L’uranium des phosphates tunisien et marocain tourne au feuilleton
Qui aurait dit qu’une simple évocation d’un vieux sujet tunisien quasiment classé tourne au feuilleton international. Il s’agit de l’uranium des phosphates naturels tunisien et marocain.
Il y a quatre mois, le 23 avril 2023, African Manager a publié un article à ce sujet sous le titre « la Tunisie a-t-elle raté d’être un Hub nucléaire », sur la base d’un vieil article concernant cette question, écrit et publié en 2007 sous le titre « Uranium au Maghreb » par le grand savant tunisien de physique nucléaire , mondialement connu, le professeur Béchir Turki, décédé le 13 août 2009 à Mahdia, sa ville natale, et republié, le 11 avril 2023, sur fb, par sa fille, la scientifique tunisienne Nabila Turki Hamza, professeur universitaire de mathématiques, et directrice de l’Institut national d’Informatique de Mahdia.
Justement ! Simple concours de circonstances ou répercussion édulcorée, des récents articles de médias tunisiens (en date du 18 août 2023) ont relayé un rapport publié dernièrement par l’Institut de recherche américain « Middele East Institue » sur la question et reproduisant pratiquement les principales conclusions contenues dans l’article du professeur Béchir Turki et celui d’African Manager, concernant plus spécialement la partie réservée aux phosphates naturels marocains.
Dans l’article du professeur Béchir Turki on lit notamment :
« Il faut que tout le monde sache que, dans les années 60, il y a presque cinquante ans, tout a été fait jusqu’à l’extraction de l’uranium par des ingénieurs et des docteurs spécialistes tunisiens au Centre de Recherches Nucléaires de Tunis-Carthage. Tout le pays a été quadrillé par l’aviation militaire légère équipée d’appareils de détection nucléaire ultra-sensibles. Les résultats sont très positifs : à l’époque, nous avons estimé à 3 milliards de tonnes les réserves des phosphates tunisiens. Nous en avons mesuré les teneurs en uranium naturel : elles fluctuent de 50 ppm (partie par million) à 150 ppm. Au taux moyen de 100 ppm, la Tunisie possèderait une réserve de 300 mille tonnes d’uranium. Nous en avons fait l’extraction expérimentale à un taux qui fluctue autour de 50 % (mais on pourra théoriquement arriver jusqu’à 90%). Au mauvais taux de 50% la Tunisie possède très raisonnablement 150 mille tonnes d’Uranium. C’est une réserve plus que suffisante. En Libye aussi, il existe plusieurs gisements filoniens dont certains possèdent de l’uranium à 12% ».
Pour mémoire, l’uranium du Colorado américain n’est qu’à 10%, le meilleur au monde, déclassé par l’uranium libyen. Nous en avons fait la prospection et l’extraction des premiers grammes (quelques centaines de grammes), grâce au Centre de Recherches Nucléaires de Tajoura que nous avons construit à partir de néant ainsi que la prospection aéroportée que nous avons organisée, une des meilleures au monde.
Au Maroc, le phosphate ayant la même origine de formation doit certainement contenir une quantité respectable d’uranium ».
C’est pourquoi un programme d’exploitation nucléaire doit être réalisé à l’échelle du Maghreb ».
6 millions tonnes
L’article d’African Manager a ajouté, à l’article de Béchir Turki, ce qui suit concernant le phosphate marocain :
« S’agissant du Maroc, en particulier, un article écrit en 2021 sur l’activité de l’Office marocain du phosphate, ou Office chérifien du phosphate, signale sous le titre « l’uranium, trésor caché » que Le Maroc dispose d’importantes réserves d’uranium qui se trouvent mélangées au minerai phosphate brut, estimées à 6 millions de tonnes. L’uranium des phosphates marocains est plus difficile à extraire puisqu’il représente moins de 0,02% du minerai brut. Son prix de revient risque d’être plus élevé que d’autres sources actuelles du minerai dans le monde (notamment au Canada où des minerais contenant jusqu’à 15% d’uranium sont exploités).
Mais une vision à long terme pourrait parier sur l’augmentation possible des prix d’uranium. La tonne d’uranium coûte aujourd’hui environ 50 mille dollars, alors que la tonne d’acide phosphorique coûte 500 dollars ».
Dans le rapport de Middle East Institute, rédigé par le professeur Michael Tanchum, il est mentionné que « les grosses réserves de phosphate du royaume marocain renferment près de 6,9 millions de tonnes d’uranium, ce qui à terme fera du Maroc l’un des ténors mondiaux de ce minerai. La France, dont l’imposant parc nucléaire dévore beaucoup d’uranium, sera très intéressée par la nouvelle, surtout avec le danger qui plane sur son business au Niger, suite au coup d’Etat du 26 juillet dernier ».
Le professeur Michael Tanchum assure que « le Maroc est assis sur des mines d’or avec 73% des réserves mondiales de phosphate naturel. «Selon des estimations géologiques, le phosphate marocain contient plus de trois fois les 1,9 million de tonnes d’uranium contenues dans les plus grandes réserves mondiales de minerai d’uranium en Australie», déclare le chercheur américain, ajoutant que l’OCP possède une solide expertise dans la fabrication de l’acide phosphorique, produit intermédiaire pour obtenir des engrais phosphatés d’où l’uranium peut être extrait.
Le 20/08/2023
Source web par : african manager
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