Entre les médecins du public et leur ministère, le torchon brûle de plus en plus

Le bras de fer continue entre le ministère de la Santé et le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP). La crise entre les deux parties risque même de s’aggraver davantage avec la menace d’une démission générale des médecins et une éventuelle migration collective. Certaines sources médiatiques ont rapporté que 40 médecins auraient présenté collectivement leur démission dans la région de l’Oriental en signe de protestation contre la dégradation de la situation du secteur de la santé. Il ne s’agit là que de deux mesures sur une liste contenant des dizaines.
En fait, les médecins du SIMSP, qui ont entamé depuis jeudi dernier une semaine de protestation baptisée « La semaine de la colère », prévoient l’organisation d’une grève nationale le 26 octobre courant (après celle observée le 11 octobre) dans l’ensemble des hôpitaux assortie du boycott de l’autopsie médicale et de la santé scolaire. Ne continueront donc à fonctionner durant ce débrayage que les services de réanimation et les urgences.
Il sera également question de boycotter les tâches administratives telles que la rédaction des rapports périodiques, les fiches des usagers, la délivrance des attestations administratives, les réunions administratives, les formations, les caravanes médicales et les évènements non rémunérés.
Une situation de crise qui est appelée à perdurer tant que le département de la Santé n’aura pas donné signe de vie. En fait, les syndicalistes du SIMSP avancent que ce département traite leur dossier avec une certaine indifférence comme en attestent les innombrables réunions initiées depuis mai dernier et qui se suivent et se ressemblent sans déboucher sur quelque chose de concret.
El Mountader Alaoui, secrétaire général national du SIMSP, nous avait déclaré précédemment que cette situation n’incombe pas au seul département de la Santé mais à l’ensemble de l’équipe gouvernementale qui n’assume pas ses responsabilités face à un dossier et à des revendications justes, légitimes et réitérées depuis plus de 20 ans.
En fait, le SIMSP estime que la situation du secteur est plus que désespérée. Pénurie de médecins spécialistes et de personnel paramédical, longue attente de rendez-vous, équipements biomédicaux non-fonctionnels ou mal-entretenus, recettes insuffisantes... Un diagnostic qui rappelle celui qui a été fait en juillet dernier par Driss Jettou, président de la Cour des comptes, devant les deux Chambres du Parlement réunies en session commune.
Selon lui, certains «centres hospitaliers n’assurent pas de prestations de santé dans toutes les spécialités prescrites par les textes réglementaires en vigueur pour chaque catégorie d’hôpital». Le rapport avait également révélé que certains établissements ne disposaient même pas de spécialités ORL, psychiatrique, de réanimation ou de chirurgie pédiatrique.
L’autre problème relevé avait trait aux délais de rendez-vous fort longs, notamment pour ce qui est de la chirurgie générale, du traitement du diabète et des maladies de l’épiderme qui peuvent aller de 4 à 7 mois.
Le rapport avait également pointé du doigt «la programmation des plages horaires des consultations qui, dans la majorité des cas, ne réserve à certaines spécialités qu’une seule plage horaire par semaine «. C’est le cas pour la dermatologie, l’endocrinologie, la gastroentérologie, la gynécologie, l’hématologie, la cardiologie et l’ophtalmologie.
Concernant la gestion des ressources humaines, la Cour des comptes avait noté «une insuffisance du personnel paramédical avec des ratios pouvant atteindre, dans certains cas, un infirmier pour soixante lits». Les départs à la retraite normale ou anticipée et le changement de cadre d’un grand nombre d’infirmiers passés au statut d’administrateur ont été présentés comme étant les principales causes de cette situation.
Un état des lieux qui ne doit pas perdurer, selon le SIMSP, vu son impact sur le médecins et le climat de tension qu’il crée entre ceux-ci et leurs patients sans parler des milliers de démissions et de migrations collectives vers le secteur privé ou vers l’étranger enregistrées dans les établissements de santé publique.
Pour les membres de la SIMSP et d’autres professionnels du secteur, ce dernier ne fait pas l’objet d’une politique claire et bien définie et ne constitue pas une priorité pour l’Etat. Pour eux, le budget consacré à ce secteur qui tourne autour de 5% du PIB alors que l’OMC en recommande entre 10% et 12% en dit long sur l’intérêt qui lui est effectivement accordé. Les ressources humaines mobilisées en disent également long sur cet état de fait puisque le secteur dispose de seulement 57.000 fonctionnaires (médecins, infirmiers, techniciens et administrateurs) pour 35 millions d’habitants alors que la France, par exemple, dispose d’un million de professionnels de la santé pour 67 millions d’habitants.
Le 12 octobre 2018
Source web par: libération
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