Stress hydrique : En attendant la méga-station de Casablanca, le chantier de dessalement avance
L’eau dessalée arrive bientôt à El Jadida et Safi en attente de la grande station de Casablanca dont le processus d’adjudication avance. Détails.
La gestion du stress hydrique occupe désormais une partie importante de l’agenda parlementaire. Cette question est toujours à l’ordre du jour à chaque fois que le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, se rende à la Chambre des Représentants pour rendre compte de sa politique aux députés. Le ministre, qui s’est vu confier l’un des portefeuilles les plus stratégiques de ce quinquennat, est venu porteur d’une bonne nouvelle. Bientôt les villes d’El Jadida et de Safi seront alimentées en eau potable par le biais du dessalement des eaux de mer grâce un projet mené par l’Office Chérifien des Phosphates (OCP). Un projet qui sera opérationnel dès juillet 2023, a fait savoir le ministre en réponse aux questions des députés lors de la séance parlementaire hebdomadaire dédiée aux questions orales.
Al-Massira : soulager un barrage épuisé
Baraka s’est félicité de ce projet vu que l’alimentation des deux villes permettra de soulager profondément le barrage Al-Massira, dont les réserves ont chuté de façon inquiétante. Cet immense réservoir ne compte plus que 90 millions de mètres cubes d’eaux alors qu’il a une capacité de stockage de 2,7 milliards. C’est dire à quel point la situation est inquiétante pour ce barrage qui n’est rempli actuellement qu’à hauteur de 3,7%.
Bien que les deux villes susmentionnées soient bientôt alimentées indépendamment du barrage Al-Massira, il y a encore du travail à faire pour le soulager complètement. Ceci passe par la très attendue station de dessalement de Casablanca. Interrogé sur ce point, Nizar Baraka a donné des nouveautés concernant ce chantier, dont le retard a soulevé plusieurs critiques sur le gouvernement précédent vu sa vitalité pour la stratégie nationale.
Pour le ministère de tutelle, les choses sont claires. Ce projet, compte tenu de son importance, ne fait pas l’objet d’un simple appel d’offres, mais d’un partenariat public-privé, lancé par l’Office National de l’Electricité et de l’Eau potable (ONEE). Jusqu’à présent, les travaux sont en cours afin de choisir une société adjudicataire, sachant qu’il y en a plusieurs qui concourent actuellement pour obtenir ce marché. « Nous avons demandé à chacune des sociétés de fournir leurs offres, nous les avons reçues, mais elles n’ont pas été à la hauteur de nos exigences et, par conséquent, nous leur avons demandé de revoir leurs offres », a expliqué Nizar Baraka, rappelant que l’étude des offres a pour principal objectif d’en choisir la moins chère, en tirant le maximum possible profit du jeu de la concurrence entre les sociétés candidates.
Station de Casablanca : le calendrier dévoilé
Maintenant, le calendrier est clair. On devrait connaître l’identité de la société adjudicatrice en août prochain, selon M. Baraka, qui a rappelé que c’est à l’ONEE qu’incombe le traitement des offres relatives à l’adjudication.
L’approvisionnement de Casablanca dépend également de l’interconnexion entre le barrage de Garde Sebou et celui de Sidi Mohammed Ben Abdellah qui sert en même temps à alimenter Rabat. En plus de cela, les autorités compétentes ont dû également relier Casa Nord et Casa Sud.
Nizar Baraka est revenu sur l’importance du dessalement qui, selon ses explications, est l’épine dorsale de la stratégie nationale de lutte contre la sécheresse qui a épuisé visiblement les nappes phréatiques et impacté gravement les ressources des barrages. Force est de constater que le niveau de remplissage des barrages ne dépasse pas 32,3%, selon le bulletin quotidien du ministère de tutelle. Un chiffre inférieur au niveau enregistré durant la même période l’année précédente (33,5%).
En plus du dessalement, le paquet est mis également sur l’interconnexion entre les bassins hydrauliques. Ceci est l’un des aspects centraux du Programme National pour l'Approvisionnement en Eau Potable et l'Irrigation 2020-2027, auquel le gouvernement a alloué une enveloppe additionnelle, sur Hautes instructions royales. (Voir repères).
Toutes ces mesures susmentionnées ont pour but de soulager les barrages et préserver leurs ressources. Ceci dit, le dessalement permettra de ménager les eaux des barrages pour qu’elles soient utilisées confortablement dans l’agriculture et l’alimentation des villes intérieures.
Petits barrages : un retard à rattraper
Ce à quoi s’ajoute la poursuite de la construction des barrages dont le gouvernement veut augmenter la cadence. Nizar Baraka a précisé, à cet égard, que son département a convenu avec les sociétés délégataires de réduire la durée des chantiers en cours. « Nous avons réuni l’ensemble des sociétés concernées et nous avons pu obtenir que la durée de construction soit réduite au minimum de 6 mois », a-t-il indiqué, soulignant que cette accélération est bénéfique aussi bien pour la consommation domestique que pour l’agriculture.
Le gouvernement tente ainsi de rattraper un retard qui date de plusieurs années, sachant que l’ancien gouvernement n’a pas investi assez dans les petits barrages. « Comme vous le savez très bien, nous avons trouvé un nombre dérisoire de ce type de barrages », a regretté le ministre, rappelant que son département s’est fixé l’objectif de porter leur nombre à 129. Aujourd’hui, 19 projets ont été lancés en collaboration avec les Régions, mais ceci demeure insuffisant aux yeux de M. Baraka, qui fait part de sa volonté d’accélérer la cadence.
Anass MACHLOUKH
PROGRAMME NATIONAL : UN COUP DE POUCE BUDGÉTAIRE
L'état d'avancement du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 a été au cœur d’une séance de travail présidée, le 9 mai, par SM le Roi, en présence du ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka. Compte tenu de l’importance de ce programme qui vise à contrer les effets de la sécheresse structurelle à laquelle est confronté notre pays, une rallonge budgétaire a été accordée au programme qui bénéficie désormais d’une enveloppe totale de 143 milliards de dirhams.
Ce budget est de nature à accélérer les chantiers visant à soulager les barrages et à accélérer la cadence des chantiers liés aux sources alternatives. Il a été décidé d’accélérer le projet d’interconnexion des bassins hydrauliques de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia, avec la réalisation en cours de la tranche urgente de cette interconnexion sur 67 km. En parallèle, de nouveaux barrages seront programmés. Ce à quoi s’ajoute l’actualisation des coûts d’une vingtaine de barrages prévus, ce qui permettra ainsi d’augmenter la capacité de stockage de 6,6 milliards m3 d’eau douce.
Concernant les eaux non conventionnelles, le gouvernement, sur Hautes instructions royales, compte passer à la vitesse supérieure à travers la programmation de stations de dessalement de l’eau de mer et l’augmentation des capacités de réutilisation des eaux usées traitées.
Par ailleurs, une attention particulière est accordée au monde rural dont l’Exécutif veut accélérer l’approvisionnement en eau potable, sachant que l’approvisionnement domestique accuse un retard important. Pour ce faire, l’accent est mis sur l’élargissement au maximum de la couverture des douars.
Le 23/05/2023
Source web par : lopinion
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