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Développement durable: Comment capter de nouvelles opportunités

Développement durable: Comment capter de nouvelles opportunités

Mohamed Chaïbi, Saïd El Hadi, Amrane Obaid, Hamid Tawfiki, Houria Tazi Sadeq et Saïd Mouline. Un beau casting pour débattre des enjeux du développement durable lors de l’Université d’été de la CGEM, qui s’est tenue à Casablanca les 28 et 29 septembre dernier.

Un panel modéré par Dr Mohamed Benabid, Rédacteur en chef de L'Economiste. Financement vert, water business, économie circulaire, auto-producteur, nouvelles technologies, CDN, ODD, SNDD…  Les ambitions sont là et les défis et enjeux sont multiples.

? Améliorer le financement vert                                                      

hamid_tawfiki

Pour recycler correctement les déchets, des fonds verts sont capables de financer les projets bien ficelés et structurés. Hamid Tawfiki, administrateur- directeur général de CDG Capital, insiste sur la nécessité de mettre l’innovation financière  au service du développement durable (financement vert). «Le défi qui s’impose aujourd’hui est de trouver le meilleur mix d’instruments qui permettent de combler le gap de financement, de répondre aux contraintes des investisseurs/bailleurs de fonds privés et de réussir in fine la transition». D’ailleurs, le financement vert est au cœur de la stratégie de CDG Capital. Cet acteur sur les marchés des capitaux propose une offre globale et intégrée en faveur des projets verts. Etant accrédité par le fonds vert pour le climat (Green Climate Fund), CDG Capital peut canaliser des fonds pour financer des projets nationaux de lutte contre le changement climatique dont le coût global peut atteindre jusqu’à 250 millions de dollars/projet. D’ailleurs, la filiale de la CDG a contribué à la structuration financière de la plus grande station de dessalement dans le monde en matière de capacité (capacité de production de 400.000m3/j à terme, pour l’irrigation et l’eau potable) située à environ 40 km au sud d’Agadir. A travers ce projet, CDG Capital a démontré sa capacité à prendre part à des projets de grande envergure, innovants et structurants pour l’économie, soutient Hamid Tawfiki. «Reste que ce n’est pas suffisant. Les investisseurs, que ce soit les assurances ou autres, ont une capacité à prendre des risques qu’il faut améliorer et qui reste très faible pour tout ce qui est innovation, création d’entreprises, de startups ou de financement vert», analyse le DG de CDG Capital.

? Faire baisser les coûts des EnR

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Côté énergies renouvelables, Said Elhadi, président de la commission nouvelle économie climat de la CGEM et PDG de Nareva est on ne peut plus clair : «Le plus grand verrou à faire sauter est l’intermittence». Et d’ajouter : «La libération de l’énorme potentiel des énergies renouvelables restera tributaire de la mise en place, à grande échelle, de dispositifs décartonnés de gestion de  l’intermittence qui soient technologiquement matures et économiquement viables». Cela sera  très probablement possible dans un horizon de 5 à 10 ans, préfigurant d’une nouvelle donne stratégique pour le pays: indépendance énergétique et compétitivité accrue de l’économie, relève Said Elhadi. La loi 13-09, dont l’application gagnerait à être généralisée au plus vite à la MT et même à la BT, permet déjà aux entreprises raccordées au réseau HT-THT de réaliser une baisse significative de leur coût d’électricité.

Côté mobilité durable, le Maroc n’a plus le choix. Certes des incitations fiscales ont été accordées, mais cela reste insuffisant. «Le Maroc gagnerait à dérouler, par anticipation, sa propre stratégie construite autour de modèles adaptés à son contexte, au lieu de se retrouver acculé à subir l’offre technologique mondiale sans préparation suffisante», fait valoir le PDG de Nareva. La transition vers la mobilité électrique nécessite la mise en place d’une infrastructure adaptée, l’impulsion d’une véritable transformation fiscale ou encore la préparation d’une offre industrie et services permettant de saisir de grandes opportunités de création de valeur et d’emplois.

? Capter les effets EnR

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Le Maroc investit plus de 10 milliards de dollars entre 2016 et 2030 pour porter la part des EnR dans le mix énergétique à 52%. En 2020, ce mix devrait atteindre 42% contre 34% actuellement. Les filières de production d’électricité par voie éolienne et solaire photovoltaïque ont connu une  baisse importante des coûts durant les dernières années. Le coût de production de masse d’un kWh renouvelable se positionne  désormais en dessous du kWh fossile même durant les cycles bas de cours des matières premières  (charbon, gaz…). Le stockage de l’énergie va évoluer. Pour Amrane Obaid, membre de Directoire de Masen, les entreprises nationales sont sur la bonne voie. «Il ne faut pas se faire des préjugés sur ce que les entreprises marocaines sont capables de faire. Au-delà de l’intégration industrielle propre aux pales éoliennes et aux centrales solaires, il y a des effets et des externalités avec un accès sur des technologies qui rayonnent sur le reste des activités industrielles. Quand on s’approprie une certaine technologie dans un projet éolien ou solaire, l’on peut le faire valoir dans d’autres dimensions. Lorsque vous arrivez à construire une tour de 240 mètres de hauteur, l’ingénierie ainsi que les opérateurs marocains y gagnent énormément», fait valoir Amrane Obaid. Sur le registre de l’énergie bleue ou des marées motrices, les projets sont en progression dans leur courbe de maturité. «Nous sommes  encore à l’échelle de la démonstration et non de la production de masse. Ces technologies auront leur place dans le paysage électrique et énergétique», confie le membre du directoire de Masen.  

? Valorisation: Changer de business modèle

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Pour Mohamed Chaïbi, président de la Coalition pour la valorisation des déchets (Covad): «Il faut changer de modèle et de paradigme. Les pays nordiques l’ont compris bien avant. Au-delà des enjeux économiques et sociaux, l’approche environnementale nécessite aujourd’hui la mise en place d’un contexte propice à la réalisation de l’ensemble de ses objectifs». Autrement dit: «Prévenir, réemployer, recycler, valoriser et en dernier ressort éliminer les déchets. Le Maroc se doit plus que jamais de réduire son impact carbone, à travers des cycles de transformation courts, qui permettent à la fois de créer des emplois durables et d’assurer la viabilité et pérennité économique des industries du recyclage». L’ancien président des cimentiers a pointé du doigt l’échec de l’écotaxe plastique. Les ressources captées sont versées au Fonds national de l’Environnement pour financer autre chose que le développement d’une filière de revalorisation et de recyclage des produits en plastique. «L’informel sévit encore. La seule filière de valorisation qui marche est celle des batteries, mais il faut l’accompagner davantage. Les présidents des communes ne veulent plus mobiliser des terrains pour enfouir les déchets. Ils ont raison. Il faut trier les détritus, les valoriser et les recycler», explique Mohamed Chaibi. La Covad vient d’ailleurs de signer un accord avec le ministère de l’Industrie pour la mise en place d’un contrat-programme dédié à la valorisation des déchets. Un appel d’offres sera bientôt fait pour lancer la réalisation d’une étude de faisabilité. Une feuille de route qui pourra combler les failles existantes faute de fiscalité, de gouvernance et de financements adaptés.

? Développer le business de l’eau

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«La question de l’eau ne capte pas assez l’attention des entreprises. S’il y a un domaine qui nécessite plus de transversalité, c’est le secteur de l’eau», se désole Houria Tazi Sadeq, présidente de la coalition marocaine de l’eau (Coalma). Un travail de fond a été entamé avec l’appui de la CGEM et l’ensemble des intervenants. «Le ministère qui s’implique le plus c’est le ministère de l’Intérieur. La question de l’eau touche toutes les couches sociales», souligne Houria Tazi Sadeq. «Il n’y a pas de technologie adaptée à toutes les situations. Il faut une adaptation des instruments selon les milieux. Pour le rural, il y a un retard, car il nécessite une réflexion appropriée avec des technologies adaptées et maîtrisables sur la durée pour que les projets d’assainissement, qui sont très en retard, puissent être pérennes», analyse Houria Tazi Sadeq. Plus que jamais, les entreprises ont intérêt à s’intéresser davantage aux opportunités offertes par le business de l’eau. Tout en étant un pays semi-aride, le Maroc dispose de ressources renouvelables abondantes. Les experts s’accordent à dire que cette orientation deviendra viable dès lors qu’elle est intégrée, en amont, aux projets de développement de nouvelles zones urbaines ou périmètres agricoles irrigués situés le long du littoral.

Le 02 octobre 2018

Source web par: l’économiste

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