En passant du «traitement et rejet» au «traitement et réutilisation» 325 millions de m3 d’eaux usées peuvent être réutilisés à l’horizon 2030

Une réutilisation de 325 millions m3 d'eaux usées à l'horizon 2030 ne peut se réaliser qu'en passant du modèle "traitement et rejet" au modèle "traitement et réutilisation", a souligné, mercredi à Rabat, la ministre déléguée chargée de l'Eau, Charafat Afailal.
"Face à une demande croissante, à la diminution des ressources naturelles, à leur raréfaction sous l'effet du changement climatique et au potentiel considérable des eaux usées brutes, les eaux usées peuvent constituer pour le Maroc une autre alternative d’eau pour des usages variés (irrigation, activités industrielles, etc.) et permettre ainsi de renforcer la sécurité hydrique du pays", a relevé Mme Afailal, lors d'une matinée d'information sous le thème "Réutilisation des eaux usées: Pourquoi gaspiller l'eau?", organisée à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau 2017.
L'objectif ambitieux de réutiliser 325 millions m3 d'eaux usées à l’horizon 2030 ne peut se réaliser que par un changement du modèle actuel de la gestion des eaux usées en passant du modèle du "traitement et rejet" au modèle "traitement et réutilisation, a-t-elle souligné, appelant à des efforts supplémentaires pour encourager davantage les opérateurs à la réutilisation et la valorisation de cette ressource qui devient de plus en plus une alternative pour soulager la pression sur la ressource douce. Elle a aussi indiqué qu'au niveau national, le potentiel hydrique est évalué à 22 milliards m3 par an, soit l’équivalent de seulement 650 m3 par habitant/an, notant qu'en dépit des efforts consentis pour mobiliser les ressources en eau naturelles nécessaires à l’accompagnement du développement socio-économique du pays, particulièrement dans un contexte marqué par l’aggravation des effets du changement climatique, le Maroc œuvre pour la recherche d’autres alternatives pour assurer un approvisionnement en eau durable des citoyens et de leurs diverses activités.
La ministre a fait savoir que le volume d’eaux usées déversées par les villes marocaines est estimé actuellement à près de 550 millions m3 par an, dont 45% sont épurées grâce à 117 Stations d’épuration, soulignant que "malgré ces potentialités, la réutilisation des eaux usées reste encore limitée avec seulement 24 projets de réutilisations réalisés mobilisant près de 47,5 millions m3/an, soit un taux de réutilisation de 9%.
Elle a, par ailleurs, rappelé que plusieurs conventions de promotion de la réutilisation des eaux usées ont été signées entre son département et les différents partenaires, à savoir la convention d’arrosage du Golf Royal Dar Essalam à Rabat et du Golf Bahia Beach de Bouznika, la convention pour l’arrosage des golfs et espace verts des villes de Tétouan, M'diq, Fnideq, Martil et Tanger et une autre pour l’irrigation de la ceinture verte de la ville de Zagora, faisant savoir qu'un projet de plan national de réutilisation des eaux usées est en cours de finalisation avec les départements ministériels concernés.
Pour sa part, M. Mustapha El Habti, gouverneur, directeur de l'Eau et de l'Assainissement à la Direction générale des collectivités locales, a passé en revue un nombre de programmes sectoriels qui ont vu le jour au Maroc, à l'instar du Programme d'approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER), qui a permis d'atteindre des "résultats satisfaisants" en termes d'accès à l'eau potable, en particulier le Programme national des déchets ménagers en 2008 et les programmes de mise à niveau urbaine.
S'agissant des eaux usées, M. El Habti a souligné qu'elles apparaissent comme une solution alternative et sérieuse pouvant apporter un appui significatif et soulager les procédés classiques de mobilisation des ressources hydriques en particulier pendant les périodes de crise, relevant que les Collectivités territoriales ont engagé d'importants projets de traitement et de réutilisation des eaux épurées dans plusieurs villes du Royaume. "Ces expériences ont permis de réutiliser les eaux usées traitées à des fins diverses, notamment l'arrosage des golfs et des espaces verts, le lavage industriel ainsi que l'utilisation agricole", a-t-il précisé.
Pour sa part, Mme Touria Jawhar, chef de la division de la Préservation de la qualité de l'eau contre la pollution au ministère délégué chargé de l'Eau, a relevé que les ressources en eau au Maroc sont limitées et rares, faisant remarquer, que le ministère de tutelle, conscient de l'importance de la réutilisation des eaux usées dans la lutte contre ce déficit, accorde une importance particulière à l'encouragement et à la promotion de la réutilisation des eaux usées épurées pour atteindre l'objectif visé par le Plan national de l’Eau, à savoir la réutilisation d'environ 325 millions m3 par an à l'horizon 2030.
Organisée en collaboration avec les ministères de l'Intérieur, de l’Environnement, du Tourisme, de l’Agriculture, de l’Industrie, et l’Office Nationale de l’Electricité et de l’Eau potable, cette rencotre s'inscrit dans le cadre de la promotion et du développement de la réutilisation des eaux usées et vise à sensibiliser les différents acteurs quant à l’importance de l’utilisation des ressources en eau non conventionnelles, en l’occurrence les eaux usées.
Cette manifestation écologique a été marquée par la présentation de deux exposés portant sur le "Plan national d'assainissement liquide" et la "Réutilisation des eaux usées au Maroc: État des lieux et perspectives de développement", outre des présentations de cas de réutilisation dans les domaines de l'industrie (cas du lavage des phosphates), de l'arrosage des golfs et des espaces verts (cas des villes de Tétouan, Martil, M'Diq et Fnideq), de l'agriculture (cas des villes de Tinznit et d'Oujda) et de l'assainissement écologique et réutilisation en milieu rural.
Le 23 Mars 2017
SOURCE WEB Par L’opinion
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