Tourisme: la feuille de route du secteur s'éternise

Depuis avril 2017, toute la profession attend impatiemment la présentation de la stratégie du binôme ministériel pour booster le tourisme. Annoncée en avril puis en septembre, les reports successifs de cette feuille de route font l’objet de nombreuses spéculations, y compris la remise en cause de son existence.
Selon un opérateur, qui faisait partie du comité des experts collaborant à sa conception, le secteur privé ne veut plus compter sur un ministère accusé de naviguer à vue et pour qui le temps écoulé n’a pas d’importance.
A chaque changement à la tête du ministère du Tourisme, les opérateurs privés espèrent que la nouvelle équipe sera capable de développer le potentiel sous-exploité de ce secteur.
Présenté depuis 20 ans comme un chantier prioritaire de l’action gouvernementale, le tourisme a en effet fait l'objet de plusieurs stratégies qui n’ont jamais réussi à atteindre leurs objectifs.
Si le binôme Mohamed Sajid-Lamia Boutaleb ne peut être tenu pour responsable de l’échec de ses prédécesseurs, son manque de communication donne cependant l’impression de travailler sans cadre formel de sa vision de l’avenir du secteur.
18 mois et toujours pas de stratégie publiée
Malgré plusieurs engagements publics de présenter leur stratégie, le ministre et sa secrétaire d’Etat n’ont toujours pas communiqué et refusent d’accorder la moindre déclaration à ce sujet. Les quelques bribes qui ont fuité sont pourtant dignes d'intérêt.
Rappelons que Sajid avait déclaré en avril dernier à Médias24 que ses services avaient finalisé une vision de reconquête, axée sur la dynamisation de la connectivité aérienne, un virage digital et la relance de l’investissement, dont la présentation était imminente.
Même optimisme du côté de Lamia Boutaleb qui nous affirmait, en juin, que le contenu de la stratégie serait révélé juste après l’été lors d’un événement intitulé "Les assises du tourisme".
Trois mois plus tard, toujours rien, et aucun de nos deux interlocuteurs (ou leur chef de cabinet) n’a souhaité répondre à nos nombreux appels et messages.
Faute d’obtenir une date, nous avons donc sollicité un grand acteur du tourisme, requérant l'anonymat, qui a été impliqué dans la conception de cette stratégie et qui a souvent été une interface entre les secteurs privé et public.
Faut-il regretter Lahcen Haddad ?
"A mon avis, ils n’ont toujours pas de feuille de route car les opérateurs privés censés participer activement à sa conception (comité d’experts) n’ont plus de contacts avec eux depuis plusieurs mois.
"Que ce soit Sajid ou le reste du gouvernement, on ne voit d’ailleurs rien venir pour mettre en œuvre une nouvelle vision qui soit à la fois crédible et réaliste par rapport aux chimères de 2010 et 2020.
"Au départ, après 5 années de gouvernement Benkirane qui ignorait le tourisme, nous nous sommes félicités du profil des deux dirigeants du ministère mais nous avons péché par optimisme.
"Tout le monde s’est attaqué à l’ancien ministre Lahcen Haddad mais avec le recul, il a fait ce qu’il a pu avec les maigres moyens financiers dont il disposait. Quoi qu’on en dise, le prédécesseur de Sajid était beaucoup plus actif, omniprésent et savait communiquer.
"Haddad, au moins, faisait parler du secteur du tourisme alors qu’avec l’attelage actuel, c’est silence radio. C’est très étranges, car ils ne communiquent pas et font encore moins d’annonces.
"Nous travaillons donc avec un ministre qui est un vrai politicien habitué à la rhétorique et avec une secrétaire d'Etat technocrate mais novice en politique, qui n’a même pas les prérogatives liées à son titre.
"En effet, tout le monde sait qu'entre Sajid et Boutaleb, ce n'est pas le grand amour. A partir de là, comment le tourisme pourrait-il évoluer positivement si ses deux premiers responsables ne parlent pas le même langage ?
Un secteur dynamique malgré l’absence de pilotage public
"Cela explique l’immobilisme actuel mais le plus incroyable est que le secteur se porte très bien sans eux. Si la destination marocaine continue, de mois en mois, à reprendre des couleurs, c’est parce que les opérateurs privés savent désormais qu’ils n’ont plus rien à attendre et/ou pas besoin du binôme.
"Les hôteliers, transporteurs, investisseurs … préfèrent se concentrer sur leur activité au lieu de se battre contre des moulins à vent. Pour faire court, ils ne veulent plus perdre de temps inutilement.
"Tout le monde a compris qu’il valait mieux se concentrer sur ses marchés, et que l’absence d’accompagnement public était gérable.
"La priorité est de s’adapter aux marchés car même si l’ONMT n’a pas eu de DG pendant 6 mois et même si le binôme n’a pas présenté sa feuille de route depuis 18 mois, la demande est toujours là", conclut notre interlocuteur qui espère un sursaut de Sajid et Boutaleb, avant la fin de leur mandat en 2021.
Nos nombreuses demandes d’informations auprès du binôme et de leur cabinet sont restées lettre morte.
Le 15/09/2018
Source web par: medias 24
Les tags en relation
Les articles en relation

#TOURISME_5_NOUVELLES_TENDANCES_POST_COVID: Quelles sont les grandes tendances de consommation touri
Dans son livre « Management et Marketing des stations de montagne » qui vient de paraître, Armelle Solelhac, CEO de l’agence SWiTCH, explore les changement...

Tourisme : Fatim-Zahra Ammor appelle à l’expansion de la capacité hôtelière et l’élargissem
Le Maroc déploie d’importants efforts pour assurer l’expansion de la capacité hôtelière et l’élargissement des offres d’animation, a indiqué, lund...

Économie bleue : Afrique et Moyen-Orient face aux défis climatiques
L'économie bleue, véritable moteur de croissance durable, gagne en importance en Afrique et au Moyen-Orient. Ce modèle économique, axé sur la préserva...

Le Maroc et l’Afrique du Sud, premières destinations des investissements en Afrique
Le Maroc et l’Afrique du Sud ont été classés les premières destinations des investissements étrangers directs (IED) en Afrique en 2017, selon un rapport ...

Le surtourisme : quel impact sur les villes et sur l'environnement ?
Le tourisme international a connu ces dernières années une croissance exponentielle et la reprise, après la crise sanitaire, est forte. Si le tourisme de mas...

Mohammed VI : "Mosquées, synagogues et églises se côtoient dans différentes villes du Royaume. C
Le Maroc, un pays résolument engagé en faveur de la réalisation de l’Agenda 2030, a fait de la promotion d’une éducation de qualité, la force transform...

#MAROC_FONDS_MOHAMMED_VI: En application des Orientations Royales, les premiers domaines d’interv
Trois projets d’avions à hydrogène sont dans les cartons de l’avionneur, dont une aile volante C’est ce qu’a dévoilé le ministre des Finances. ...

Comité des Experts ou groupe de travail ?
Les choses vont vite chez les corporations professionnelles : Réunion sur réunion avec l’administration de tutelle. Rien que pour cette semaine, 3 réunions...

Artisanat marocain : une stratégie pour dynamiser le secteur
Le secteur de l’artisanat marocain s’engage dans une transformation majeure au cours des cinq prochaines années, portée par une stratégie gouvernementale...

Tourisme : Des pistes attrayantes mais quelque peu « impraticables »
« Le tourisme occupe une place importante dans l’économie nationale, où il représentait 7% du PIB et plus de 550.000 emplois directs en 2019. Cependant, c...

Chtouka-Aït Baha
à propos de Chtouka-Aït Baha Envie de découvrir Chtouka-Aït Baha ? Il y a mille et une façons de le vivre. La province de Chtouka Ait Baha regorge de po...

Un an après le séisme d'Al Haouz : bilan et relance économique dans les secteurs du tourisme, de
Un an s'est écoulé depuis le séisme dévastateur qui a frappé Al Haouz, au Maroc, le 8 septembre 2023. À l'occasion de cet anniversaire marquant, n...