L'Afrique Face à un Défi d'Infrastructure pour la Coupe du Monde 2026: 17 Nations Sans Stade Homologué
À l'approche des éliminatoires pour la Coupe du monde 2026, un défi majeur se dessine pour le football africain : 17 des 54 nations du continent ne disposent pas de stades répondant aux normes exigées par la Confédération Africaine de Football (CAF). Cette situation met en lumière les difficultés infrastructurelles qui entravent le développement du sport en Afrique.
Alors que les qualifications pour la Coupe du monde 2026 débutent ce mercredi 5 juin, le problème chronique du manque d'infrastructures sportives aux normes internationales refait surface. Selon les dernières données, 17 pays membres de la CAF n’ont toujours pas de stade homologué pour accueillir des matchs internationaux majeurs.
Ce problème n'est pas nouveau, mais il devient de plus en plus préoccupant alors que la CAF impose des exigences accrues en matière d’infrastructures. Des nations comme le Burkina Faso, la Guinée ou le Kenya, qui doivent co-organiser la Coupe d’Afrique des Nations en 2027, ne peuvent actuellement pas accueillir de matchs qualificatifs pour le Mondial 2026.
Les raisons de ce retard sont multiples et enracinées. D’abord, les coûts de construction et de rénovation de stades conformes aux normes de la FIFA sont prohibitifs pour de nombreux pays africains en développement. Ensuite, le manque de planification et de vision à long terme de la part des autorités sportives nationales a souvent relégué les investissements dans les infrastructures au second plan. Enfin, les conflits politiques et l’instabilité chronique dans certaines régions ont gravement entravé les projets d’infrastructure.
Une Opportunité Économique pour les Pays Hôtes
Face à cette situation, la CAF a adopté une attitude plus stricte, n’hésitant pas à sanctionner les pays non conformes en les obligeant à jouer leurs matchs à l’étranger. Cette décision, bien que pragmatique, a des conséquences significatives pour les équipes concernées. En plus de l’inconvénient de jouer loin de leur public, ces délocalisations entraînent des coûts logistiques supplémentaires que les fédérations ont souvent du mal à assumer.
Le Maroc et l’Afrique du Sud, deux pays dotés d’infrastructures de qualité, sont devenus des destinations de choix pour accueillir ces matchs "exilés". Ces déplacements représentent une opportunité économique importante pour ces pays, avec des retombées positives pour l’économie locale, notamment dans les secteurs du tourisme et de la promotion de l'image nationale.
Le Maroc : Un Réfuge pour le Football Africain
Le Maroc se distingue particulièrement comme un havre pour les équipes en quête de terrains neutres. Dans le cadre des troisième et quatrième journées des éliminatoires africaines de la Coupe du monde 2026, les stades marocains accueilleront neuf matchs internationaux entre le 5 et le 11 juin 2024. Huit équipes africaines, dont la Sierra Leone, la République centrafricaine, la Gambie, Sao Tomé-et-Principe, Djibouti, la Guinée, le Tchad et les Seychelles, ont choisi le Maroc pour organiser leurs matchs à domicile.
Grâce à ses infrastructures modernes et à son expérience reconnue dans l’organisation d'événements sportifs majeurs, le Maroc offre un cadre idéal pour ces rencontres. Ses stades aux normes CAF sont répartis dans plusieurs villes, facilitant ainsi l’accueil des équipes et réduisant les coûts logistiques et de préparation. Le Maroc bénéficie également d’un avantage géographique, étant situé au carrefour de l'Afrique du Nord et de l'Afrique de l'Ouest, ce qui rend les déplacements plus simples et moins coûteux.
Pourquoi Pas la Côte d'Ivoire?
Il est intéressant de noter que certaines équipes, notamment la Sierra Leone, la Gambie et la Guinée, géographiquement proches de la Côte d'Ivoire, ont préféré organiser leurs matchs au Maroc plutôt qu’en Côte d'Ivoire. Pourtant, ce pays, qui a récemment accueilli la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2023, dispose d'infrastructures récentes et conformes aux normes de la CAF. Cela soulève des questions sur les raisons qui ont poussé ces pays à ne pas choisir la Côte d'Ivoire, malgré les avantages en termes de proximité et de conditions climatiques similaires.
Au Maroc, les pays contraints de choisir des terrains neutres bénéficient de nombreux services gratuits, à l'exception des frais d'hébergement. Bien que le choix du Maroc puisse être perçu comme le résultat d'un « lobbying », il repose également sur des critères objectifs, tels que la répartition géographique de ses stades modernes et les infrastructures hôtelières et de transport adaptées. Ces facteurs logistiques, financiers et organisationnels ont probablement influencé la décision de ces pays.
Un Défi pour l'Avenir
Cette situation, bien que difficile, pourrait être l'occasion pour les nations concernées de se mobiliser pour relever le défi des infrastructures. Des pays comme l’Ouganda, qui espérait obtenir l’approbation de la CAF en avril 2024 après des travaux de rénovation, et le Soudan du Sud, qui prévoit d’inaugurer un nouveau stade à Juba, montrent la voie en travaillant activement à la mise à niveau de leurs installations.
Il est crucial que les autorités africaines, soutenues par la FIFA et les organisations internationales, accordent une priorité à la construction et à la rénovation des stades. Des investissements massifs et une stratégie de développement à long terme sont indispensables pour combler ce retard infrastructurel.
Les infrastructures modernes ne sont pas seulement un enjeu sportif, mais aussi économique et social. Elles peuvent attirer des investissements, stimuler le tourisme et favoriser la pratique sportive locale, contribuant ainsi au développement global des pays concernés.
Un Appel à l'Action
Les dirigeants du football africain se trouvent donc face à un défi de taille : soutenir les pays les plus défavorisés dans la modernisation de leurs infrastructures tout en veillant à ce que les normes internationales soient respectées. Cet équilibre est essentiel pour le développement durable du football sur le continent.
Le manque d'infrastructures adéquates a des répercussions économiques et sociales significatives. Les stades sont des symboles de fierté nationale, des moteurs du développement touristique et des outils de cohésion sociale. Leur absence prive les populations locales de lieux de rassemblement et de divertissement, freinant l’essor d’une véritable industrie du sport.
Pour que le football africain puisse rivaliser avec les autres continents et offrir à ses populations des infrastructures de qualité, il est indispensable de s’engager dans des investissements ambitieux et stratégiques. Seule une telle mobilisation permettra de réaliser le potentiel du football en Afrique et de transformer cette passion en un vecteur de développement et d’unité pour le continent.
Le 06/06/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
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