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La spectaculaire chute de la pollution de l'air en Europe vue de l'espace

La spectaculaire chute de la pollution de l'air en Europe vue de l'espace

L'Agence spatiale européenne a diffusé des premières cartes à partir des données satellitaires du réseau Copernicus, qui montre une chute spectaculaire de la pollution au dioxyde d'azote au-dessus des grandes métropoles européennes, notamment à Paris, Rome et Madrid.

L'Agence spatiale européenne (ESA) diffuse ce vendredi 27 mars une première cartographie de la pollution en Europe. (ESA)

Après la Chine , l'Europe. Le confinement quasi généralisé sur le Vieux continent provoque une chute spectaculaire de la pollution atmosphérique. Sur la base des observations du satellite Sentinel 5P de la constellation européenne Copernicus, l'Agence spatiale européenne (ESA) diffuse ce vendredi 27 mars une première cartographie de la pollution en Europe, qui montre une forte réduction des concentrations en dioxyde d'azote (NO 2) sur les grandes capitales de l'Europe du Sud : Paris, Rome, et Madrid. Pour l'Europe du Nord, les conditions météorologiques ont freiné les acquisitions de données, et l'ESA demande encore une dizaine de jours avant d'être en mesure de notifier des cartes fiables.

Les cartes diffusées par l'Agence spatiale européenne montrent une chute très importante des concentrations de dioxyde d'azote en France, mais aussi en Espagne et en Italie du Nord.

Les cartes diffusées par l'Agence spatiale européenne montrent une chute très importante des concentrations de dioxyde d'azote en France, mais aussi en Espagne et en Italie du Nord.KNMI/ESA - CC BY-SA 3.0 IGO

Difficile travail de modélisation

Directrice du programme d'observation de la terre au sein de l'agence, Simonetta Cheli explique que les concentrations de NO 2 observées sur la période du 14 au 25 mars montrent une diminution d'au moins 30 % par rapport à la période équivalente de mars 2019. Mais, pour l'heure, les chercheurs ont encore du travail afin de calculer précisément cette baisse.

« La chimie de notre atmosphère n'est pas linéaire. La chute des pourcentages de concentration peut donc différer quelque peu de la chute des émissions. Pour quantifier les émissions à partir des observations par satellite, il est nécessaire d'utiliser des modélisations de la chimie de l'atmosphère, qui tiennent compte des changements météorologiques quotidiens, et de les combiner à des techniques de modélisation inverse », explique Henk Eskes, de l'Institut royal néerlandais de météorologie (KNMI).

Néanmoins, la chute est spectaculaire. Notamment dans le delta du Po en Italie ou au-dessus de Madrid.

Baisse de la pollution en ItalieKNMI/ESA - CC BY-SA 3.0 IGO

Baisse de la pollution en Espagne.KNMI/ESA - CC BY-SA 3.0 IGO

L'Europe est actuellement la seule à diffuser de telles cartes. Lancé en 2017, le satellite Copernicus P5 est équipé d'un instrument pour observer des gaz à l'état de traces, qui permet de générer des mesures uniques de la concentration en dioxyde d'azote depuis l'espace. L'essentiel du dioxyde d'azote (NO 2) se forme dans l'atmosphère à partir du monoxyde d'azote (NO) dégagé par la combustion de combustibles fossiles, et donc relève essentiellement dans les grandes villes de la circulation routière notamment des véhicules diesel, et des centrales thermiques.

Dépassement des seuils de pollution en France

Ce polluant majeur de l'atmosphère terrestre doit, selon les lignes directrices relatives à la qualité de l'air fixée par l'OMS, ne pas dépasser 40 μg/m3 moyenne annuelle et 200 μg/m3 moyenne horaire. Selon le dernier rapport de l'Agence européenne de l'environnement sur la qualité de l'air publié mi-octobre, le dioxyde d'azote (NO 2) est responsable de 68.000 morts prématurées par an dans l'UE.

La France a d'ailleurs été condamnée par la Cour de Justice européenne en octobre 2019 pour des dépassements persistants des seuils de pollution dans quelque 24 agglomérations, dont les villes de Paris, Lyon, Marseille, Nice ou encore Strasbourg, mais aussi dans la vallée de l'Arve en Haute-Savoie, un itinéraire de transit des poids lourds qui souffre d'embouteillages chroniques.

Au service de la lutte contre la pollution

Simonetta Cheli a profité de la diffusion de ces cartes pour rappeler que le programme Copernicus de l'Union européenne opérait actuellement sept satellites. Ils sont tous des sentinelles importantes de l'état de la planète, notamment pour participer à la lutte contre le changement climatique. La moitié des variables climatiques définies par l'ONU peuvent être tracées par des satellites.

Lors de la dernière conférence interministérielle, les Etats européens ont promis de mettre 1,8 milliard d'euros sur la table au cours des trois ans à venir afin de développer de nouveaux satellites d'observation de la terre. Ces montants doivent toutefois être complétés par l'Union européenne, dont les négociations budgétaires pour 2021-2027 ne sont pas achevées. Pour l'ESA, ce serait une erreur de couper dans ces dépenses.

Le 28 Mars  2020

Source web Par Les Echos

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