La diplomatie chinoise encourage les entreprises de son pays à "combler le vide" en Russie

Lors d'une rencontre à Moscou, l'ambassadeur de Chine a prié des hommes d'affaires chinois de "combler le vide" laissé par les Occidentaux. Mais pèse toutefois le risque de sanctions.
Les entreprises chinoises vont-elle rafler les parts de marché laissées par les entreprises occidentales en Russie? Si les Etats-Unis et leurs alliés entendent intensifier leurs mesures économiques punitives contre la Russie, sans chercher en quoi que ce soit à épargner les Chinois qui ne s'y conformeraient pas, cela n'empêche pas l'ambassadeur de Chine à Moscou de considérer qu'il n’y a pas de temps à perdre pour remplacer ceux qui sont en train de partir.
Des chances commerciales à saisir
Zhang Hanhui a rencontré à ce sujet, dimanche dernier, une douzaine de ses compatriotes, des chefs d’entreprise chinois implantés en Russie, réunion dont des éléments ont été mis en ligne avec des photograhies.
Le diplomate s’est gardé de mentionner les batteries de sanctions extérieures qui frappent le pays. D’après le compte-rendu, il s’est contenté d’évoquer une "situation internationale complexe", à laquelle les entrepreneurs chinois doivent s’adapter. Il a jugé que la meilleure fenêtre d’opportunités serait pour les petites et moyennes entreprises privées, parce que les grandes sont, pour leur part, "confrontées à des défis majeurs, avec des perturbations, dans les chaînes de paiement et d’approvisionnement".
De nombreux exemples de chances commerciales à saisir ont, semble-t-il, été cités par l’ambassadeur, sans que les détails soient dévoilés. On peut toutefois lire, aussi, que les hommes d’affaires en question lui ont signalé de "nombreux problèmes", en matière de visas et "d’inspections policières". L'engagement a été pris que le ministère russe de l’Intérieur en sera saisi.
Ce "vide" industriel et commercial à combler, créé par les Américains et leurs alliés, Pékin préfère, quand même, vis-à-vis de Moscou, ne pas le présenter comme un gain rapide à engranger. Interrogé sur cette rencontre, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a dès lors parlé d’une "coopération normale" avec la Russie, sur un fondement "d’égalité et d’avantages réciproques". Comprendre, surtout pas d’ostentation dans notre démarche... Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, lui, dit penser que ce "partenariat va s’accroître" dans cet environnement où les Occidentaux se retirent.
Peu de candidats pour le moment
Tenter sa chance, beaucoup y songent, les témoignages n’ont rien d’isolés. Que des petites ou moyennes entreprises chinoises, plutôt que des grandes, se risquent à reprendre les positions abandonnées, l'économiste en cheffe Asie de la banque française Natixis, basée à Hong Kong, y croit peu. Dans le raisonnement d'Alicia Garcia-Herrero, ces PME privées vont y réfléchir à deux fois avant d’aller défier ces sanctions, de crainte d'en être handicapées dans d’autres marchés, à moins que les plus grands groupes d’Etat chinois leur ouvrent la voie, en leur servant de bouclier ou de paravent.
Pour le moment, le vide n’est pas forcément comblé à la hauteur des espérances de la Russie. Le directeur de l’Institut d’Asie et d'Afrique de l’Université de Moscou, Alexeï Maslov, souligne, dans le Kommersant, que "la Chine a son propre ensemble de priorités lié à la construction d'un nouveau modèle de son positionnement mondial, où la Russie y occupe une place importante, mais, à en juger par toutes les apparences, pas centrale".
Il est, par ailleurs, relevé que des marques chinoises de grande consommation, elles aussi, réduisent la voilure, voire se retirent plus ou moins en catimini. Dans une enquête pour un forum industriel de Shanghai menée auprès de 322 exportateurs chinois, citée par le Financial Times, pratiquement deux sur cinq estiment que la guerre en Ukraine a "gravement" porté atteinte à leurs activités en Russie.
Une illustration retentissante, c’est le cas Lenovo. Une source biélorusse a affirmé que le fabricant chinois de PC avait soudainement suspendu ses expéditions vers la Russie. Il s’en est suivi une vague de protestations sur les réseaux sociaux en Chine, l'entreprise étant accusé de "défaut de patriotisme". Lenovo a préféré ne pas réagir, au moins dans un premier temps, parce qu’ensuite, comme l’explique une juriste américaine qui travaille sur le dossier, Lenovo dans les PC ou bien Huawei dans les smartphones paraissent plus que jamais en position de capter les parts de marchés de Dell ou d’Apple.
Le 24/03/2022
Source web par : bfmtv
Les tags en relation
Les articles en relation

Joe Biden cherche à relancer les pourparlers sur le Sahara marocain : Une initiative stratégique d
Le président américain Joe Biden a récemment exprimé son intention de résoudre la longue crise du Sahara marocain, qui perdure depuis près de cinquante an...

ONU : la prévision de croissance revue à la baisse en Afrique du Nord de 3,1% à 2,2%
L’ONU redoute un impact négatif accentué de la guerre en Ukraine et du resserrement monétaire sur la croissance économique mondiale. Un rapport de la Conf...

#France_Europe_Maroc : « En finir avec les schémas traditionnels »
ANALYSE. Quel statut pour le Maroc vis-à-vis de la France et de l’Europe ? Par cette question, l’Institut EGA interroge la realpolitik appliquée à l’...

Rétrospective 2023 : une année qui manque de couleurs pour la société
Il y a un an encore, le peuple marocain était en extase : le parcours exceptionnel des Lions de l’Atlas lors du Mondial 2022 nous avait tous fait vibrer, au ...

Réchauffement climatique : record historique de la consommation mondiale de charbon en 2023
La planète qui n’a jamais eu aussi chaud qu’en 2023, n’a jamais consommé autant de charbon: la demande mondiale a atteint 8,53 milliards de tonnes cette...
![Phosphate : enjeux mondiaux de la sécurité alimentaire et impacts de la guerre en Ukraine [Par Charaf Louhmadi]](/images/actualite/Phosphates.webp)
Phosphate : enjeux mondiaux de la sécurité alimentaire et impacts de la guerre en Ukraine [Par Cha
Face à une démographie mondiale galopante, on estime à 10 milliards le nombre d’individu à l’horizon 2050, une production durable des engrais est de ce ...

Conseil de Bank Al-Maghrib: la croissance 2022 revue à la baisse à seulement 0,7%, le taux directe
A l’issue de sa réunion de ce mardi 22 mars 2022, le conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur à 1,5%. Croissance, finances publi...

#États_Unis_Afrique: #USA annoncent un financement de 55 milliards de dollars sur trois ans pour l'
Les États-Unis vont consacrer "55 milliards de dollars à l'Afrique dans un grand nombre de secteurs", a fait savoir, lundi, la Maison Blanche, avant que J...

#Maroc_Europe_Tomates : Le Maroc peut être une solution à la crise de l'énergie en Europe
Le Maroc, qui a une production de tomates stable, est bien placé pour offrir une solution à l’Europe. La crise énergétique provoquée par la guerre en ...

Céréales : le Maroc se fournit en Amérique du Sud
À fin février dernier, le Maroc a importé 41 % de ses besoins nationaux en céréales du Brésil et de l’Argentine, ceci, dans un contexte très tendu des ...

Cinq entreprises chinoises s’apprêtent à poser pied au Maroc
Dongfeng Yangtse, Haite Groupe, Hareon Solar, Linuo Paradigma sont quatre groupes industriels chinois ayant signé des accords avec des partenaires marocains la...

RAM : UN DAVID CONTRE « DES GOLIATHS » DANS LE CIEL AFRICAIN
Face à une rude concurrence, la compagnie nationale résiste et appelle à la mutualisation des efforts pour damer le pion aux concurrents Transport. Royal ...