Palmier dattier au Maroc : résilience et défis face à la sécheresse persistante
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Le développement de la filière du palmier dattier au Maroc est confronté à une sécheresse persistante depuis sept ans, entravant la mise en œuvre du contrat-programme visant l’autosuffisance en dattes d’ici 2030. Cependant, les zones d’extension, dotées d’infrastructures modernes et de techniques agricoles avancées, compensent en partie le déclin des palmeraies traditionnelles durement affectées par la rareté des précipitations.
Un secteur fragilisé par la sécheresse prolongée
Le contrat-programme signé entre l’État et les professionnels du secteur ambitionne la plantation de cinq millions de palmiers dattiers, dont trois millions destinés à la réhabilitation des palmeraies traditionnelles. Toutefois, la sécheresse a freiné cette dynamique. « On ne peut pas réaliser le programme comme prévu dans ces conditions climatiques », affirme Mohamed Rachid Hamidi, vice-président de l’interprofession Maroc Dattes.
Le déficit hydrique a conduit à une surexploitation des ressources souterraines, tarissant les khettaras, un système traditionnel d’irrigation. Pour y remédier, l’État a instauré une gestion participative de la nappe phréatique sur l’axe Meski-Boudnib, visant à réguler l’usage de l’eau et préserver le bassin hydrique du Guir-Ziz-Rhéris.
Drâa-Tafilalet : l’épicentre du palmier dattier en crise
La région de Drâa-Tafilalet, qui génère plus de 90 % de la production nationale de dattes, est particulièrement touchée par la sécheresse. Le programme de densification des palmeraies traditionnelles y est ralenti : seuls 571.150 vitroplants ont été implantés, soit 22 % des objectifs fixés pour 2030.
L’impact de cette crise se traduit par :
- Une baisse de la production de 24 % en 2024 par rapport à une année normale.
- Une pression financière accrue sur les agriculteurs, dont les revenus reposent essentiellement sur la vente des dattes.
- Une raréfaction des ressources en eau, affectant l’ensemble du cycle de production.
Toutefois, la diversité variétale reste un atout, avec des dattes de haute valeur comme Mejhoul (40 %), Bouffegouss (43 %) et Najda (5 %), malgré les contraintes climatiques.
Les zones d’extension : un levier de résilience pour la filière
Face aux difficultés des palmeraies traditionnelles, les zones d’extension constituent une alternative stratégique. Grâce aux avancées technologiques et à l’irrigation localisée, elles affichent un taux de réalisation de 70 %, avec 12.000 hectares plantés. Ces nouvelles exploitations représentent aujourd’hui environ 30 % de la production nationale et pourraient atteindre 40 % dans les prochaines années.
Dans la zone d’extension de Drâa-Tafilalet, 1.194.531 palmiers ont été plantés sur 10.515 hectares. En 2024, la production y a atteint 18.000 tonnes, soit 40 % de la récolte d’Errachidia. Cependant, la hausse de l’offre a entraîné une baisse des prix de la variété Mejhoul.
Investissements et perspectives pour l’avenir
Entre 2020 et 2024, la région de Drâa-Tafilalet a bénéficié d’un investissement global de 1,2 milliard de dirhams pour le développement de la filière dattière, avec un apport annuel moyen de 317 millions de dirhams. Sept investisseurs étrangers sont également impliqués dans cette dynamique, représentant 8 % des projets implantés.
Malgré ces efforts, l’objectif d’autosuffisance nationale en dattes reste un défi majeur, les importations couvrant encore 50 à 60 % de la consommation locale. L’essor des zones d’extension et l’adoption de pratiques agricoles durables seront déterminants pour assurer la pérennité du secteur face aux aléas climatiques.
Le 24/02/2025
Rédaction de lanouvelletribune
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