LETTRE À MES AMIS ALGÉRIENS

Je m’exprime en tant que citoyenne marocaine, convaincue des liens indubitables forgés par l’histoire entre nos peuples et ulcérée par l’exacerbation des tensions dont personne ne sortira vainqueur…
Nous avons le choix: éviter les sujets qui fâchent ou crever l’abcès.
J’ai choisi la deuxième option; soit, pour reprendre cette fois, l’expression bien de chez nous: «exploser la grenade» (le fruit, bien entendu!).
Quand un commentateur sportif et des journalistes bien calés dans leur fauteuil d’information sur des chaînes française ou qatarie, ajoutés aux mouches électroniques téléguidées, s’y mettent en concert sur les réseaux sociaux en reprenant les éléments de langage de la junte militaire, j’ai jugé de mon devoir de sortir de ma réserve.
Je n’appartiens ni au monde politique, ni à un magistère religieux, ni à une quelconque organisation ou cénacle de quelque nature qu’il soit.
Je m’exprime en tant que citoyenne marocaine, convaincue des liens indubitables forgés par l’histoire entre nos peuples et ulcérée par l’exacerbation des tensions dont personne ne sortira vainqueur à part les semeurs de divisions et les marchands d’armes.
On va résumer l’histoire par une parabole.
Un pays c’est comme une maison. Un foyer hospitalier mais qui n’en reste pas moins un lieu sacré et inviolable.
Or, comment tolérer que notre voisin héberge, finance et soutienne en toute occasion, depuis des décennies, une bande armée afin de le dépecer et d’y semer l’instabilité?
Tout le problème débute par là et se concentre principalement là.
Entre nous, pas besoin de se mentir en arguant de neutralité et de pseudo-statut d'observateur!
La dernière réaction à la décision souveraine de l'Espagne en faveur de l’autonomie a prouvé, pour ne citer qu’elle, à la face du monde entier, le statut de l’Algérie comme principale partie dans ce conflit.
Mais si la question du Sahara tente de s’y élever par la grâce des militaires, au rang de première cause au détriment des préoccupations véritables des populations, au Maroc, c’est une cause sacrée pour l'ensemble de la nation et le consensus sur sa marocanité partagé dans tout le Royaume.
On ne peut pas mettre sur un pied d’égalité l’attachement à une terre à laquelle nous sommes soudés par toutes sortes de liens séculaires dont juridiques d’allégeance, synonymes de souveraineté, et l’instrumentalisation d’une entité artificielle, absente de tout document d’histoire avant sa fabrication de toutes pièces dans les laboratoires militaires libyen et algérien en 1976 dans un contexte général de guerre froide!
Quelle amitié est-ce celle qui ferme les yeux sur l’inacceptable acharnement contre notre intégrité territoriale sous le prétexte de la défense des Sahraouis dont une poignée, à la tête de la fantomatique Rasd, bénéficie des largesses des dons ; le reste, parmi les populations, séquestré dans les camps!
Par quel miracle les prétendues aspirations du «peuple sahraoui» se trouvent-elles confinées strictement au sud du territoire marocain? La logique voudrait, que si peuple sahraoui il y a, il occuperait l’étendue du Sahara; à moins de suivre les élucubrations des chantres des morcellements et fabriquer des mini-Etats pour le «peuple sahraoui» d’Algérie, de Tunisie ou de Lybie avant de passer au «peuple des plaines» et au «peuple des montagnes»!
Dans une quête de faux-fuyants visant entre autres à étouffer dans l’œuf toute tentative de réconciliation, on découvre subitement que la normalisation des relations entre le Maroc et Israël est devenue le nœud du problème, alors que les frontières sont fermées bien avant de manière intégrale suite à une décision unilatérale; et, la guerre par procuration livrée depuis plus de 46 ans!
Arguments idéologiques au service d’intérêts géopolitiques, la recette est ancienne.
La mascarade grotesque consistant à manipuler la cause palestinienne devient totale hypocrisie quand face à d’autres pays qui ont choisi la pleine normalisation, à l’instar de la Turquie tout récemment, les perroquets du régime ont préféré avaler leur langue.
Comme la vérité toute crue est certainement dure à avouer, on use ad nauseam de l’inversion accusatoire. «Frapper, puis pleurer, dit le proverbe. Devancer et aller se plaindre».
«Expansionnisme du Maroc». La rengaine habituelle!
Pas envie de me fâcher avec mes amis mais la franchise étant de mise, je vous invite à revoir objectivement à titre d’information, sur les cartes et dans les documents d’archives, les «dons» hérités de la France coloniale qui s’était goinfrée notamment de terres marocaines (depuis le flou maintenu durant le Traité de Lalla Maghnia de 1845 succédant à la Bataille d’Isly jusqu’à l’occupation effective de Tindouf en 1934), reliées aux territoires du Sud en tant que subdivision de l'Algérie française qu’elle n’envisageait jamais, un jour, indépendante.
Pas pour rien que certains s’accrochent mordicus à ces frontières coloniales, symboles même de l’expansionnisme, de l’injustice et de l’arbitraire (la colonisation aurait ça de bon à prendre au milieu des ressentiments, n’est-ce pas?!).
Et ce n’est rien d’autre qu’une velléité d’expansionnisme qui pousse le pouvoir algérien dans une quête désespérée vers un couloir accédant à la côte atlantique en contrôlant une mini république fantoche aux ordres.
Tout le reste n’est que propagande.
J’aurais pu réserver une chronique, qui ne dirait jamais assez en un si petit espace, les différents liens qui relient nos peuples et les mouvements naturels des populations depuis la plus lointaine histoire en passant par les atrocités commises par l’armée française durant la campagne de Bugeaud en 1836 et le refuge trouvé progressivement au Maroc par les familles algériennes où leurs marques sont éclatantes dans la toponymie que ce soit dans l’oriental, dans le Gharb ou dans le Haouz de Marrakech.
Des pages entières pourraient également être consacrées au soutien marocain à la résistance depuis l’époque de l’Emir Abdelkader jusqu’au combat moderne pour la libération de l’Algérie et la reconnaissance, dès sa création, du Gouvernement provisoire de la République algérienne dont l’annonce a été faite le 19 septembre 1958, simultanément à Rabat, au Caire et à Tunis. Sur le terrain des opérations, la région frontalière marocaine poursuivait pendant ce temps-là son rôle de fief politique et militaire de la résistance, formant une base arrière pour un grand nombre de militants indépendantistes algériens et africains de manière générale.
Autant de faits, facilement vérifiables, travestis par les faussaires de l’histoire.
A ce stade, nous ne rendrions pas service à l’amitié que de brosser sans discontinuer les points de jonction tout en omettant les flétrissures au risque de les muer en graves fractures.
Il y a toujours une chance de se parler à saisir.
Chaque jour, j’espérais que des voix émanant d'Algérie ou d'intellectuels de la diaspora tentent de calmer ces escalades de violences verbales dont le paroxysme a été atteint sur une chaîne télévisée où un ancien militaire a incité ouvertement à des actes terroristes au Maroc.
Se taire, c’est cautionner. Souffler sur les braises, c’est risquer de provoquer dans l’avenir d’autres foyers d'incendie, qui mettraient l’ensemble de la région à feu et à sang.
A défaut de construire une union maghrébine ou même d’ouvrir la porte à son voisin, que chacun s’attelle à développer paisiblement sa maison.
Aucune fondation viable ne peut se construire autour de la haine.
SOURCE WEB PAR LE360
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