#MAROC_JEUNESSE_EDUCATION_SEXUELLE: Etude : Comment les jeunes marocains perçoivent-ils l’éducation sexuelle ?
Le débat sur l’éducation sexuelle est sans cesse remis sur la table. S’il est vrai qu’à chaque fois des arguments sont avancés, des idées écartées ou même dénoncées, il n’en reste pas moins que la question conserve toute son importance, une importance remise d’actualité à chaque fois qu’une affaire éclate, ça ou là, en relation avec le sujet.
L’affaire du petit Adnane, violé et assassiné en septembre dernier à Tanger, et dont le bourreau a été condamné à la peine capitale, a offert une opportunité supplémentaire pour revenir sur la question et expliquer son bien-fondé.
Rachid Benharrousse, chercheur au Centre d’études culturelles marocaines de l’Université de Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, a publié récemment une étude consacrée à la perception de la jeunesse marocaine de plusieurs concepts, dont l’éducation sexuelle, affirmant que cette catégorie de la population est « beaucoup plus consciente de la pertinence de la chose que les dirigeants ».
Intitulée «Towards Sexual Education: Moroccan Youth’s Perception Between Globality and Islam», et publiée dans Journal of Contemporary Studies of the Global South, l’étude souligne, particulièrement, l’importance de combler le fossé entre la jeunesse marocaine et les décideurs en matière d’éducation sexuelle.
Plus clairement, Rachid Benharrousse estime que «l’État-nation impose certaines formes et pratiques culturelles archaïques à la population jeune actuelle, et ceci est le résultat du manque de communication adéquate entre l’Etat et la jeunesse marocaine ».
Relevant que «le Maroc continue de faire pression pour enseigner des programmes sexuels exclusivement sur l’abstinence depuis 2005», l’auteur fait observer que la recherche, présentée en deux parties, «tente de combler le fossé de la communication en articulant les perceptions de la jeunesse marocaine et leur relation avec la mondialisation et la religion».
Dans un premier temps, le chercheur soutient que « la mondialisation façonne l’éducation sexuelle, en ce sens que la perception positive de l’éducation sexuelle est due à la globalité puisque le jeune s’identifie à la culture occidentale dont il est témoin sur les médias et sur Internet, et cela conduit à une envie de vivre des relations sexuelles en dehors du mariage».
Dans le contexte marocain, ajoute la recherche, on pense encore que «l’abstinence sexuelle est le seul choix médicalement sûr et moralement responsable pour les adolescents non mariés», l’objectif étant de «garder une personne asexuée jusqu’au mariage car c’est le seul comportement sexuel responsable et acceptable».
Le rôle de l’école
La globalisation et les nouveaux médias ont fait que les jeunes, qui ne perçoivent aucune éducation sexuelle à l’école, ont cherché (et trouvé) d’autres alternatives.
«La jeunesse marocaine est donc déjà engagée dans une sorte d’éducation sexuelle néfaste» et une «représentation des relations dans les films sexuels imparfaite», souligne l’auteur, faisant observer que par conséquent, les perceptions des jeunes marocains sur la sexualité sont ainsi façonnées à travers à la fois les discours d’immoralité au sein de la culture marocaine et les formes culturelles introduites par les médias et Internet.
D’où l’importance du rôle que peuvent jouer les écoles qui, dit-il, ont la responsabilité d’enseigner la sexualité, alors même que «ni les jeunes ni les éducateurs ne sont à l’aise pour discuter des problèmes sexuels».
«La sexualité des adolescents est donc enchevêtrée dans l’ambiguïté et l’indécidabilité», et ce qui fait, est-il démontré, que «l’abstinence sexuelle» seule ait échoué.
Dans un second temps, la recherche a intégré une enquête auprès de 72 jeunes marocains âgés de plus de 18 ans. Il en ressort que «la grande majorité semble comprendre ce que signifie l’éducation sexuelle et comment elle affecterait leur vie.
Ainsi, 86,5% des jeunes interrogés ont indiqué qu’avoir un cours d’éducation sexuelle leur serait bénéfique, contre 9% ayant estimé que l’éducation sexuelle est un «parasite culturel susceptible de détruire la culture locale marocaine».
La religion n’est pas la base du problème
Les jeunes questionnés devaient également se prononcer sur les liens entre l’éducation sexuelle et la religion.
Selon les résultats de l’enquête, 55% des répondants affirment que la religion n’est pas contre l’éducation sexuelle.
Ainsi, plus de la moitié ont estimé qu’«il n’y a pas de honte dans la religion». Fait intéressant pour l’auteur qui rappelle que «même l’islam ne criminalise pas cette éducation», preuve en est, avance-t-il, qu’historiquement, les gens ont interrogé le Prophète sur leurs différentes affaires, y compris les relations sexuelles et les interrelations.
«Grâce à l’enquête, l’Islam n’est pas la base du problème mais plutôt les interprétations politiques faites, puisque la majorité des participants sont en faveur de l’inclusion de l’éducation sexuelle (…) », relève Rachid Benharrousse, qui déplore les dirigeants et jeunes « semblent avoir des compréhensions et des points de vue opposés».
Le 15 janvier 2021
Source web Par : hespress
Les tags en relation
Les articles en relation
Maroc : quand Mehdi Bensaïd veut s’inspirer de Jack Lang
À Paris et Naples, le jeune ministre de la Culture marocain a joué les VRP du royaume, rencontrant de nombreuses personnalités françaises et italiennes. ...
Mission accomplie pour Mohamed Boussaid !
Le Projet de Loi de Finances 2018 a été adopté hier par la Chambre des Représentants, en deuxième lecture, par 171 voix pour, 63 contre et 15 abstentions. ...
#MAROC_RACHID_BENHARROUSSE_EDUCATION: "Il faut intégrer l’éducation sexuelle dans les programmes
Chercheur au Centre d’études Homme et Espace dans le Monde Méditerranéen de l’Université Mohammed V de Rabat Rachid Benharrousse, chercheur au Centre...
Clôture à Marrakech d'une conférence sur les débuts de la dynastie alaouite au Maroc
Une conférence placée sous le thème "Les débuts de la dynastie alaouite au Maroc : histoire, patrimoine et développement" a clôturé ses travaux, dimanche...
KHARBOUCHA : HISTOIRE D’UNE CHANTEUSE ET POÉTESSE ENGAGÉE
De son vrai nom, Hadda Al Ghaîtia, Kharboucha, également surnommée Houidda ou Krida (cheveux crépus), se mit en tête de s’attaquer à l’un des hommes l...
Cinq hôtels de luxe au Maroc parmi les plus attendus au monde en 2020
Forbes dresse la liste des 40 ouvertures d'hôtels de luxe les plus attendues au monde en 2020. Le Maroc y figure avec cinq grands hôtels, situés à Tange...
Bientôt, une encyclopédie de la culture marocaine
Une "Encyclopédie de la culture marocaine" est en cours d'élaboration et sera publiée en début de l'année prochaine, annonce jeudi le ministère de...
Agadir : Le thé aura son Salon international
35 exposants et 60.000 visiteurs y sont attendus Une première édition riche en saveurs. C’est du moins sur quoi tablent les organisateurs du 1er Salon in...
Discours royal au Parlement: un Conseil consultatif dédié aux jeunes
Dans son discours du vendredi 13 octobre devant les deux chambres du Parlement, le roi Mohammed VI a annoncé la création d’un Conseil consultatif dédié au...
La “Tbourida” bientôt au patrimoine de l’UNESCO?
Le dossier de candidature pour inscrire la “Tbourida” sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO a été déposé officie...
Maroc : le 27è SIEL ouvre ses portes à Rabat célébrant les littératures africaines
Mettant les littératures africaines à l’honneur, le 27è Salon international de l’Edition et du Livre (SIEL), organisé par le ministère de la Jeunesse, ...
Employabilité des jeunes Marocains: plus de 100.000 bénéficiaires du programme USAID Career Cente
Plus de 100.000 jeunes Marocains, étudiants des universités ou stagiaires de la formation professionnelle, ont bénéficié des services des Career Centers et...