Première visite officielle du président de la BAD: «Le potentiel ne nourrira pas l’Afrique, il faut mobiliser des fonds»

Le continent, bien qu’il représente 65% des terres disponibles, lutte constamment contre la problématique de la famine. Le président de la BAD estime dans ce sens que si l’on n’utilise pas ce potentiel, on contribue simplement à l’appauvrissement de l’Afrique.
En marge de la deuxième assemblée générale du Fonds Africa50 tenue jeudi 21 août à Casablanca, le président du conseil d’administration du Fonds, Akinwumi Adesina, a apporté quelques éclairages quant au rôle que joue le Maroc pour le développement futur des infrastructures en Afrique. Fraîchement élu à la tête du Groupe africain de développement (BAD), Akinwumi a profité de sa première visite officielle au Maroc pour rencontrer le chef de gouvernement, quelques ministres et un bon nombre de leaders économiques nationaux.
«On est là pour discuter de la croissance de l’Afrique et pousser son industrialisation», fait savoir le président de la BAD, avant de développer davantage sa réflexion : «Tout le monde sait que la Chine vit aujourd’hui un changement de modèle économique. La faiblesse de la croissance mondiale et la volatilité des prix des matières premières orientent cette grande puissance économique vers une politique d’externalisation d’un bon nombre d’industries. Mais vers quelle partie du monde ?», s’interroge-t-il. Selon lui, l’Afrique doit être prête à accueillir ces industries. Pour ce faire, il y a lieu de rappeler qu’à l’heure actuelle, le continent fait face à plusieurs défis sur lesquels trône la question du développement des infrastructures dont le déficit de financement s’élève à 100 milliards de dollars. En effet, qu’il s’agisse des réseaux routiers transnationaux, aériens ou encore portuaires, l’Afrique a vraisemblablement du chemin à faire pour atteindre l’intégration régionale souhaitée.
Pour la même source, la question de ressources ne se poserait même pas. «Nous avons une disponibilité de ressources domestiques massives en Afrique. Ces ressources doivent être mobilisées pour combler notre déficit en infrastructure», insiste-t-il. Il enchaîne dans ce sens : «L’Afrique va bien. Je suis confiant en son avenir. Cela dit, il y a beaucoup de choses à faire. Dans six ou neuf mois, nous devrons mobiliser davantage de fonds et augmenter le financement à un milliard de dollars». Pour Akinwumi Adesina, il est temps pour les Africains de se prendre en charge. Au risque de se répéter, celui-ci rassure que puisque «les ressources sont disponibles, nous pouvons facilement atteindre le milliard de dollars».
La question des ressources mise à part, c’est celle du potentiel énorme et sous-exploité de l’Afrique qui est mise sur la table. Le continent, bien qu’il représente 65% des terres disponibles, lutte constamment contre la problématique de la famine. Le président de la BAD estime dans ce sens que si l’on n’utilise pas ce potentiel, on contribue simplement à l’appauvrissement de l’Afrique. «Il faut que l’agriculture soit pensée comme un vrai business. Il est inconcevable que les importations du continent en alimentation atteignent les 35 Mds de dollars», s’alarme-t-il. Selon les prévisions, si rien n’est fait ce chiffre serait appelé à augmenter d’ici 2020 pour atteindre les 110 Mds de dollars. D’autres domaines d’action tels l’eau, la finance inclusive et l’électricité figurent parmi les priorités de ces fonds d’investissements. En effet, l’Afrique qui dispose d’un potentiel en énergie solaire de 11 TW, continue de souffrir d’un vrai problème dans ce sens. Ce qui pousse le président de la BAD à appeler à plus d’action. «On ne peut pas éclairer l’Afrique avec la potentialité, il faut concrétiser nos projets. Le potentiel à lui seul ne suffit pas pour nourrir le continent non plus», a-t-il déclaré. Le responsable qui a d’ores et déjà eu des échanges avec le président du directoire de Masen, Mustapha Bakkoury, n’a d’ailleurs pas manqué d’exprimer sa grande impression concernant les progrès du Maroc dans le domaine thermo solaire. «Masen sera utilisée comme exemple pour l’Afrique. Au Maroc, vous montrez qu’en Afrique on peut faire les choses en grand», conclut-il.
Le 24 Juillet 2016
SOURCE WEB Par Aujourd'hui le Maroc
Les tags en relation
Les articles en relation

Anticipations de la BAD pour la Croissance au Maroc en 2024-2025
La Banque africaine de développement (BAD) prévoit une amélioration modérée du produit intérieur brut (PIB) réel du Maroc au cours des prochaines années...

Soupçons d’intelligence avec un Etat étranger derrière l’interdiction pour Bakkoury de quitte
Mustapha Bakkoury est interdit de quitter le territoire national, manquant ainsi le vol reliant Casablanca à Dubaï, ce lundi. «Le jeudi, un juge d’instruct...

Changement climatique La métrique de l’adaptation fait débat à l’Université Polytechnique Mo
À la différence de l’atténuation du changement climatique, pour laquelle des outils de mesure existent déjà, la métrique de l’atténuation, quant à e...

Masen lance un appel d’offres pour le «repowering»
L’Agence marocaine pour l'énergie durable (Masen) a lancé jeudi un appel d’offres pour la sélection d’un constructeur EPC (Engineering, Procurement...

Casablanca-Settat veut libérer son potentiel économique
La région met les bouchées doubles pour renforcer son leadership économique et booster son attrait auprès des investisseurs. La région Casablanca-Settat...

Maroc: inauguration au Complexe Noor Ouarzazate d’un système de stockage d’énergie thermique
Un système de stockage d’énergie thermique a été inauguré jeudi au Complexe solaire Noor Ouarzazate, dans le cadre d’un projet conjoint de recherche et...

La BAD compte sur le Maroc pour éviter une crise alimentaire en Afrique
Face à la famine qui guette l’Afrique à cause de la guerre en Ukraine, l’Office Chérifien des phosphates (OCP), géant marocain des phosphates et la Banq...

Les 5 leviers à activer pour la promotion de l’entrepreneuriat au Maroc
Se référant à une étude menée par la BAD et le ministère de l’économie et des finances, le Maroc dispose d’un potentiel entrepreneurial conséquent �...

BAD: l'urgence est à l'industrialisation du continent africain
La Banque africaine de développement, qui a lancé son rapport 2018 sur les perspectives économiques en Afrique, accorde la priorité à l’industrialisation...

Economie marocaine : Entretien avec Leïla Farah Mokaddem, Représentante de la BAD au Maroc
Leïla Farah Mokaddem : «La résilience de l’économie marocaine est la résultante de politiques et stratégies sectorielles ambitieuses». Le Maroc est ...

Politique climatique : Le Maroc joue dans la cour des « meilleurs »
Lors d’une intervention à Genève dans le cadre des 19èmes Assises européennes de la transition énergétique, Mustapha Bakkoury, président du directoire ...

La liste complète des hommes d'affaires qui accompagnent le roi dans sa tournée africaine
La présidente de la CGEM, Mériem Bensalah-Chaqroun conduit une importante délégation économique accompagnant le roi Mohammed VI dans sa tournée africaine ...