Maroc : pénurie de bétail et flambée des prix avant l'Aïd

Alors que les résultats officiels du recensement du cheptel national ne sont pas encore publiés, des sources bien informées confirment une baisse inquiétante de près d’un tiers du nombre de têtes de bétail destinées à Aïd Al-Adha. Cette situation menace la stabilité du cheptel marocain et risque d'aggraver la flambée des prix de la viande.
Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui rapporte cette information dans son édition du mardi 11 février, l’offre de bétail pour Aïd Al-Adha a chuté de 30 % par rapport à l’année précédente. En 2023, environ 5,8 millions de têtes d’ovins et de caprins avaient été recensées avant la fête, tandis que la demande atteignait 6,8 millions d’ovins et un million de caprins.
Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs : la sécheresse persistante qui a détruit les pâturages, l’augmentation des prix des aliments pour bétail sur les marchés internationaux, ainsi que l’abattage intensif des femelles ovines et caprines, malgré son interdiction par le ministère de l’Agriculture.
Une crise accentuée par la spéculation des intermédiaires
Outre la rareté du bétail, des intermédiaires opportunistes exploitent cette situation pour faire pression sur les éleveurs en difficulté, les incitant à vendre leurs bêtes à bas prix. Ces pratiques ont entraîné une chute du prix des ovins d’environ 500 dirhams par tête ces dernières semaines.
Cependant, cette baisse des prix pour les éleveurs ne se traduit pas par une réduction des coûts pour les consommateurs. Bien au contraire, les prix de la viande rouge ont presque doublé en trois ans, passant de 65 à 120 dirhams le kilogramme pour la viande bovine, et de 70 à 150 dirhams pour la viande ovine et caprine.
Le recensement du cheptel : un enjeu stratégique pour l’avenir du secteur
Le recensement en cours, mené par le ministère de l’Agriculture en collaboration avec l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC), vise à fournir des données précises sur l’état du cheptel, ses races et sa répartition géographique. Ces informations seront essentielles pour mettre en place des stratégies de soutien au secteur, notamment en favorisant les races les mieux adaptées aux conditions climatiques difficiles.
Malgré les milliards de dirhams investis par le gouvernement pour soutenir les éleveurs et stabiliser le marché, les résultats restent décevants. À l’approche d’Aïd Al-Adha, la tension sur l’offre de bétail et la hausse continue des prix suscitent de vives inquiétudes chez les consommateurs comme chez les professionnels du secteur.
Le 12/02/2025
Rédaction de lanouvelletribune
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