Climat : les pays riches ont envoyé 100 milliards de dollars d'aide... avec deux ans de retard

L'OCDE a annoncé, ce jeudi, que les pays riches ont « probablement » respecté leur promesse de verser 100 milliards de dollars par an aux pays en développement, pour les aider à faire face aux conséquences du changement climatique. Cette somme massive a cependant été atteinte avec deux ans de retard.
Bonne nouvelle pour les pays en développement exposés aux changements climatiques. Chargée de la compatibilité officielle de cette promesse, l'OCDE a déclaré que les pays riches avaient atteint 89,6 milliards de dollars d'aide climatique pour 2021, ajoutant que « sur la base de données préliminaires et non encore vérifiées, l'objectif a probablement été atteint » l'année suivante.
Pour rappel, sous l'égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique (CNUCC), les pays riches, principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, s'étaient engagés à porter à 100 milliards de dollars par an leur aide climatique d'ici 2020. Mais les choses ont pris plus de temps que prévu. Le retard pris pour honorer cette promesse est devenu un motif de tension majeur, voire de blocage, dans les négociations climatiques internationales. Or celles-ci culmineront cette année lors de la COP28 du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï.
Une aide toujours insuffisante
Si finalement, 2022 doit être l'année où les pays riches ont respecté leur promesse de financements, leur aide n'est toujours pas suffisante pour que les pays en développement affrontent les défis climatiques, alerte l'OCDE.
« D'ici 2025, on estime que les pays en développement auront besoin d'environ 1.000 milliards de dollars par an pour les investissements climatiques, ce chiffre passant à environ 2.400 milliards chaque année entre 2026 et 2030 », rappelle Matthias Cormann, secrétaire général de l'OCDE, dans le préambule du rapport.
« Pour combler ce déficit, ces pays devront recourir à toute une série de sources de financement publiques, privées, nationales et internationales », souligne-t-il. « Bien que le financement public ne puisse contribuer qu'en partie à ces besoins considérables, une participation accrue des bailleurs internationaux est essentielle ».
Et l'OCDE n'est pas la seule institution à pointer du doigt le manque de financement envers les pays en développement. Dans son dernier rapport annuel sur le financement de l'adaptation climatique publié le 2 novembre dernier, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) affirme que le financement des pays en développement a reculé de 15% en 2021 sur un an, signe que la lutte contre le changement climatique « patine », a déploré son secrétaire général Antonio Guterres. Il estime que certains de ces pays exigeraient même des financements jusqu'à 18 fois supérieurs aux montants actuels. Au total, le rapport souligne que « le déficit de financement se creuse, désormais compris entre 194 et 366 milliards de dollars par an », en dépit de l'accélération du réchauffement climatique.
Selon l'analyse du PNUE, le financement public pour l'adaptation des pays pauvres était de 21,3 milliards de dollars en 2021, contre 25,2 milliards de dollars en 2020.
L'UE annonce une « contribution financière substantielle »
Dans ce contexte, l'Union européenne a voulu montrer patte blanche. Le 13 novembre, le commissaire européen chargé du Climat, Wopke Hoekstra, a annoncé la préparation d'une « contribution financière substantielle » des 27 au fonds « pertes et dommages » climatiques des pays vulnérables.
La crédibilité du démarrage de ce nouveau fonds dédié à soutenir les pays les plus exposés aux conséquences climatiques aura une influence majeure sur le reste des négociations, destinées à accélérer la réduction des gaz à effet de serre de l'humanité, responsables du réchauffement climatique.
« La présidence de la COP28 et le commissaire européen ont souligné l'importance de rendre opérationnels le fonds de financement des "pertes et dommages" lors de la COP28 et l'importance des promesses de dons initiales », affirme la déclaration Wopke Hoekstra, co-écrite avec le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber. « La COP28 est une occasion déterminante de faire preuve d'unité et de restaurer la foi dans le multilatéralisme dans un monde polarisé », affirment les deux auteurs.
Le 16/11/2023
Source web par : latribune
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