Le nerf de la guerre et petit arrangement entre amis
La relance post Covid ne pourra se faire sans (i) cash (beaucoup de cash) et sans (ii) un système bancaire en ordre de bataille. Commentaire et proposition de Younes Maamar.
Or, dans notre économie fébrile qui a fait de la rente sa valeur cardinale, il y a des quantités astronomiques de liquidités hors système bancaire : La thésaurisation comme corollaire d'une économie minée par la perte de confiance. Près de 300 milliards de DH (MMDH) de liquidités hors système bancaire selon les chiffres Bank-Al-Maghrib !!! (Masse Monétaire émise - quantité de la monnaie en circulation).
Sans entrer dans les explications vaines du pourquoi et du comment et pour pouvoir capter cette liquidité qui sera cruciale, voici une idée. Elle est radicale : Changer nos billets de banque et donner une période de six mois pour convertir les anciens billets en nouveaux.
Ce serait plus efficace pour attirer ces fonds cachés dans les coffres et les bas de laine que de le faire par une énième circulaire d'amnistie ou en laissant filer l'inflation car la première a montré ses limites et la seconde éroderait le pouvoir d'achat des petites classes. Mais mon ami le cynique voit déjà les campagnes de vérifications fiscales, les ATD discrétionnaires et les redressements se profiler....
Pour ce qui est de notre système bancaire, et à contre-courant de la doxa bien-pensante, mon humble sentiment est que, dans son mode de fonctionnement actuel, il ne pourra pas être un moteur de relance de l'économie. Il en sera un frein. Il a perdu il y a bien longtemps les réflexes de financement de l'économie et reste dans sa zone de confort de l'économie de rente. Nos banques ne sont-elles pas devenues des usines à titres fonciers ? Les plus grosses richesses marocaines de ces dernières années ne sont-elles pas issues du système bancaire, des assurances et de la promotion immobilière, un autre indicateur d'une économie de rente?
Ni les banques, ni leur régulateur, ni leur tutelle ne semblent être en phase avec la gravité du challenge qui nous attend. Le paroxysme de ce « mindset » est l'annonce faite par le CVE que l'État allait prendre en charge les intérêts moratoires des prêts sujets à report de traites !! Une compensation pour un perte, pardon un report de chiffre d’affaires ! Où est l'effort des banques dans cette guerre d'un nouveau genre ? Ne cherchez pas, il est nulle part.
Au "pire", BAM aurait pu émettre de la liquidité à taux zéro pour pallier cela mais que faire de cette liquidité quand on ne sait la faire travailler que dans l'immobilier aujourd'hui moribond ! CQFD.
Ces montants auraient été mieux utilisés dans le maintien de la paix sociale.
Donc en somme, si l'idée est de relancer notre économie avec le modus operandi actuel de notre écosystème bancaire, le pronostic de réussite est très faible et le risque de déflagration sociale inversement proportionnel.
Le 22/05/2020
Source Web Par Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation
Le Maroc envisage une cryptomonnaie créée et garantie par Bank-Al-Maghrib
La ministre de l’Economie et des Finances du Maroc, Nadia Fettah Alaoui (photo), a déclaré le 10 janvier 2022 que son pays compte encadrer l’usage des mon...
Banques participatives: émission de sukuks d'un milliard de DH le 5 octobre
Bonne nouvelle pour les banques participatives qui sont toujours confrontées au problème de financement. La première émission de sukuks (obligations conform...
Face au Covid-19 Chakib Alj sévèrement recadré par Othman Benjelloun et Mohamed El Kettani
A la lettre du patron des patrons, envoyée le 27 mars, le Groupement professionnels des banques du Maroc vient de lui adresser sa réplique. Dans son courrier ...
Tassement de l’import / export au Maroc, au 1er trimestre
Malgré la réduction du déficit commercial du Maroc, les exportations n’ont crû que de 4,1% à fin mars et les importations de 1,5%, signe d’un tassement...
BMCI s'explique sur la fermeture de dix de ses agences: Digitalisation et fusions
La BMCI a procédé récemment à la fermeture de dix de ses agences bancaires. Une décision que la filiale marocaine de BNP Paribas explique par l'optimis...
Tourisme interne : La région mise sur un tourisme à taille humaine
Une façade maritime de 400km, des dunes de sable à perte de vue, une histoire millénaire autour des ksours, du commerce caravanier et des zaouïas, un patrim...
Braquages d’agences bancaires: Laftit veut imposer le respect strict des normes de sécurité
Vu la recrudescence des actes et tentatives de braquages d’agences bancaires ou de transfert d’argent, le ministère de l’Intérieur tape du poing sur la ...
Tan-Tan: hausse de 70% de la production poulpière en 2018
La production de poulpe au niveau du port de Tan-Tan a augmenté, durant l'année 2018, de plus de 70% en terme de poids et plus de 115% en valeur. Cette...
En vidéo : Tan Tan une province de Guelmim-Oued-Noun
La province de Tan-Tan est une des provinces marocaines de la région de Guelmim-Oued Noun. La région possède deux chaines de montagnes, l’Ouarkziz et Zini ...
Pourquoi le lancement du Paiement Mobile au Maroc devient une urgence
Si le Maroc veut éviter que des puissants opérateurs étrangers s’attaquent au secteur du paiement Mobile, il faut qu’il accélère le rythme. Le lancemen...
Emergence du Maroc : les recommandations du CESE et de BAM
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et Bank Al Maghrib ont formulé dans leur rapport sur le capital humain, présenté hier à la Chambre ...
Le paiement mobile fera son entrée en 2017 au Maroc sous l'impulsion de Bank Al-Maghrib
EXCLUSIF. L’élaboration d’un système de paiement mobile au Maroc est en cours. La solution sera opérationnelle au plus tard fin 2017. C’est Bank Al...