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Tourisme: Encore une année de disette!

Tourisme: Encore une année de disette!

La baisse française installée et les marchés allemands et anglais également affectés

Un retour à «la normale» à espérer à partir de 2017

A mi-parcours de la Vision 2020 qui ambitionnait 20 millions de touristes et 85 milliards de dirhams de recettes, le Maroc en a attiré à peine la moitié. Aujourd’hui, ces objectifs ont été revus à la baisse

On ne pouvait pas s’attendre à des miracles dans une ambiance forcément morose et très tendue pour le tourisme. Et c’est donc bien un bilan inquiétant de l’activité touristique qui a été présenté lors de l’assemblée ordinaire de la CNT (Confédération nationale du tourisme) tenue récemment à Marrakech. «Visiblement, l’année en cours connaîtra les mêmes contre-performances que 2015 et on pourrait espérer une reprise à partir de 2017», estime Said Mouhid, président de l’Observatoire du tourisme.

Les dernières actualisations exhaustives communiquées de son département (à fin mars) font état d’une poursuite de la baisse des arrivées de touristes internationaux mais surtout des nuitées. Ainsi, si les nuitées de Marrakech sont restées stables, celles d’Agadir ont diminué de 2%. Les autres destinations ont affiché des résultats contrastés avec -22% à Fès, suivie de la ville de Rabat ( -7%). Alors que Casablanca et Tanger ont connu des hausses de 6% et 5% respectivement. Sur l’indicateur des recettes, la destination s’en sort plutôt bien, puisqu’elle a réalisé une progression de 6,6% malgré la baisse des arrivées. Sur la période allant de janvier à mars derniers, les recettes ont totalisé 12,1 milliards de DH. Mais la tendance générale, depuis 2014, est que la croissance du flux net des recettes voyages reste très erratique.

La montée de l’insécurité dans la région pénalise l’activité touristique et reporte sine die les décisions et budgets voyages. Pis encore, ce sont les principaux marchés émetteurs, les pourvoyeurs traditionnels, qui enregistrent les contre-performances sur les arrivées. En effet, à côté des baisses du marché français, 2016 connaît aussi des replis sur la Grande-Bretagne et l’Allemagne (-9% et -12%), alors que ces deux marchés avaient permis au Maroc d’absorber le grand repli français en 2015 et de compenser les pertes. La crise des migrants, les incidents de Cologne et Munich... expliquent ces baisses sur ces marchés stratégiques pour une destination comme le Maroc. «Il est impératif d’imaginer un plan de riposte spécialement dédié à la communication sur l’image et la sécurité de la destination», insiste Fouzi Zemrani, vice-président de la CNT. Depuis le début de la crise du tourisme, fin 2014, les actions pour atténuer ces baisses restent très faibles et les budgets aussi.

D’ailleurs, la loi de finances a revu à la baisse le budget de promotion alloué à l’ONMT. «On a l’impression que le secteur a été relégué au rang d’industrie secondaire alors qu’il reste un levier de croissance important de l’économie marocaine et une pièce maîtresse de la diversification de l’économie nationale», souligne Abdelatif Kabbaj, président de la CNT. Le binôme Kabbaj/Zemrani à la tête de la CNT a tenu également à présenter les différents chantiers identifiés par la confédération et pour lesquels le bureau a bien avancé. Malheureusement, leur mise en œuvre souffre de lourdeurs administratives. Il en est ainsi du Moroccan Convention Bureau, du Meeting Morocco (salon international du tourisme). En revanche, la CNT a réussi avec l’aide du ministère de tutelle à obtenir la régionalisation des vacances et avancer le chantier de la formation puisqu’elle a établi 5 projets soumis dans le cadre du Millenium Challenge Account. Enfin, l’autre chantier pour lequel milite la CNT est au niveau des réformes règlementaires à mettre en place pour légiférer tout ce qui est informel (Online Travel Agency, Uber, AirBNB…) et qui menace un certain nombre d’entreprises, notamment les agences de voyages, les établissements d’hébergement et les transporteurs.

Contrat progrès

Pour renforcer les capacités de la CNT et des fédérations métiers, le binôme Kabbaj/Zemrani a réussi à négocier un soutien des ministères du Tourisme et des Finances avec un contrat progrès pour deux ans. Ce contrat permettra de cofinancer les actions, les études que pourraient mener la CNT et ses fédérations et les actions qui permettraient à moyen terme aux différentes associations métiers de se mobiliser autour de la Vision 2020. L’Etat va mobiliser ainsi 12 millions de DH sur 2 ans à titre de soutien et les professionnels autant. A noter que ce contrat progrès intervient à la place d’une augmentation d’un dirham additionnel de la taxe professionnelle touristique (TPT) et qui devait être versé à la Confédération nationale du tourisme.

Le 31 Mai 2016
SOURCE WEB Par L’économiste

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