On joue tellement gros dans les 18 prochains mois" : le dérèglement climatique proche du point de non retour
Selon plusieurs scientifiques, les prochains mois s'annoncent déterminants dans la diplomatie climatique afin de convaincre les Etats à s'engager réellement dans la lutte contre le changement climatique.
La plage de Beresford, dans la province du Nouveau-Brunswick au Canada, lors de la fonte des glaces au printemps, le 9 avril 2019.
Il y a urgence. La succession de vagues de chaleur caniculaire et d'inondations qui frappent l'Europe et d'autres continents cet été ne sont sans doute qu'une préfiguration de ce que sera le monde de demain si les hommes persistent à ne pas relever le défi du changement climatique, alertent les scientifiques.
Ces évènements dramatiques agissent comme une piqûre de rappel alors que les négociations sur les moyens de mettre en œuvre les engagements pris en 2015 par les Etats signataires de l'Accord de Paris sur le climat entrent dans une phase décisive. "On joue tellement gros dans les 18 prochains mois", estime Sue Reid, vice-présidente de l'ONG américaine Ceres, qui incite les entreprises et les investisseurs à adopter des pratiques durables.
Même les objectifs de la COP21 semblent insuffisants
"Nous entrons dans une période cruciale pour que les responsables politiques comme le secteur privé inversent réellement la courbe des émissions carbone", déclare-t-elle. Alors que les études scientifiques montrent les unes après les autres une accélération bien plus rapide que prévu des conséquences du dérèglement climatique, comme la fonte des glaces et la hausse du niveau des mers, même les objectifs convenus à Paris en 2015, lors de la COP21, semblent insuffisants pour contenir la hausse de la température mondiale à 1,5°C au-dessus du niveau de l'époque pré-industrielle.
En octobre dernier, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a prévenu que les émissions de Co2 devraient commencer à baisser dès l'année prochaine pour qu'il y ait une chance d'atteindre cet objectif. Alors que selon la trajectoire actuelle, la hausse de la température pourrait dépasser 3°C d'ici la fin du siècle, le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, s'efforce de convaincre les Etats de renforcer leurs engagements avant la session de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre. Soulignant qu'il serait "suicidaire" de ne rien faire, le diplomate portugais espère provoquer un sursaut en vue de la prochaine conférence mondiale sur le climat (COP25) en novembre au Chili.
"La belle vie d'avant n'est plus viable"
"Dans les 18 mois qui viennent, la diplomatie climatique va atteindre une intensité d'un niveau sans égal depuis la signature de l'Accord de Paris", souligne Tessa Khan, une avocate spécialisée dans la lutte contre le changement climatique. Mais l'enjeu majeur reste de convertir les engagements des Etats en actes concrets car jusqu'à présent, aucune des grandes économies n'a véritablement entamé sa mutation.
Pour le climatologue américain Michael Mann, cela implique que les gouvernements accordent à la transition énergétique la même priorité que la mobilisation de l'industrie pendant la Seconde Guerre mondiale. L'affaire semble mal engagée avec un président Donald Trump déterminé à désengager les Etats-Unis de l'Accord de Paris, et une Union européenne incapable de s'entendre sur l'objectif de neutralité carbone en 2050.
Face à l'inaction des Etats, certains préfèrent se préparer à l'effondrement du monde actuel. "Soit nous transformons radicalement notre mode de vie collectif en renonçant aux énergies fossiles, soit, et c'est plus probable, le changement climatique précipitera la fin de la civilisation capitaliste mondiale alimentée par les énergies fossiles", écrivait l'auteur américain Roy Scranton dans une tribune publiée en avril dans la MIT Technology Review. "Révolution ou effondrement. Dans les deux cas, la belle vie d'avant n'est plus viable."
Le 28 juillet 2019
Source web Par Le Site Info
Les tags en relation
Les articles en relation
Président COP: "Les pays les moins avancés demandent de clarifier le mécanisme de financement"
Salaheddine Mezouar a tenu sa première conférence de presse en tant que Président de la Conférence des Parties, quelques heures seulement après la passatio...
COP21: quel bilan?
À titre de présidente la Société américaine de droit international, il serait de mise que je déplore l’échec apparent du récent accord de Paris sur le...
Un petit État insulaire en première ligne pour mobiliser la planète en faveur de l’action clima
Organisée sous la présidence des Fidji, la 23e Conférence des parties (COP) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques entr...
Climat: La Turquie ratifie l'Accord de Paris
Suivant l'engagement de son président devant l'Assemblée générale des Nations unies le mois dernier, la Turquie a ratifié l'Accord de Paris sur...
La COP 25 prête-t-elle au scepticisme ?
Le Maroc figure parmi les pays les plus engagés dans la lutte contre les assauts du dérèglement climatique, selon un rapport onusien rendu public à l’occa...
Sécheresse : Fouad Amraoui, professeur hydrologue, tire la sonnette d’alarme
Le monde rural demeure très fragilisé par la sécheresse actuelle que traverse le royaume. Fouad Amraoui, professeur chercheur en hydrologie à la facult...
Souss-Massa-Tata face aux changements climatiques: La rareté de l’eau, le grand défi de la régi
L’étude commandée par le Conseil régional du Souss-Massa-Tata pour l’adoption du Plan territorial de lutte contre le réchauffement climatique (PTRC) fai...
Le réchauffement climatique rend les feux de forêts plus fréquents en Méditerranée
Lundi 24 juillet 2017, un violent incendie avait déjà brûlé plus de 400 hectares dans le massif du Luberon (Vaucluse). Une fréquence de feux de forêt accr...
Un quart des terres plus sèches en cas de hausse des températures de 2°C (étude)
Au moins un quart de la surface de la Terre deviendrait "considérablement" plus sèche même si l'objectif de maintenir le réchauffement en deça de 2°C ...
La Lune et la Terre : Un duo qui prédit des inondations sans précédent
Selon une étude récente menée par la NASA en collaboration avec l’Université de Hawaï, la Terre est à l’aube de connaître des inondations d’une amp...
Lutte contre le changement climatique Les cinq axes d’action du Maroc selon la Banque mondiale
La Banque mondiale rappelle qu'à l’horizon 2030, le pays devrait couvrir 52% de ses besoins en électricité grâce à des sources d’énergie renouvela...
Hakima El Haite à l'ONU : Les océans seront au coeur de la COP22
La ministre déléguée auprès du ministre de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement chargée de l’Environnement, Hakima El Haite, a prom...