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L. Boutaleb : vérités et contre-vérités

L. Boutaleb : vérités et contre-vérités

Il faut dire que le dévoilement des résultats de l’étude du BCG sur Vision 2020, a eu cet effet de catalyseur de tons, souvent peu compatissants et très regardants sur les souricières. Bien sûr, tous connaissent ou presque les péchés de la vision qui, selon certains, a eu les yeux beaucoup plus gros que le ventre.

Si les résultats de l’étude n’ont surpris personne, ils ont toutefois eu le mérite d’être dévoilés par le nouveau ministre Sajid, alors que son prédécesseur Haddad s’entêtait à la frapper du sceau du secret. Un bon point à ajouter à l’actif du binôme Mohamed Sajid/Lamia Boutaleb. Justement, cette dernière, dans une interview accordée à un quotidien national, s’est étalée sur plusieurs aspects dénonciateurs de la dite étude. Jusqu’ici, rien de nouveau.

Mais lorsque la Secrétaire d’Etat annonce que Vision 2020 n’a pas encore démarré, on est amené à se poser sérieusement des questions. Propos graves ou simplement légers, quand on sait que la même étude avait pour mission de diagnostiquer la réalisation de Vision 2020 à « mi-chemin » ? Quand même, une vision, bien sûr cahoteuse, cependant commanditée à grands renforts de deniers publics ! Pourquoi ce négationnisme ?

Pour le démarrage, personne ne peut le nier, seulement la précipitation des chantiers et, surtout, le lancement spontané des stations balnéaires, avait fini par jouer contre elle, sans parler du cahin-caha ayant prévalu dans la mise en application. On admet bien qu’il y a eu retard, mais point d’anti-démarrage.

Le constat d’échec des contrats-programmes est, quant à lui, l’un des principaux griefs tenus. La signature en cascade des contrats-programmes par Haddad avait, à l’époque, suscité de l’étonnement. Les destinations signataires n’ont tout simplement pas les moyens de leur appétit, tellement les projets paraphés exigent des investissements très lourds, impossibles à mener, que la cérémonie de signature est assimilée à un jeu de cartes où les as étaient sous les manches, rien de plus. Le comble est que le premier CPR à être signé soit étrangement celui de Khouribga, fief électoral de Haddad. Comment la capitale des phosphates pouvait prétendre au statut de destination touristique pleine? Allez comprendre, peut-être que Haddad en tenait la formule magique mais pas les bailleurs de fonds (la Région entre autres), qui se sont d’ailleurs révoltés contre la mascarade haddadienne.

L’émergence retardée des territoires et des compétences est aussi pointée du doigt et relayée par la Secrétaire d’Etat. Les territoires touristiques, rêve longtemps nourri par le département du ministre, ne peut voir le jour, car à cheval sur le découpage administratif territorial et la gouvernance régionale. S’il garde toutefois une excellente homogénéité car il combine des produits régionaux qui se complètent, sa réalisation relève de l’utopique. Un chantier abandonné, en fait, qui n’avait pas besoin d’être mis sous les feux de la rampe du BCG. Volet compétences, la formation qualifiante accuse certes du retard, mais en parallèle l’ouverture constante de plusieurs grandes écoles internationales d’enseignement touristique, homologuées avec celles de la Suisse, est un pas de géant dans la formation des futurs cadres du tourisme, tous métiers confondus. D’ailleurs, les cadres marocains ne manquent pas d’expertise ayant fait leurs preuves même à l’export. Peut-être que du côté du petit personnel, il y a encore des efforts à faire de la part des organismes publics spécialisés. Mais ce n’est pas un gros problème, la plupart des entreprises touristiques recourent à la formation continue pour parfaire le savoir-faire de leurs effectifs.

Question pilotage, Vision 2020 était en manque de timonier, qui sait bien naviguer par marée haute. Une fois de plus, le clientélisme était au rendez-vous pour parachuter des « protégés » dans des postes de décision auxquels ils n’ont pas la capacité de faire face. Depuis son lancement, Vision 2020 navigue à vue, sans repère ni boussole et a fini par se perdre en haute mer. Sajid et Boutaleb peuvent-ils redresser la barre ?

Le 09 Juin 2017

SOURCE WEB Par Tourisme Et Gastronomie

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