Imad Barrakad : « Le Maroc, un tourisme à réinventer ! »
TRIBUNE. Pour impulser un nouveau souffle avec des emplois stables qui retiennent les jeunes au pays, il convient de se reconvertir et de réinvestir.
Comment se remettre d'une pandémie comme le Covid-19 qui a tout dévasté sur son passage et notamment le secteur touristique ? Au-delà de la ferme volonté de transformer la crise en opportunité, il faut un ensemble d'initiatives bâties autour de ses lignes de force. Pour le Maroc, la stratégie, déjà mise en œuvre en partie, doit placer l'investissement en son cœur, ce qui devrait aider à sanctuariser des emplois et impacter positivement les flux de migration entre le sud de la Méditerranée et l'Europe.
Initier un chemin d'innovations touristiques
Sous la conduite éclairée de Sa Majesté le roi Mohammed VI, le tourisme est devenu au cours des vingt dernières années l'un des principaux atouts du Maroc dans le monde. Il est, à ce titre, une composante majeure de l'économie du pays, générant en moyenne 11 points de PIB (7 % à travers les non-résidents et 4 % à travers le tourisme national). Première destination en Afrique et dans le top 30 des destinations mondiales, le royaume chérifien doit désormais se mettre en ordre de marche pour réinventer son tourisme dans le nouvel environnement mondial post-Covid, ce qui ne doit pas le conduire à renoncer à sa doctrine de « précaution maximum » contre la pandémie.
Surtout connu pour Marrakech, son Sahara, ses côtes sur la Méditerranée et sur l'Atlantique, le Maroc est désormais lancé sur une logique de diversification de son offre touristique. Celle-ci combine la mise à niveau du parc actuel et la création d'écosystèmes touristiques (Nature et Famille) adaptés aux nouveaux clients que sont les milléniaux, entre autres. L'objectif est de ressortir plus fort de la crise du Covid et de monter en puissance à l'heure où la clientèle européenne veut raccourcir les distances avec ses lieux de vacances.
Un plan de relance pour renforcer la résilience
D'ailleurs, dès les premières manifestations de la pandémie, un plan de relance de l'investissement touristique a été mis en place par les pouvoirs publics. Objectif : préserver l'outil de production ainsi que l'emploi, encourager l'innovation, favoriser l'investissement et le recours à l'entrepreneuriat comme solution pour les composantes les plus vulnérables de la société, et ce, conformément aux orientations du Nouveau Modèle de développement marocain.
Ce plan de relance a prévu plusieurs initiatives pour mieux attirer les investisseurs (mécanismes de subvention, visibilité, etc.), pour mieux dynamiser l'investissement touristique et booster l'attractivité des destinations. Il a également prévu de s'appuyer sur le Fonds Mohammed VI pour l'investissement, bientôt opérationnel, pour permettre la mise en place d'une politique plus agressive de promotion des investissements. Objectif : le développement de l'emploi des jeunes et de l'entrepreneuriat, l'augmentation du nombre d'acteurs privés nationaux, la captation accrue d'opérateurs étrangers et la correction de l'image de l'investissement touristique.
Au cœur de cette stratégie, il y a l'ambition de devenir une des premières destinations d'investissement touristique africaine et méditerranéenne, et ce, à moins de trois heures des principales capitales européennes. Il y a également l'ambition de récupérer des parts de marchés d'investisseurs offrant aux touristes des produits différenciés. À travers ce programme de relance, l'État a assumé ses responsabilités aux côtés des opérateurs privés, lesquels ont fait preuve d'une résilience remarquable malgré les lourdes contraintes imposées par la pandémie.
Reconvertir le produit touristique marocain
Dans cette dynamique, les villes impériales ont un rôle éminent à jouer. Elles sont la vitrine culturelle du royaume chérifien et constituent des relais incontournables dans les circuits touristiques. Faut-il le rappeler ? Le pays ne compte pas moins de huit sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Ainsi de la médina de Tétouan, de la cité de Meknès, de Volubilis, de la médina de Fès, de Mazagan, de la médina d'Essaouira, de celle de Marrakech et du qsar Aït Ben Haddou, dans la région de Ouarzazate. À cette liste, il faut ajouter le classement au patrimoine mondial oral de l'humanité de l'emblématique place Jemâa El Fna de Marrakech.
Plusieurs éléments incitatifs visent ainsi à mettre en valeur ce patrimoine reconnu mondialement. Ainsi du programme de valorisation touristique de neuf médinas des principales destinations culturelles lancé par Sa Majesté le roi. Situées à Fès, Meknès, Rabat, Salé, Tanger, Tétouan, Marrakech, Essaouira et Casablanca, elles ont bénéficié de plus d'un milliard de dollars de la part de l'État et des collectivités territoriales avec une contribution technique et financière substantielle de la Société marocaine de l'ingénierie touristique (Smit). L'objectif en a été d'agir sur la lisibilité de l'offre et le cheminement des visiteurs. Il faut dire que, berceau du tourisme marocain, les médinas du Maroc disposent d'un grand potentiel d'attraction.
Pour densifier davantage l'offre touristique, un programme d'amélioration de la compétitivité des petites et moyennes entreprises touristiques a été lancé en partenariat avec certaines régions. L'approche a également pris en compte l'aménagement du territoire puisque 60 % de l'enveloppe mobilisée, en partenariat avec la région, sera dédiée aux centres urbains, et 40 % aux villages et à l'arrière-pays en milieu rural. C'est l'occasion de rappeler que le milieu rural marocain est parsemé de somptueux petits villages adossés à un patrimoine culturel et architectural très riche et diversifié. Ils séduisent de plus en plus de touristes internationaux attirés par une ambiance et un savoir-faire typique et local.
Au nord et au sud, de nouveaux investissements…
Autre point à noter : en quelques années, le nord du Maroc est devenu un lieu de rendez-vous incontournable. Les villages touristiques de Tamouda Bay connaissent depuis vingt ans une frénésie immobilière et hôtelière sans précédent. Quant à Tanger, elle est de plus en plus prisée par la jet-set mondiale ainsi que par les investisseurs du Koweït, des Émirats arabes unis, du Qatar ou de l'Arabie Saoudite, lesquels ont décidé d'investir massivement dans cette région. C'est ainsi que le groupe qatari Diar a lancé la construction d'un site touristique à Tanger pour un montant de plus de 300 millions de dollars.
Comme le nord, le sud du royaume est désormais une destination en forte croissance. En quelques années, un saut qualitatif et quantitatif très appréciable a été fait. À Dakhla par exemple, des projets sortent de terre à un rythme effréné. Ainsi d'un golf du désert mais aussi de bungalows sur pilotis, de restaurants autour de concepts innovants, etc.
… et des infrastructures au standard international
Pour compléter ce mouvement, sous le leadership de Sa Majesté le roi, l'État et les collectivités territoriales ont massivement investi ces dernières années pour la mise en place d'infrastructures de haut niveau. Les illustrations les plus emblématiques en sont les dix-neuf aéroports internationaux que compte le royaume, le maillage autoroutier de près de 2 000 kilomètres, le premier train à grande vitesse d'Afrique entre Tanger et Rabat, enfin un transport urbain rénové.
Ce sont là autant d'éléments qui illustrent la forte volonté du Maroc à se positionner parmi les meilleures destinations touristiques mondiales. Ce dessein est de grande importance pour la région en ce que la croissance du secteur vital du tourisme ne peut manquer de créer des centaines de milliers d'emplois supplémentaires, notamment pour la jeunesse. Une donnée qui ne peut que contribuer à la prospérité de ce pays pivot au sud de la Méditerranée.
Ainsi, après avoir enclenché sa reconversion et s'être armé pour réinvestir, le tourisme marocain devrait résolument se mettre en orbite pour un redémarrage effectif qu'attendent avec impatience les nombreux professionnels du secteur.
Le 26/01/2022
Source web par : le point
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