Des escrocs au sein des tribunaux : Aujjar fait le ménage !
Le ministre de la Justice, Mohamed Aujjar, s'attaque à un phénomène qui gangrène les Cours et tribunaux marocains : la présence fréquente d'escrocs et individus malintentionnés abusant de la confiance de certains justiciables.
« Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Voilà un adage que le ministre de la Justice Mohamed Aujjar semble appliquer avec sérieux. Face à la présence (ironique) d'individus malintentionnés et escrocs en tout genre, gravitant dans les enceintes des Cours de justice et tribunaux marocains, le ministre oppose de nombreuses mesures pratiques. Et pour cause, de nombreux justiciables, dans des situations de détresse, de fragilité psychologique ou simplement ignorant des rouages administratifs, s'en remettent à ces personnes qui prétendent faciliter les parcours, connaissent les méandres des tribunaux et soutiennent les dossiers, moyennant rétribution. Ces escrocs se présentent sous les statuts de juges, avocats ou greffiers, précisent nos confrères de L’Économiste et abusent ainsi sans mal de la confiance de certains justiciables.
Fréquent, ce phénomène interroge dans un premier lieu sur les contrôles d'identité exercés dans ces institutions de justice. Un point notamment que soulève le ministre en présentant une série de mesures pragmatiques, « dans un premier temps à vocation préventive », afin d'endiguer ce phénomène, annonce la même source.
Surveillance accrue
Le ministre propose ainsi le renforcement de système de surveillance, en fixant des caméras de contrôle dans l’environnement direct du tribunal, les entrées stratégiques etc, pour identifier tout « comportements suspects ». Les ressources humaines seront également revues à la hausse, avec une augmentation des effectifs de sécurité dans les tribunaux, chargés de contrôler les allers-et-venues et mener d'éventuels interrogatoires. « Leur mission consiste également à effectuer des rondes au niveau des différentes parties du tribunal en vue d’identifier des personnes suspectes », précise la même source.
Dans cette même lignée, il sera désormais obligatoire de renseigner et d'enregistrer les pièces d'identité des visiteurs et d'indiquer les motifs de leur venue dans l'enceinte du tribunal. Les visiteurs seront menus d'un badge, au même titre que les fonctionnaires du tribunal, permettant ainsi l'identification de ces derniers.
Des sanctions plus sévères
La présence d'escrocs dans les temples même de la justice est représentative de nombreux dysfonctionnements dans les parcours administratifs. Ces personnes profitent de failles nées de l'absence de communication et renseignements, et dévoient les justiciables égarés face à la machine administrative et judiciaire. Aussi, le ministère de la justice prévoit la création de « bureaux d’accueil pour informer et orienter les justiciables » et une « généralisation de la création des bureaux de façade à l’échelle de plusieurs tribunaux. L’idée est d’offrir le maximum de services pour les citoyens sans qu’ils ne doivent pénétrer dans l’enceinte du tribunal », un dispositif facilité par la digitalisation et l'informatisation de toutes les étapes.
Outre ces mesures pratiques, le ministère de la Justice prévoit également un durcissement sévère des sanctions « pour escroquerie et usurpation d’une profession organisée par la loi ». Ainsi, ajoute la même source « le projet de code pénal, actuellement à l’examen de la Commission de la justice et de la législation de la Chambre des représentants, prévoit pour les délits de premier grade une amende entre 5.000 et 50.000 DH, contre une fourchette située entre 500 et 5.000 DH auparavant ».
Si l'ensemble de ces dispositifs n'ont somme toute rien d'exceptionnellement originales – le B-A-BA? - elles semblent en dire long sur l'état de fonctionnement actuel des enceintes des tribunaux, qui prennent des allures de moulins... On y entre, en sort et escroque manifestement avec une facilité déconcertante sous le regard – dépassé – de la justice.
Publié Le 16/05/2019
Source web Par : les infos
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