Giec : le dernier rapport estime l'impact d’un réchauffement de 1,5 °C
Lundi 8 octobre, les délégués des États de l'ONU, réunis en Corée du Sud depuis une semaine, rendront public le dernier rapport du Giec. Ce document de 400 pages analyse l'impact d'un réchauffement climatique de 1,5 °C ou de 2 °C. Il y a une nette différence entre les deux, dira ce rapport.
Soumis à l'approbation des délégués des États de l'ONU réunis en Corée du Sud, le nouveau rapport du Giec, basé sur 6.000 études scientifiques, met en garde contre des impacts forts d'un réchauffement de 1,5 °C et liste les options, désormais limitées, pour agir si le monde veut rester sous ce seuil (dont 1 °C est déjà acquis du fait des gaz à effet de serre déjà émis).
C'est à la COP21, à Paris fin 2015, que l'ONU avait chargé son Groupe des experts du climat (Giec) de produire un rapport sur l'objectif + 1,5 °C. Les États venaient de s'engager à réduire leurs émissions pour rester « bien en deçà de 2 °C » par rapport à l'ère préindustrielle.
L'ajout de l'engagement à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5 °C », arraché en dernière minute, était d'abord une revendication des États les plus vulnérables, comme les petites îles. Mais la recherche en a depuis précisé les implications et revu le curseur des risques, dans un monde déjà secoué par une recrudescence de vagues de chaleur et de feux de forêts.
« Il y a trois ans, il n'y avait pas beaucoup de littérature scientifique sur un réchauffement à + 1,5 °C », explique Jim Skea, professeur à l'Imperial Collège de Londres et coprésident du Giec. Le rapport de 400 pages décrit aujourd'hui une nette différence d'impacts entre + 1,5 et + 2 °C, et ce partout, qu'il s'agisse d'ampleur des canicules, d'extinction des espèces ou de la productivité agricole. « C'est important car ça clarifie la question : oui, ça fait une grosse différence (1,5 °C ou 2 °C), dit Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris. Je me souviens de discussions avec pas mal de pays avant Paris, on nous disait : pourquoi + 2 °C ? Pourquoi pas 2,5 °C ? »

en 2017. © AFP
Réchauffement climatique : il y a urgence et des solutions
Pour autant, est-il encore faisable de rester à + 1,5 °C, alors que 2017 a vu les émissions de gaz à effet de serre issues de l'énergie repartir à la hausse ? « On ne donne pas de réponse simple, prévient la climatologue Valérie Masson-Delmotte, qui copréside cette session du Giec. Mais on est maintenant à la croisée des chemins. Regarder + 1,5 °C, c'est regarder ce qui va nous arriver, dans notre vie, pas à la génération suivante ».
« Globalement ce rapport dit "il faut que les émissions [atteignent leur pic] très vite", dès 2020, résume Laurence Tubiana. Je crois qu'il faut l'utiliser pour dire "il y a urgence et des solutions».»
Stabiliser à + 1,5 °C exige une neutralité en émissions de CO2 au milieu du siècle, note aussi le projet de texte : ne plus émettre dans l'atmosphère davantage que ce que nous sommes capables d'en retirer.
COP24, la réunion d’Incheon, sera l’une des plus importantes de l’histoire du Giec
Comment vont réagir, à la réunion d'Incheon, les États appelés à approuver par consensus le « résumé à destination des décideurs », rédigé par les experts et qui leur sera présenté ligne par ligne ? Dans deux mois, aux négociations climat de la COP24, en Pologne, les pays doivent entamer un processus de révision de leurs engagements de 2015, insuffisants car ils sont la promesse d'un monde à + 3 °C. La réunion d'Incheon « sera l'une des plus importantes de l'histoire du Giec, a assuré en ouverture son président, Hoesung Lee, le premier octobre. La science nous alerte, elle nous aide aussi à comprendre les solutions ».
En Corée, les États ne sont pas censés toucher le fond du résumé mais il pourra y avoir des échanges serrés sur les formulations, anticipent les habitués. Et il y a l'inconnue américaine. « Les États-Unis pourraient soutenir la science, comme ils l'ont fait dans le passé, ou se mettre à faire de l'obstruction », dit un auteur sous couvert d'anonymat. Selon le département d'État, Trigg Talley, vétéran de la diplomatie climat, a été chargé de conduire la délégation, un point « rassurant » selon des auteurs.
Quid de l'Inde, qui a envoyé beaucoup de commentaires ? De la Chine, préoccupée par la mention d'options très ambitieuses ? De l'Arabie saoudite ?
Cet été, une soixantaine de gouvernements ont émis 3.600 commentaires sur la version préliminaire, selon Valérie Masson-Delmotte : « pour le moment, ça reste constructif ». La réunion doit durer jusqu'à vendredi et le texte final être rendu public lundi 8 octobre.
Le 06.10.2018
Source web par: futura sciences
Les tags en relation
Les articles en relation
Le chef de l'ONU alerte contre un "engrenage" semblable aux années 1930
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde dimanche à Paris contre un "engrenage" géopolitique semblable à celui qui mena à la ...
Signature de trois conventions de financement de 230 millions de dollars entre le Maroc et l'Arabie
Le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid et Ibrahim Ben Abdelaziz Al Assaf, ministre saoudien de l’Economie, à El Moharik, au Bahreïn, ...
Exonérations fiscales: Une baisse en trompe-l’œil
Cure d’amaigrissement pour les dépenses fiscales de 2018. Le rapport qui accompagne le projet de loi de finances pour 2019 est formel: ces dépenses totalise...
Acwa Power: l'installation du géant saoudien à Laâyoune plonge Alger et le Polisario dans le dés
Le consortium international dirigé par la société saoudienne, Acwa Power, a été mandaté pour réaliser la centrale solaire photovoltaïque Noor à Laâyou...
Sahara: voici ce qu'il faut retenir de la première tournée régionale de De Mistura
L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara, Staffan de Mistura, vient de terminer sa première tournée dans la région. Il aura sûrem...
L’Arabie saoudite autorise la Omra pour les pèlerins étrangers
L’Omra pour les pèlerins étrangers débutera le 10 août prochain. Cette annonce a été faite par l’Arabie saoudite. Bonne nouvelle pour les personnes...
Novares investit 25 millions d’euros à Kénitra
Le groupe français Novares, un fournisseur mondial de solutions plastiques automobiles, a inauguré, mercredi à Kénitra, son premier site de production en Af...
Retraite: Hausse à 41,8% du taux de couverture en 2017 (ACAPS)
Le taux de couverture retraite s’est établi à 41,8% de la population active occupée en 2017, en augmentation de 0,9 point par rapport à 2016 et de 4,7 poi...
L'Arabie saoudite confirme l'arrestation de onze princes qui protestaient
Le ministre saoudien de la Justice a confirmé dimanche que onze princes avaient été arrêtés après avoir protesté contre des mesures d'austérité tou...
Déforestation : les forêts émettent plus de CO2 qu’elles n’en absorbent
Les "poumons de la planète" étouffent. Au lieu d’absorber les gaz qui réchauffent le climat, les forêts tropicales du monde commencent à les libérer. ...
Les FAR déploient deux hôpitaux de campagne à Azilal et à Midelt
Sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Chef suprême et Chef d’Etat-Major général des Forces armées Royales, le service de santé des F...
160 pays prêts à signer l'accord climat qui reste à concrétiser
Quatre mois après l'euphorie de la COP21, 160 pays vont signer vendredi à l'ONU l'accord de Paris sur le climat, dont la mise en oeuvre implique q...


lundi 8 octobre 2018
0 
















Découvrir notre région