La mise en œuvre de mégaprojets dans le désert saoudien entraîne une rapide vidange des finances du royaume

Face à la nécessité de réduire sa dépendance aux revenus pétroliers et de diversifier son économie, l'Arabie saoudite s'est lancée dans une série de mégaprojets au cours des dernières années. Cependant, ces initiatives ambitieuses ont mis à mal ses finances, contraignant le royaume à recourir à l'emprunt pour compenser les déficits.
Au fil du temps, l'Arabie saoudite a bâti sa réputation sur des mégaprojets visant à diversifier son économie et à diminuer sa dépendance aux revenus pétroliers, tout en intensifiant l'utilisation des énergies fossiles dans les pays pauvres. Ces projets, qu'ils concernent le tourisme, les infrastructures ou les énergies renouvelables, impliquent des investissements massifs, entraînant des déficits budgétaires à court terme. Le Wall Street Journal a récemment rapporté que les projets que l'Arabie saoudite cherche à développer dans le désert ont fortement érodé ses finances.
Au cours des derniers mois, le Moyen-Orient a été le théâtre de projets d'investissements massifs, tels qu'un plan de 100 milliards de dollars pour l'électronique et les semi-conducteurs, un complexe immobilier de 48 milliards de dollars sous forme de cube, et une compagnie aérienne internationale. Les mondes du golf et du football ont également été secoués par des offres visant à transférer des joueurs de la Premier League anglaise vers le championnat local.
Il n'est donc pas surprenant que le fonds souverain de l'Arabie saoudite, responsable de ces initiatives, ait annoncé au début de 2024 une chute d'environ 75% de ses réserves de trésorerie à l'automne dernier, les faisant descendre à environ 15 milliards de dollars. Depuis décembre 2020, date à laquelle le fonds, également appelé PIF, a commencé à communiquer sur le sujet, c'est le niveau le plus bas enregistré.
Pour combler ces déficits, le royaume a choisi de se tourner vers l'emprunt et envisage également une nouvelle vente massive d'actions de Saudi Aramco, le géant pétrolier, selon des sources proches du dossier citées par le Wall Street Journal. Ainsi, Riyad envisage de céder 1% d'Aramco sous forme d'actions à des investisseurs en Bourse pour obtenir des liquidités.
Ces emprunts considérables et ces dépenses colossales reflètent les ambitions démesurées du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) pour son pays. Ils soulignent également les défis budgétaires auxquels l'Arabie saoudite pourrait faire face, notamment dans un contexte de prix du pétrole modérés et de taux d'intérêt élevés.
Le pays du Golfe se trouve actuellement à mi-chemin de son plan de développement économique baptisé Vision 2030, visant à devenir une puissance économique indépendante du pétrole. Cependant, la mise en œuvre de mégaprojets tels qu'une station balnéaire sur la mer Rouge ou la ville de Neom, avec des travaux estimés à 500 milliards de dollars, soulève des interrogations quant à leur viabilité financière.
Tim Callen, chercheur invité au sein du think tank Arab Gulf States Institute, analyse la situation en soulignant que la réalisation de ces projets pourrait nécessiter un financement supplémentaire de 270 milliards de dollars d'ici à 2030. Cela pourrait contraindre le gouvernement à prendre davantage de risques budgétaires, soit en diminuant les réserves ancrant le riyal saoudien au dollar, soit en augmentant la dette.
Le PIF a déjà indiqué s'attendre à recevoir davantage d'argent du gouvernement, selon le Wall Street Journal. En 2024, le royaume prévoit un déficit budgétaire de 21 milliards de dollars, soit près de 2% de son PIB, alors qu'il anticipait auparavant des excédents. Riyad envisage maintenant des déficits annuels modestes jusqu'en 2026.
Bien que l'Arabie saoudite ne semble pas être au bord d'un effondrement financier imminent, avec une marge de manœuvre budgétaire importante, des risques subsistent. La chercheuse Karen Young n'exclut pas la possibilité que plusieurs grands projets soient bloqués ou annulés en raison de leur rentabilité incertaine face à l'augmentation des coûts. Cependant, même en cas de tels scénarios, l'État devrait probablement continuer à soutenir le PIF au cours des prochaines années, avec une abondance d'argent jusqu'en 2030, avant l'inévitable "heure des comptes.
Le 23/02/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
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