fondements de l’Etat social, incluant le parachèvement de la couverture maladie obligatoire à l’horizon 2022 et la généralisation des allocations familiales à fin 2023. Concernant la poursuite du dialogue social, le gouvernement est appelé à prendre des engagements financiers afin de mettre en œuvre les accords pris, notamment en ce qui concerne le nouveau statut de la fonction publique qui exige des engagements financiers de la part de l’Exécutif par le biais d'une loi. Ce dernier est également appelé à prendre les mesures nécessaires pour la création et la préservation d'opportunités d'emploi, et ce pour surmonter les répercussions de la crise liée au Covid-19 et aux effets de la sécheresse et ceux de la guerre en mer Noire.
Une nouvelle approche
Pour le député Abderrahim Chahid, président du Groupe socialiste à la Chambre des représentants, il est clair que l’actuelle rentrée sera fortement marquée par les effets néfastes des mutations politiques internationales et du changement climatique sur le niveau des prix des produits de première nécessité et des carburants. Pis, l’Exécutif entamera une nouvelle rentrée politique et sociale après une année d’échec gouvernemental, notamment au niveau de la prise de décision nécessaire pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens, a-t-il déclaré dans une interview accordée dernièrement au journal Al Ittihad Al Ichtiraki. Pour Abderrahim Chahid le gouvernement est aujourd’hui appelé à entamer la rentrée politique et sociale avec une nouvelle approche en mesure de répondre aux attentes des Marocains en matière de santé, d’éducation, d’emploi et de protection sociale. « Nous pensons que la rentrée sociale exige des mesures effectives afin de renforcer le front intérieur et préserver la paix sociale. Elle exige également l’opérationnalisation des réformes initiées par S.M le Roi dans le domaine social et économique afin de consolider les acquis sociaux, de soutenir les mécanismes de la solidarité nationale et de promouvoir les investissements (projet de loi-cadre relatif au système de santé, projet de loi-cadre relatif à la charte d’investissement, révision du Code de la famille, actualisation des outils et législations nationales pour promouvoir la situation de la femme) », a-t-il expliqué. Le gouvernement sera-t-il disposé à prêter oreille aux exigences et doléances des syndicalistes et à l’opposition et se souciera-t-il du bien-être de ses administrés autant qu'il est possible ? Affaire à suivre.
Le 7 Septembre 2022
Source web par : libération
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