Lettre à Maroc (ceci est un message d'amour)
Depuis Paris, je pense à toi, tout haut, très fort. Les informations, les vidéos, les lives Facebook défilent et aucun ne me rassure. Nous bouillonnons tous de l'intérieur et de l'extérieur, à Marrakech et à Amsterdam, à Al Hoceima et à Errachidia. Rabat ne répond plus de rien. Casablanca travaille matin, midi et soir. Beaucoup ont peur de devenir le prochain Damas et beaucoup d'autres n'ont plus rien à perdre. Les problèmes s'accumulent, les crises empirent, la situation s'enlise. Et moi, j'ai mal pour nous, j'ai mal pour toi.
Il y a l'éducation qui souffre d'ignorance et les vidéos de lycéens violents ou aux propos incohérents qui pullulent sur YouTube. Il y a le chômage qui ne cesse de monter et nos jeunes qui font le mur ou le trottoir. Il y a le système de santé malade et la petite fille qui meurt faute d'hôpital. Il y a la recherche de la dignité perdue et les ethnicités et les communautarismes qui renaissent de leur cendre avec le souvenir d'un passé meurtri. Il y a le Sahara, sable mouvant dans lequel nous sommes pris depuis 1963. Il y a un makhzen coupable et corrompu mais fantôme, que tous sauront nommer mais dont personne ne pourrait reconnaître les visages. Il y a une justice injuste et des lois archaïques qui s'appliquent aux minorités et aux femmes, population majoritaire en terre de misogynie. Il y a une mémoire lobotomisée et une histoire tronquée, des peines et des chagrins inconsolables.
Nous avons eu cinq ans de répit pour faire changer les choses mais nous avons choisi d'hiberner en plein printemps sanguinaire. Les gouvernements continuent à signer des décrets et à appliquer des programmes mais serait-il trop tard? Les ruptures sont assurément trop profondes et nos référentiels aux uns et aux autres si différents.
Il y a les arabophones, les amazighs, les francophones, les anglophones, les hispanophones et puis beaucoup qui ne savent parler aucune langue. Il y a une religion que nous voulons imposer à tous dans sa forme la plus intolérante. Il y a une vie culturelle en déchéance. Il y a l'exploitation des plus faibles par les plus forts, des petites bonnes des campagnes par les familles casaouies. Il y a nos garçons qui regardent la Méditerranée avec envie. Ils meurent avalés par les vagues, sous-traités dans les champs espagnols ou sous effets de la drogue. Il y a ces adolescents qui se baladent dans les ruelles de Paris telle des Gavroches d'un autre temps, à la main, des mouchoirs imbibés de colle. Image si commune à Casablanca et si grave à Paris.
Enfin, il y a des gens comme moi, des MRE que j'appelle les exilés, apparemment chanceux. Nous devons refaire une vie loin des nôtres, s'intégrer et s'assimiler après avoir vécu un séisme identitaire irréconciliable.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi? Je ne me lasserai jamais de poser cette question car sans pourquoi il n'y a pas de comment, car depuis que je suis loin de toi, je suis comme loin de moi.
En attendant de trouver les solutions à ces équations, je t'envoie mon amour et toute ma tendresse.
("Il était une fois, toi et moi, n'oublie jamais ça")
Le 06 Juin 2017
SOURCE WEB Par Huffpostmaghreb
Les tags en relation
Les articles en relation
Marrakech et Agadir, destinations préférées des touristes depuis le début de l’année 3,4 mill
Le nombre de touristes arrivés au Maroc a enregistré une progression de 12 % au cours des quatre premiers mois de l’année 2018. Entre janvier et avril 2...
Les étudiants officiellement couverts par l’AMO: 288.000 personnes bénéficieront de l’opérat
La très attendue couverture médicale pour les étudiants a été lancée publiquement et officiellement, mercredi 13 janvier, sous la présidence d’Abdelila...
Fiscalité: L’identifiant commun obligatoire
Sans l’ICE, pas de déduction des charges Le dispositif prévu par la loi de Finances 2016 Mais bug de la plateforme d’enregistrement A partir du 1...
Le Roi : le Maroc et l’Algérie ne sont pas seulement des voisins, ce sont deux pays jumeaux
La majeure partie du Discours du Trône a été consacrée aux relations entre le Maroc et l'Algérie. Dans le traditionnel discours adressé à la nation, ...
Royaume-Uni : comment le Maroc est devenu l'un des principaux bénéficiaires du Brexit en Afrique
Le Maroc est l'un des pays ayant le plus bénéficié du Brexit sur le plan commercial, selon un média britannique. A la faveur d'un rapprochement sans...
Tourisme au Maroc : 17,5 millions de visiteurs en 2024
Le Maroc a atteint un record historique en accueillant 17,5 millions de touristes en 2024, dépassant son objectif fixé pour 2026 avec deux ans d’avance, sel...
Casablanca parmi les villes les plus chères au monde
L'hebdomadaire britannique The Economist vient de publier l’édition 2017 de son classement du coût de la vie dans les principales villes de la planète....
Maroc – France : Froid polaire
Les relations entre le Maroc et la France s’apparentent à celles d’un couple sur le point de divorcer : elles sont froides, distantes, tendues, voire même...
CMR : De nouveaux services au profit des MRE
La Caisse marocaine des retraite (CMR) a mis en place de nouveaux services au profit des MRE affiliés à la Caisse. Désormais, les affiliés résidant �...
A fin mars 2018, nouvelle aggravation du chômage des jeunes en milieu urbain
Avec 43,5%, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans en milieu urbain continue à s’aggraver. Fin décembre 2017, il était “seulement“ de 41,5%. En...
Marché du travail/Maroc : Les résultats du rapport de l’ONDH
Une dynamique importante s’opère dans le marché du travail aussi bien au niveau urbain que rural, souligne dans un rapport l’Observatoire national du dév...
Transferts MRE : accord Maroc–France contre l’UE
Le Trésor français a bien compris le problème et les difficultés que posait cette directive européenne pour le Maroc. Il nous a demandé des informations c...


mercredi 7 juin 2017
0 
















Découvrir notre région