Paiements électroniques : vers la fin du quasi-monopole du CMI au Maroc ?
Le Centre monétique interbancaire (CMI), qui domine depuis des années le marché des paiements électroniques au Maroc, pourrait bientôt perdre son quasi-monopole. Le Conseil de la concurrence a récemment accepté les engagements proposés par le CMI et ses banques actionnaires, visant à favoriser une concurrence plus équitable et à réduire les coûts pour les commerçants.
Le marché des paiements électroniques, largement dominé par le CMI depuis sa création, est sur le point de connaître un tournant majeur. En effet, des engagements soumis par le Centre et ses neuf banques actionnaires ont été validés par le Conseil de la concurrence. Ces mesures ont pour objectif d’améliorer la concurrence, notamment dans les transactions par terminal de paiement électronique (TPE) et les paiements en ligne (PEL).
Contexte de la saisine
Le 16 mai 2023, la société NAPS a saisi le Conseil de la concurrence, dénonçant des pratiques anticoncurrentielles présumées sur le marché des paiements électroniques, attribuées au CMI. L’organisme interbancaire, créé en 2001, aurait selon la plainte exercé une domination nuisible à la concurrence.
En réponse, une enquête approfondie a été lancée, au cours de laquelle plusieurs acteurs du secteur des paiements ont été auditionnés. Les résultats ont mis en lumière un déséquilibre persistant, malgré l’ouverture du marché à la concurrence en 2015. Jusqu’à cette date, le CMI opérait en situation de monopole, détenant plus de 97 % des parts de marché dans l’acquisition des paiements électroniques.
Les engagements du CMI pour renforcer la concurrence
Face aux préoccupations du Conseil de la concurrence, le CMI et ses actionnaires bancaires ont soumis une série de mesures destinées à stimuler la concurrence. Parmi ces engagements figure la cession des contrats d’adhésion des commerçants liés aux TPE et aux paiements en ligne à de nouveaux acteurs du marché. Cette ouverture facilitera l’entrée d’établissements de paiement et de filiales bancaires, contribuant ainsi à une diversification des offres.
Le CMI continuera à fonctionner comme plateforme technique, assurant l’interopérabilité des paiements dans des conditions transparentes. Il conservera également la gestion de la plateforme Fatourati, dédiée au paiement des factures, tout en respectant un plafonnement des commissions d’interchange conformément aux directives de Bank Al-Maghrib.
Ce plafonnement permettra aux commerçants de bénéficier de réductions significatives sur les frais de transaction, encourageant ainsi une adoption plus large des paiements par carte bancaire.
Un suivi renforcé sur deux ans
Pour veiller à la bonne mise en œuvre de ces engagements, le Conseil de la concurrence et Bank Al-Maghrib mettront en place un mécanisme de suivi pendant deux ans. Le CMI devra soumettre des rapports semestriels détaillant les progrès réalisés, tandis qu’un comité conjoint supervisera la transition vers un marché plus compétitif.
Les parties intéressées ont jusqu’au 30 octobre 2024 pour soumettre leurs observations, après quoi le Conseil rendra sa décision finale. Si ces engagements sont pleinement appliqués, le Maroc pourrait voir émerger une diversité d’acteurs sur le marché des paiements électroniques, stimulant ainsi l’innovation et l’inclusion financière.
Le 30/09/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
www.darinfiane.comwww.cans-akkanaitsidi.net www.chez-lahcen-maroc.com
Les tags en relation
Les articles en relation
Entente sur les prix des carburants : les leaders du marché plaident coupables
En réponse aux griefs de soupçons d’entente transmis par le Conseil de la concurrence, les trois principaux acteurs du secteur des carburants n’ont pas co...
#Maroc_Recettes_Fiscales: Le Maroc dispose de marges de manœuvre pour collecter plus de recettes fi
Le Maroc n’exploite pas entièrement sa capacité fiscale et dispose d’un écart fiscal de 6,7 points de PIB, d’après un document de travail réalisé pa...
Rapport du Conseil de la Concurrence : Suivi des Engagements des Distributeurs de Carburants et Impa
Le Conseil de la Concurrence a publié un rapport sur le suivi des engagements des distributeurs en gros de gasoil et d'essence, issus d'accords transac...
Le conseil de la concurrence s’active
Le conseil de la concurrence adopte à l’unanimité son rapport annuel 2019 et le projet d’avis relatif à la situation de la concurrence sur le marché du ...
Hammad Kassal : «Eliminer les goulots d’étranglement de l'économie nationale»
Sur le plan de l’activité économique, les motifs de satisfaction pour 2019 sont peu nombreux pour Hammad Kassal, président de la Commission financement et ...
Loi sur la concurrence: ce qui est permis, ce qui est interdit
Prix, ententes, abus de domination… Retour sur les principales dispositions de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence. La loi ...
Mécanisme, objectifs, périmètre… Ce qu’il faut savoir sur la prochaine entrée en vigueur du
Une source de Bank Al-Maghrib apporte de nouvelles précisions sur le projet de mise en œuvre du virement instantané entre banques, dont la mise en production...
«L’objectif de la ZLECAf est d’ériger l’Afrique en zone de libre-échange»
Le Royaume du Maroc apportera sa contribution à bien des égards, que l’on ne saurait résumer à sa seule situation géographique avantageuse, carrefour ent...
Perspectives Économiques du Maroc : Une Croissance de 5 % Attendue en 2025 Selon Fitch Solutions
La croissance économique du Maroc devrait atteindre 5 % en 2025, après une estimation de 2,6 % en 2024, selon une analyse récente du cabinet BMI, filiale de ...
Mission : ranimer le Conseil de la concurrence
Le nouveau président du Conseil de la concurrence semble avoir une idée claire de sa nouvelle mission. Celle-ci se résume en trois points : préserver le ...
Maroc : hausse vertigineuse des faillites d’entreprises
Une « hausse vertigineuse » du nombre de défaillances d’entreprises devrait toucher le Maroc, selon Allianz Trade, leader mondial de l’assurance-crédit....
#Maroc_Mesures_fiscales : ce qui va changer avec le PLF 2023
La ministre de l’économie et des finances, Nadia Fettah, a présenté, lundi, devant la commission des finances, de la planification et du développement éc...