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L'ANIT à Benkirane: Vous ne pouvez plus faire l'impasse sur le tourisme

L'ANIT à Benkirane: Vous ne pouvez plus faire l'impasse sur le tourisme

L’Association Nationale des Investisseurs Touristiques présidée par Jalil Benabbès Tâarji a adressé ce samedi 22 octobre, au chef du gouvernement, une lettre ouverte écrite au vitriol, tout en étant parfaitement respectueuse des formes.

Les plus importants investisseurs touristiques du Maroc, regroupés au sein de l’ANIT, ont adressé une lettre ouverte à Abdelilah Benkirane, pour dire “ce que nous avons à dire sur le mandat finissant et l’interpeller avant le démarrage du deuxième mandat“, nous explique Jalil Benabbès Tâarji, président.

Les professionnels prennent date et rappellent quelques vérités que tout gouvernement est censé connaître par cœur et par écrit: 500.000 familles vivent du tourisme, 2,5 millions de Marocains. Le secteur a été négligé lors de la dernière législature. On est loin de la dynamique des années 2000, ni de la vision agréée par le Roi. Le tourisme est un moteur majeur de croissance, le Maroc en a besoin, les Marocains en ont besoin. Le secteur est en régression. La confiance a disparu. La crise a été mal gérée. Vous ne pouvez plus faire l’impasse sur un secteur aussi stratégique, etc…

Après cette leçon de choses, viennent les propositions.

Voici le texte intégral de la lettre ouverte:

“500.000 familles marocaines vivent du Tourisme, alors même que la plupart des observateurs estiment que le secteur a été négligé lors de la dernière législature.

Au cours des années 2000, le secteur du Tourisme a connu une dynamique sans précédent, avec le lancement de la Vision 2010, agréée par Sa Majesté le Roi, dans le cadre d’une très forte mobilisation des pouvoirs publics et des opérateurs privés.

“Le Tourisme est vite devenu un moteur majeur de la croissance du Maroc. La barre symbolique des 10 millions de touristes a été atteinte, générant des centaines de milliers d’emplois directs et indirects et des dizaines de milliards de recettes en devises additionnelles.

“La Vision 2020, qui a pris le relais de la Vision 2010, a défini de nouvelles ambitions pour entretenir et prolonger la dynamique du secteur. A mi-parcours, force est de constater que certains objectifs majeurs restent non réalisés et se heurtent à des difficultés de taille.

“Le secteur est désormais en régression. La confiance des investisseurs, des bailleurs de fond et de la plupart des professionnels a disparu. Cette situation, qui perdure et s’aggrave depuis 2010, a été très mal gérée, voire ignorée tout au long de la dernière législature, transformant une crise conjoncturelle en une crise structurelle. Le secteur privé a également sa part de responsabilité dans cette situation et se doit de faire une autocritique sans concessions.

“Votre futur gouvernement ne peut plus «faire l’impasse» sur ce secteur stratégique.

“Avec un taux d’occupation national de l’ordre de 40%, ce sont des dizaines d’unités hôtelières qui sont menacées de fermeture, mettant en péril des milliers d’emplois et l’équilibre précaire de notre balance des paiements. Votre futur gouvernement risque de faire face aux conséquences économiques et sociales de cette situation, si rien n’est fait pour la redresser rapidement.

“Le tourisme, parce qu’il est résilient, reste encore un pilier porteur de notre économie et de notre société. Il a plus que jamais besoin d’être rétabli dans son statut de priorité nationale et d’une reprise en main énergique, afin de le remettre sur son sentier naturel de croissance, relancer les investissements, promouvoir sa compétitivité à long terme et favoriser son développement durable.

“La stratégie du secteur nécessite d’être repensée.

“Dans cette perspective, et avant toute chose, un diagnostic sans complaisance de la situation actuelle à travers un bilan sans concession de la Vision 2010 et de la Vision 2020 à mi-parcours, devra être établi pour tirer les leçons du passé et poser les bases d’une réflexion argumentée.

“Il s’agira ensuite, pour reconstruire une vision stratégique crédible et réaliste, d’impulser une nouvelle démarche créative, qui tienne compte des réalités de l’environnement politique international, mais aussi de la concurrence, des nouvelles tendances de la demande et des nouveaux modèles économiques à l’œuvre dans cette industrie au niveau mondial.

“Le tourisme devra également être (re)pensé dans le cadre de la stratégie économique globale de notre pays, pour favoriser les synergies et renforcer les liens avec les autres secteurs clés de notre économie: transport, agriculture, industrie, énergie, éducation et formation, ...

“Le tourisme, un secteur d’opportunités pour le progrès économique et social du pays.

“Nous, ANIT, Association nationale des investisseurs touristiques, fédérant les investisseurs les plus importants du secteur, sommes convaincus que le tourisme dispose d’un énorme potentiel de croissance pour contribuer significativement à la réalisation des objectifs de progrès économique et social que le Maroc s’est fixés:

-«Créer 1.3 million d’emplois à horizon 2025»

-«Equilibrer les échanges extérieurs»

-«Réussir la régionalisation avancée»

Nous, membres de l’ANIT, partageons la vision d’un secteur touristique puissant et structuré pour atteindre les objectifs stratégiques suivants:

-contribuer à l’aménagement du territoire et à la réussite de la régionalisation par le développement d’une offre touristique adaptée aux atouts de chaque région;

-favoriser la création d’un écosystème industriel pour la filière hôtellerie/tourisme, qui encourage la production locale des biens et équipements nécessaires aux unités hôtelières, aujourd’hui encore et toujours majoritairement importés et qui permette de rediriger vers l’économie marocaine des milliards de dirhams d’investissement productifs;

-contribuer au développement des énergies renouvelables par l’équipement du parc hôtelier en sources d’énergie verte;

-faire du secteur touristique une école d’insertion pour les jeunes marocains, avec la création de formations «diplômantes», encadrée par le secteur privé et dont les débouchés sont dirigés vers les emplois du secteur.

“La réforme de la gouvernance du tourisme, la clé de la réussite.

“Enfin, pour que notre politique de développement touristique s’inscrive dans la durée, produise ses effets bénéfiques à long terme, et notamment ses effets d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie marocaine, nous sommes convaincus de l’impérieuse nécessité d’une réforme en profondeur de la «gouvernance» du tourisme.

“Nous estimons à cet égard que la conception de la politique touristique, sa planification stratégique, son pilotage et sa mise en œuvre au jour le jour, doivent obéir à un objectif de cohérence et d’harmonisation générale dans son exécution, et à une coopération public/privé renforcée et effective, tant au niveau régional qu’au niveau national.

“Tout le potentiel de croissance que recèle le tourisme au Maroc ne pourra être durablement exploité, correctement valorisé et harmonieusement développé dans la durée, que si le secteur dans son ensemble se dote d’un leadership fort et structuré et d’une gouvernance efficace, tant au niveau du public que du privé.

“Avec toutes les mutations qui ne cessent de s’opérer dans le paysage national et international, le tourisme est indéniablement un capital, dont dépendent 2,5 millions de Marocains, un capital dont dépend l’image du Maroc, un capital qu’on se doit de préserver et d’enrichir.

“Notre pays possède des atouts naturels, culturels et humains uniques pour pouvoir profiter de la manne du tourisme international d’une manière durable. Donnons-nous les moyens et ayons le courage d’agir maintenant avec une vision commune d’un Maroc prospère, créateur de richesses dans toutes ses régions.

“Pour conclure, nous tenons à vous assurer de la disposition de l’ANIT et de tous ses membres pour apporter tout notre soutien, notre engagement et notre expertise à toute initiative de relance d’un secteur stratégique de l’économie marocaine“. [Fin de la lettre ouverte]

Le 22 Octobre 2016
SOURCE WEB Par Médias 24

 

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