Histoire: Les évadés d’Essaouira
Le réalisateur Mouzi crée des vidéos éclectiques, hommage à sa ville natale
Une passion nourrie par l’histoire très riche de la cité des Alizés
Une relation qui se poursuit au-delà des frontières
Les photos des 6 défunts enterrés dans le cimetière d’Essaouira, font partie des 21 résistants face à la colonisation française, évadés de la prison de Mogador en 1955 (Affiche AM)
Abdelkoddous Mouzi s’intéresse depuis près d’une dizaine d’années à l’histoire de sa ville de cœur, Essaouira. Il fouille inlassablement dans son passé pour y découvrir de véritables trésors. Et sa dernière trouvaille en date concerne les 6 résistants évadés de la prison de Mogador. «Il y a 6 tombeaux dans le cimetière de la ville et personne ne connaît l’identité de ces défunts que l’on appelle juste «Les Chouhadaa».
A chaque commémoration, le gouverneur, le maire et des personnalités publiques viennent se recueillir sur ces tombes. J’ai décidé de faire des recherches au centre d’Archives de Nantes, dans la période coloniale du Maroc et j’ai retrouvé l’identité et les photos de ces 6 résistants», raconte le réalisateur. Une enquête qui lui a permis de remonter le fil du temps et découvrir que ces inconnus étaient des résistants qui faisaient partie des 21 évadés de la prison de Mogador en 1955. Ils venaient de Tanger, Tétouan, Zagora…
Dans des dossiers de la police française, retrouvés dans les Archives nationales de Nantes, Mouzi retrace des détails qui relatent l’histoire de ces résistants face à la colonisation française, dignes d’un scénario de film. Il décide dès lors de prendre sa caméra pour raconter, en images, cette incroyable histoire, mais il se heurte très vite à des freins financiers. Pour expliquer sa passion pour le cinéma et l’histoire, Abdelkoddous affirme que son vif intérêt pour le 7e art remonte à l’adolescence. «Au lycée, avec des amis, nous allions louer des films et nous organisions une sorte de compétition pour élire le gagnant de la semaine. Il s’agissait de choisir celui qui avait sélectionné les meilleurs films. A la fin du mois, tous ensemble nous avions une sorte de box-office entre amis», se remémore-t-il.
Ce féru d’histoire effectue des recherches sur Essaouira dans les Archives nationales de France et ceux des cinémas Pathé Gaumont. Il y trouve une mine de photos en noir et blanc qu’il va vite compiler pour créer «Essaouira en noir et blanc», un court métrage dont il fera la diffusion sur un écran géant sur la place Moulay El Hassan. Plus tard, il se penche sur la réalisation de son premier documentaire de 40 minutes, en 2017, «Sous les vents de Mogador» qui traite du vivre ensemble entre juifs et musulmans. Une idée qui a germé dans son esprit depuis la 13e édition du Festival des Andalousies Atlantiques en 2016 où il fait la rencontre de juifs marocains originaires d’Essaouira, qui s’y sont rendus pour l’occasion.
«Ce qui m’intéressait à travers ces rencontres, c’était de recueillir les récits des juifs marocains qui font partie de l’histoire de la ville. Il n’était pas question d’aborder l’aspect politique, mais plutôt de se focaliser sur l’aspect identitaire», argue-t-il. Suite à cela, il tourne «Dans l’invisible des trésors» qui met en lumière l’histoire ancienne de la ville, un scénario qu’il va imaginer grâce à une promenade qu’il effectue avec l’historienne Mina Lamghari.
Le réalisateur aux idées multiples, travaille actuellement sur la promotion de son dernier film «Les Pinceaux de Mogador», un voyage dans l’univers de l’art souiri. «Il me paraissait important d’expliquer comment Essaouira était devenue la ville des artistes dans les années 70/80 avec des grands noms comme Tayeb Saddiki, Boujamaa Lakhdar, Regragiya Benhila, Mohamed Filali ainsi que des groupes d’intellectuels qui ont donné à la ville un nouveau souffle. La ville avait été désertée suite aux départ des juifs mais également des musulmans et l’art à fait renaître la ville de ses cendres. Cela se poursuit encore aujourd’hui grâce à des événements culturels, comme le Festival Gnaoua d’Essaouira», poursuit-il.
S’il voue une admiration sans faille à l’acteur «Malek Akhmiss», qu’il considère être un grand acteur humaniste, Abdelkoddous Mouzi dévoile que ces sources d’inspirations sont autant internationales avec des réalisateurs comme Lars Von Trier ou Nadine Labaki, que nationales avec Noureddine Lakhmari, Saïd Khallaf et Nabil Ayouch.
Après avoir participé à la 2e et 3e saison de Fort Boyard et à plusieurs concours internationaux, il travaille actuellement sur un scénario qui met en avant la femme souirie. En parallèle, le cinéaste cherche des chaînes de télévision qui accepteraient de diffuser son dernier film pour promouvoir sa ville qui n’est jamais loin.. «Même si je suis à plusieurs milliers de kilomètres, je pense toujours à Mogador», paraphrasant ainsi l’écrivain et intellectuel feu Edmond Amran el Maleh qui disait: «Quand je quitte le Maroc, je me déplace sans me déplacer».
Bio express
Abdelkoddous Mouzi est un réalisateur souiri qui a quitté sa ville natale à l’âge de 25 ans pour poursuivre des études en France. Il y obtient un diplôme en cinéma et en infographie en 2012, depuis il vit toujours à Nantes, mais continue de réaliser des courts et moyens métrages sur sa ville natale dès qu’il en a l’occasion. Il tourne son premier court métrage «Ruptures» en 2013 qui traite des mariages mixtes au Maroc. En 2014, il participe à la première édition de concours international «Ana Maghribi» organisé par l’institut français, il y obtient le 4e prix pour son court métrage «Rendez-vous marocain». Il enchaîne ensuite les concours internationaux (Nikon, Arte) et crée son premier documentaire en 2017 «Sous les vents de Mogador» qui parle de la coexistence et du vivre ensemble entre juifs et musulmans à Essaouira. Celui-ci regroupe plusieurs témoignages, de juifs originaires d’Essaouira, mais également de musulmans qui ont connu la cité des Alizés dans les années 70.
Le 21/06/2020
Source Web Par L’économiste
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lundi 22 juin 2020
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