Attaque contre Grand-Bassam : la France symboliquement visée
En envoyant leurs tueurs frapper la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam, les chefs d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) n'ont pas agi au hasard: ils ont frappé symboliquement la France, leur ennemi juré, assurent des analystes.
Premier comptoir français dans la région au milieu du XIXe siècle, sous le nom de "Fort-Nemours", Grand-Bassam, cible dimanche d'une attaque jihadiste qui a fait 16 morts, a aussi été à partir de 1893 le premier centre administratif colonial français.
Aujourd'hui encore, un pont sur la lagune sépare le quartier "France", avec ses villas historiques et son hôtel du même nom, de celui de "Petit Paris".
"Frapper la Côte d'Ivoire, c'est bien évidemment une façon de s'en prendre à l'allié historique de la France dans la région" explique à l'AFP Antoine Glaser, africaniste qui vient de publier "Arrogant comme un Français en Afrique" (Fayard).
Grand-Bassam, "c'est la capitale historique de la colonisation française, il y un musée avec des missionnaires, un cimetière français... C'était la cible parfaite pour envoyer un message contre la France en Afrique. C'est même étonnant que ça n'ait pas été davantage protégé".
"Pour Aqmi, cela permet de dire à Paris : +Vous voyez, vous faites la chasse aux jihadistes au Mali, au nord du Niger, dans la bande sahélo-saharienne, mais nous on vous tape au coeur du business et de la présence française dans la région. En plus, on cible Grand-Bassam, site historique où vos cadres expatriés vont à la plage le dimanche+", poursuit-il.
L'armée française est de longue date présente sur le territoire ivoirien, avec actuellement six cents hommes répartis dans quatre bases, dans les environs d'Abidjan.
Cette attaque contre une plage, ce que les militaires appellent une "cible molle" parce que peu ou pas protégée, est la première en Côte d'Ivoire mais la dernière d'une série qui, de Sousse (Tunisie) à Bamako (Mali) et Ouagadougou (Burkina Faso), ont récemment visé des lieux fréquentés par des touristes français ou occidentaux en Afrique.
C'est ce qu'un chef d'Aqmi, Yahya Abou El Hamame, annonçait quand, dans une interview en janvier au site mauritanien Al-Akhbar, il menaçait d'attaquer les "Croisés" et de "les frapper, ainsi que les intérêts occidentaux chez eux".
Pour l'expert mauritanien des mouvements jihadistes Isselmou Ould Salihi, "le coup d'Aqmi en Côte-d'Ivoire était plus que prévisible, car c'est l'un des premiers alliés de la France dans la région. On peut en conclure que l'extension des frappes d'Aqmi dans la région est le prolongement normal de la guerre qui se poursuit contre les jihadistes dans le nord du Mali".
"Les pays qui participent à la Minusma (la Mission de l'ONU au Mali, ndr) seront ainsi directement ou indirectement visés, frappés un à un", précise-t-il à l'AFP. Ainsi, selon lui, "la cible prochaine peut logiquement être le Sénégal, beaucoup plus proche que le Burkina Faso par exemple, et qui s'est invitée au débat et au front anti-Aqmi".
"Par ces actions meurtrières, Aqmi vise à affaiblir les alliés de la France ou ceux qui prennent part à la Minusma pour les amener à la quitter ou à réduire leur présence au Mali, à frapper l'économie de ces pays qui se construit généralement autour du secteur touristique et à faire des coups d'éclat, en visant des centres à fortes concentrations humaines, où les Occidentaux sont les plus présents", souligne cet expert.
Les menaces contre ce pays si intimement lié à la France montaient régulièrement, au point que tous les observateurs se demandaient quand et où l'attaque allait intervenir.
Robert Besseling, directeur du cabinet de gestion de risques spécialisé sur l'Afrique "Exx Africa", assure que "la Côte d'Ivoire a été depuis au moins un an prévenue par les services secrets français que les jihadistes préparaient des attaques contre ses principales villes".
"Des informations tirées de sources humaines et d'interceptions de communications ont révélé que les groupes islamistes prévoyaient de placer des voitures piégées ou d'attaquer des lieux publics ou des plages fréquentées par des expatriés en Côte d'Ivoire ou au Sénégal", ajoute-t-il.
Le 14 Mars 2016
SOURCE WEB Par Atlas Info
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mardi 15 mars 2016
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