Qatar 2022 : la Fifa visée par plusieurs plaintes pour greenwashing

Cinq plaintes ont été déposées conjointement mercredi 2 novembre à l'encontre de la Fifa en France, au Royaume-Uni, en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas pour contester les revendications de neutralité carbone relatives à l’organisation de la Coupe du monde Qatar 2022. Les faibles réductions d'émissions de gaz à effet de serre mises en place et les mécanismes de compensation carbone sont pointés du doigt.
À quelques semaines de la controversée Coupe du monde au Qatar, l’ONG Notre Affaire À Tous, à l’origine de l’Affaire du Siècle, a déposé plainte auprès du Jury de Déontologie Publicitaire pour publicité mensongère à l’encontre de la Fifa. Des plaintes similaires ont été déposées conjointement dans quatre autres pays, au Royaume-Uni, en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas pour contester les revendications de neutralité carbone relatives à l’organisation de la compétition au Qatar en 2022.
"La Fifa ne peut pas prétendre tout et n'importe quoi au nom du marketing. Qui peut honnêtement croire que la construction de stades climatisés au milieu du désert puisse être neutre en carbone ? Les fans de football doivent pouvoir profiter de leur sport sans être pris en otage par les choix dramatiques de la Fifa, tant sur le plan humain qu'écologique", explique Jérémie Suissa, délégué général de l'ONG française Notre Affaire À Tous.
"La communication de la Fifa est abusive et mensongère"
La Fifa s’est en effet engagée à organiser un tournoi "neutre en carbone" en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en les compensant. Mais dans un pays approvisionné à 99% par les énergies fossiles, difficile d'avoir recours aux énergies renouvelables. Plutôt que de réductions, la Fifa entend surtout avoir recours à des mécanismes de "compensation carbone". Or, "la compensation ne doit venir normalement qu'en dernier recours, si les émissions ne peuvent pas être réduites", rappelle Notre affaire à tous.
Les plaintes s'appuient notamment sur un rapport de l’organisation Carbon Market Watch qui passe les marchés carbone à la loupe pour lutter contre le greenwashing. Il met en cause la crédibilité de la norme ISO 20121 attribuée à l'événement. "La communication de la Fifa est abusive et mensongère. Elle sous-estime largement les émissions globales des constructions des stades en attribuant seulement une petite partie de leur empreinte carbone à la compétition", indique ainsi Gilles Dufrasne, auteur du rapport. Pas moins de sept stades ont été construits pour l'évènement, et ces derniers seront climatisés. Selon Carbon Market Watch, l'empreinte carbone autour de leur construction pourrait avoir été sous-estimée d'un facteur huit.
Sur le plan de la compensation, "les crédits carbone de la Fifa ne s'appuient pas sur les standards internationaux", précise le chercheur, la Coupe du monde ayant préféré créer son propre programme. "Les crédits achetés sont adossés à des projets de construction de renouvelables en Turquie qui auraient probablement vu le jour sans ces crédits carbone. La nuance est importante car le but des crédits carbone est de financer des projets qui n’auraient pas existé sans eux et non de s’ajouter à un financement déjà bouclé", explique-t-il. En outre, le Qatar doit au total acheter 3,6 millions de crédits pour arriver à la neutralité carbone, mais à ce jour, il n'en a acheté que 200 000.
"Les footballeurs ont la possibilité d'être des leaders d’opinion"
Autre allégation "mensongère" dénoncée : celle de tournoi "le plus compact de l'histoire" avec des distances réduites entre les stades. Mais faute de place à Doha pour loger tous les supporters, le Qatar a mis en place un système de navettes par avion pour les acheminer depuis les pays voisins jusqu’aux stades. "Cela représente 500 vols quotidiens, c'est loin d'être anecdotique", commente Justine Ripoll, responsable de campagne pour Notre Affaire à tous. Les organisations plaignantes considèrent donc que ces allégations sont de nature à induire en erreur les athlètes et les téléspectateurs et qu'elles doivent être retirées.
Parallèlement aux plaintes déposées mercredi 2 novembre, des joueurs et organisations sportives du monde entier ont également adressé une lettre ouverte à la Fifa. Parmi les signataires figurent le joueur de l'Union Berlin et fondateur de We Play Green, Morten Thorsby, le joueur britannique David Wheeler du Wycombe Wanderers FC, la joueuse suédoise Elin Landström de l'AS Roma et Zoe Morse des Chicago Red Stars aux États-Unis, mais aucun joueur français. "Le changement climatique est l'adversaire que nous devons affronter - et nous sommes déjà en pleine prolongation", écrivent-ils.
"En tant que joueur, je m'inquiète vraiment de l'impact du dérèglement climatique sur notre sport et nos vies. Les footballeurs ont la possibilité d'être des leaders d’opinion sur le sujet, mais les déclarations mensongères de la FIFA sur le climat nous entraînent dans la direction opposée. C'est pourquoi il est si important qu'elle modifie son approche pour les futures Coupes du monde", témoigne David Wheeler. Un appel au boycott de Qatar 2022 a également été lancé, soutenu par Vincent Lindon, Éric Cantona, Philipp Lahm, Vikash Dhorasoo, mais aussi Paris, Lille ou encore Marseille.
Le 03/11/2022
Source web par : novethic
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