Les petites fermes sont le futur de notre alimentation, protégeons-les !
« Si on généralise l’agroécologie sur la planète, en dix ans on double la production alimentaire des nations, en réduisant la pauvreté rurale et en apportant des solutions au changement climatique. »
Face à la disparition de nos paysans et agriculteurs en France, l’association SOL a lancé le projet Biofermes en partenariat avec de nombreuses associations, pour favoriser la création et le maintien de petites fermes françaises.
Les terres agricoles disparaissent en France
Aujourd’hui, les petites fermes produisent 70% de l’alimentation mondiale tout en occupant moins de 1/4 des terres à l’échelle globale. Alors que la France est un pays à forte tradition agricole, nous avons perdu la majeure partie de nos agriculteurs : plus que 2 % d’agriculteurs par rapport à une moyenne de 40% dans les années 1950.
Dans les faits, 1 exploitation agricole disparaît tous les quart-d’heures en France, soit : 384 emplois, directs et indirects en moins, chaque jour… A terme, nous allons perdre 45 % de nos paysans d’ici 2020. Cette situation paraît invraisemblable alors que nous vivons une époque de profonde crise démographique et climatique, où nous avons le plus de besoin de nourriture et de prendre soin de l’environnement.
Le modèle agricole intensif nous conduit à l’échec : destruction des sols, perte de la biodiversité, dégradation de l’eau, nourriture contaminée par les pesticides, revenus précaires de nos agriculteurs. Ces derniers font ainsi face aux mêmes problématiques que les paysans des pays en voie de développement : accès au foncier difficile, exode rural, lobby des puissances agroalimentaires, dépendance économique, perte d’autonomie en général, diminution de la biodiversité cultivée en lien avec le contrôle des semences par des multinationales.
Pourtant, notre pays tire sa force de son héritage paysan, et du fait que notre richesse vient de la terre. Même Paris, au XIXème siècle, réussissait à nourrir 2,5 millions d’habitants sur une bande de 15km2 (information recueillie auprès de François Léger, agronome à Agro Paris Tech). Il est donc maintenant urgent et vital de soutenir les petites exploitations agricoles de notre pays.
Crédit Photo : Marc Deli
Le projet Biofermes
L’importance du soutien à l’agriculture familiale n’est pas nouvelle. En 2014, la FAO préconisait déjà de transformer le demi-milliard d’exploitations agricoles familiales mondiales en agents de changement. Pour Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation entre 2008 et 2014,
«Si on généralise l’agroécologie sur la planète, en dix ans on double la production alimentaire des nations, en réduisant la pauvreté rurale et en apportant des solutions au changement climatique.»
Face à ce constat, SOL, Intelligence Verte et le Mouvement Graine de Vie ont lancé en France le projet Biofermes avec la Ferme de Sainte Marthe en Mars 2016. SOL est une association de solidarité internationale existant depuis 1980. Elle a pour objectif de défendre l’agriculture paysanne dans le monde entier. Le projet Biofermes France est ainsi destiné à former de nouveaux paysans, pour la plupart non-issus du milieu agricole, aux techniques d’agroécologie et de préservation des semences.
L’agroécologie est une agriculture respectueuse de la nature et des humains. Il s’agit de concilier production et minimisation de l’impact sur l’environnement tout en donnant aux paysans une plus grande autonomie à travers la préservation du patrimoine semencier et la régénération des écosystèmes.
« L’agroécologie est intense en main-d’œuvre et en connaissances : elle suppose des transferts de savoirs, repose sur les échanges entre les paysan(ne)s, les érige en experts. Au lieu d’être issues des laboratoires, les bonnes pratiques agricoles sont issues des champs que l’on cultive. »
Le projet Biofermes France permet donc de répondre au déclin des petites et moyennes fermes, protéger notre environnement et d’apporter un nouveau souffle à certains territoires. Il s’inscrit dans le programme Biofermes Internationales (Inde – France – Sénégal) travaillant sur l’innovation dans les pratiques agroécologique et les échanges de savoir-faire à travers trois piliers : l’Agroécologie, les Semences, l’Autonomie. Les premières réalisations ont commencé dès 2016 en Inde et en France, et commenceront en 2018 au Sénégal.
L’installation d’une personne sur une petite ferme est un parcours assez long, qui nécessite plusieurs formations en adéquation à chaque projet et statut. A l’image d’une création d’entreprise, il faut en moyenne trois à cinq ans pour s’assurer qu’un projet d’installation agricole soit pérenne. Sur les 300 personnes formées, SOL et ses partenaires accompagneront donc ceux décidés à s’installer grâce à deux mois de compagnonnage dans un réseau de fermes formatrices, et des formations complémentaires sur la semence pour s’assurer de la préservation de notre biodiversité et de notre patrimoine alimentaire.
En lien avec les acteurs de l’installation en agriculture paysanne comme le réseau InPACT et la FADEAR, Biofermes facilitera aussi un accompagnement pratique des formés pour les installer sur des terres, faire le lien avec les différents acteurs, et éviter l’isolement dont souffrent de nombreux agriculteurs.
Des difficultés pour trouver des financements en France
Le projet Biofermes France vient répondre à une vraie demande de formation en agriculture biologique. En effet, les installations portées par des personnes non-issues du milieu agricole le sont à travers une recherche de sens et un rejet des formations classiques pour privilégier les formations en agroécologie. Les structures du milieu alternatif se retrouvent débordées de demandes, alors que les aides publiques et européennes ne sont pas adaptées. A cause d’un manque de visibilité et de reconnaissance, il est difficile de trouver des financements pour les projets français.
Pour faire face au problème, un projet de financement participatif a été lancé l’année dernière et a récolté plus de 70 000 €
1/3 des dons servira à la formation de futur(e)s paysan(ne)s à l’agroécologie et la conservation des semences paysannes dans le réseau de petites fermes formatrices. 1/3 servira à développer ce réseau de fermes, ainsi qu’à créer et distribuer 4000 kits pédagogiques d’action et de sensibilisation. Et le dernier 1/3 servira à consolider le conservatoire pédagogique de variétés anciennes, notamment grâce à la rémunération d’un jeune ingénieur, spécialiste des semences et de la pollinisation, support des formations et de la transmission de ces savoirs faire au grand public.
Le 26 décembre 2018
Source web Par la releve et la peste
Les tags en relation
Les articles en relation
Planter des arbres pour sauver la planète : mythe ou réalité ?
Cette semaine, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) va publier un nouveau rapport sur le changement climatique et l...
Zagora : crise hydrique et impact des cultures intensives sur les oasis
La province de Zagora est au cœur d’une crise hydrique sans précédent, exacerbée par des pratiques agricoles inadaptées, notamment la culture intensive d...
Le FMI demande aux Etats de se préparer au pire
La récession n’est pas à l’ordre du jour, mais le ralentissement de l’économie mondiale est plus vif qu’anticipé. Le Fonds monétaire international ...
Fin du pétrole : l'OPEP tente de torpiller la COP28
A quatre jours de la fin des négociations de la COP28, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a demandé dans ...
G20 : Priorités axées sur la fiscalité, les inégalités et la transition écologique
Les ministres des Finances et les présidents des banques centrales du Groupe des 20 (G20) se pencheront sur les questions d'inégalités, de fiscalité int...
L'économie mondiale menacée de lente asphyxie, malgré certains espoirs
Une lente asphyxie de la croissance mondiale, sous l'effet de la numérisation et du changement climatique, au risque d'attiser les colères sociales: v...
Climat : Le FMI va accorder au Maroc un prêt de 1,3 MM de dollars (Kristalina Georgieva)
La Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a annoncé, lundi, que le FMI va accorder au Maroc un prêt de 1,3 milli...
Le Sénat approuve l’ambitieux plan de Biden pour plus de 1.200 milliards d’investissements
Le Sénat américain a largement approuvé mardi le plan colossal d’investissements dans les infrastructures voulu par Joe Biden, d’un montant de 1.200 mill...
Café et changement climatique : la redécouverte d’une espèce sauvage prometteuse
Le monde raffole du café. Plus précisément, il raffole du café arabica. De l’odeur de ses grains fraîchement moulus à la dernière gorgée, c’est tout...
COP28 : S.A.R. la Princesse Lalla Hasnaa visite le pavillon "The UAE House of Sustainability" et le
Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa, Présidente de la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l'Environnement, a visité, mercredi, le pavillo...
Conseil des droits de l'Homme : la Ligue arabe soutient la candidature du Maroc pour 2024
Le Conseil de la Ligue des États arabes au niveau des ministres des Affaires étrangères a exprimé, mercredi au Caire, son soutien à la candidature du Royau...
COP28 : Le Maroc, pionnier régional de la transition énergétique
La 28e conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP) débute ce jeudi 30 novembre à Dubaï marquant une occasion dans la quête mondiale pou...