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La France cède : il y aura bien un gazoduc pour relier l'Espagne et l'Allemagne

La France cède : il y aura bien un gazoduc pour relier l'Espagne et l'Allemagne

Le chef du gouvernement espagnol a annoncé, ce jeudi, que le projet de gazoduc MidCat destiné à acheminer du gaz à l'Espagne et au Portugal en passant par la France allait être remplacé par un nouveau projet baptisé « Corridor d'énergie verte ». Durée des travaux estimés : « 5, 6 ou 7 ans » avant sa mise en service, estime Madrid. Malgré ce délai « plus long » que le projet initial, la France, qui doutait de l'utilité de l'infrastructure, s'est finalement entendue avec l'Espagne et le Portugal.

Revirement dans le dossier MidCat, ce projet de gazoduc, reliant l'Espagne à l'Allemagne en passant par la France. Depuis plusieurs mois, Paris s'y opposait fermement, tandis que Madrid, Lisbonne et Berlin poussaient pour avancer. Et pour cause, cette infrastructure, dont le nom vient de l'abréviation de Midi (sud de la France) et de la Catalogne (nord-est de l'Espagne), les deux régions qu'il connecterait, permettrait à la péninsule ibérique de reflécher le gaz réceptionné sur les côtes espagnoles et portugaises en direction de l'Europe centrale.

Pour les défenseurs de MidCat, le projet a l'avantage de permettre le transport, dans le futur, de l'hydrogène vert en Europe. Mais officiellement la France par la voix d'Emmanuel Macron s'était  jusqu'ici montrée sceptique assurant que : « Tous les experts aujourd'hui le disent : il est faux de dire qu'un gazoduc pourra demain transporter de l'hydrogène, ça supposera des nouveaux travaux très lourds ».

Ce qu'a confirmé entre les lignes Madrid vendredi en précisant que le pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille pourrait nécessiter jusqu'à sept ans de travaux. Cela prendra « logiquement plus de temps » que pour le MidCat, a déclaré la ministre de la Transition écologique Teresa Ribera sur la radio Catalunya Radio.

« Nous devrons analyser s'il faudra 5, 6 ou 7 ans » de travaux avant sa mise en service.

« Abandon du projet historique MidCat »

Depuis juin, l'Espagne plaidait pour la relancer, obtenant le soutien du Portugal et de l'Allemagne. Jusqu'à finalement convaincre la France.

Celle-ci s'est, en effet, entendue avec l'Espagne et le Portugal, ce jeudi, sur « l'abandon du projet historique MidCat », selon les propos d'Emmanuel Macron à son arrivée au sommet européen consacré à la crise énergétique. Mais, il sera remplacé par « un projet, que nous allons travailler dans les prochaines semaines de manière très intense à trois, visant à désenclaver la péninsule ibérique », a-t-il complété.

« Nous nous sommes entendus pour remplacer le projet MidCat par un nouveau projet, qui s'appellera le Corridor d'énergie verte, pour relier la péninsule ibérique à la France et donc au marché européen de l'énergie entre Barcelone et Marseille », a confirmé le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez.

« L'objectif est de travailler à l'intensification de nos interconnexions électriques et la densification de ces dernières et de travailler à une interconnexion hydrogène et énergies renouvelables entre Barcelone et Marseille, laquelle pourrait être aussi doublée par des interconnexions électriques », a encore détaillé Emmanuel Macron aux journalistes, assurant : « Nous l'avons acté ce matin, nous le travaillerons dans les prochaines semaines et je serai en décembre en Espagne pour finaliser ce projet qui a vocation à bénéficier de financements européens ».

« A ce stade, ça ressemble à un Midcat bis », estime Camille Defard, chercheuse en politique européenne de l'énergie à l'Institut Jacques Delors. A deux différences près : d'abord, le gazoduc ne passera plus par les Pyrénées, comme prévu initialement, mais reliera en sous-marin Barcelone et Marseille - une manière de contourner les fortes oppositions locales. En outre, l'interconnexion électrique devra, en parallèle de la construction du pipeline, être renforcée entre l'Espagne et la France, comme le demandait Emmanuel Macron.

La France remet en cause l'utilité du projet

Pourtant, la France s'était montrée peu enthousiaste jusqu'alors. « Je ne comprends pas le problème à court terme qu'on essaye de résoudre (...). Je ne comprends pas pourquoi on sauterait comme des cabris des Pyrénées sur ce sujet pour expliquer que ça résoudrait le problème gazier : c'est faux », avait fustigé Emmanuel Macron le 5 septembre, estimant que le besoin d'une telle infrastructure n'était « pas évident ».

Par ailleurs, le chef de l'État avait mis en avant les « oppositions environnementales » à cette infrastructure, « qui ne sont pas sans fondement », et affirmé qu'il n'y avait « pas un besoin de l'Espagne d'exporter ses capacités gazières vers la France » puisque la péninsule utilise actuellement les gazoducs la reliant à la France pour « importer » du gaz.

Le MidCat ne relève pas des seules « relations bilatérales » entre Paris et Madrid, avait rétorqué la ministre de la Transition écologique espagnole. « Par conséquent, le débat (sur son utilité) ne peut donc pas être clos par les déclarations d'un seul pays », avait-elle asséné, assurant que la construction d'un nouveau gazoduc entre la France et l'Espagne est un projet « d'intérêt européen » que Madrid va continuer à défendre.

L'idée ne date pas d'hier. Elle a d'abord été lancée en 2013 puis abandonnée en 2019 en raison de son impact environnemental et d'un intérêt économique alors jugé limité. Le projet devait, à l'origine, relier une ville au nord de Barcelone à Barbaira, dans l'Aude.

Le 20/10/2022

Source web par : la tribune

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