Stress hydrique: la Banque mondiale appelle à réviser la tarification de l’eau au Maroc pour éviter le pire

La Banque mondiale a alerté, dans son dernier rapport de suivi de la situation économique au Maroc, sur l’impact de la sécheresse sur l’écosystème national. L’institution appelle à rationaliser l’usage des ressources hydriques à travers, notamment, une révision de la tarification de l’eau et une limitation de l’usage des ressources souterraines.
Pour la Banque mondiale, le constat est sans appel: le Maroc est l’un des pays les plus touchés par le stress hydrique au monde et le problème devrait s’aggraver dans les décennies à venir.
En effet, entre 1960 et 2020, la disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables est passée de 2.560 m3 à environ 620 m3 par personne et par an, plaçant le Maroc dans ce qui est considéré comme une situation de stress hydrique structurel (inférieur à 1.000 m3), se rapprochant rapidement de seuil absolu de pénurie d’eau de 500 m3 par personne et par an, souligne l’institution financière internationale.
Ce défi est appelé à s’aggraver avec le changement climatique, compte tenu de l’évapotranspiration causée par les augmentations prévues des températures annuelles moyennes (de 1,5°C à 3,5°C d’ici le milieu du siècle) et une diminution prévue des précipitations (de 10 à 20%, et qui pourrait atteindre 30% dans certaines régions).
Dans ces conditions, les sécheresses peuvent devenir plus fréquentes au Maroc et converger progressivement vers une condition quasi permanente, alerte la Banque mondiale. Une intervention est donc nécessaire pour absorber l'impact du manque de pluviométrie et prévenir des chocs économiques futurs.
«Si les chocs liés à la faiblesse des précipitations ont toujours été un facteur de volatilité macroéconomique au Maroc, les sécheresses étaient généralement suivies d’une reprise vigoureuse et n'entravaient pas la croissance robuste et à long terme du produit intérieur brut (PIB) agricole. Cependant, avec la fréquence accrue de saisons des pluies médiocres, la sécheresse pourrait devenir un défi structurel, impactant sérieusement l'économie à long terme», explique le rapport de la Banque.
Que faire?
Selon les économistes de la banque mondiale, une révision de la tarification de l’eau pourrait en effet être une exigence cruciale pour encourager une utilisation plus rationnelle de ce qui est clairement une ressource de plus en plus rare et pour le recouvrement des coûts.
«Cela peut être particulièrement important à des fins d’irrigation, qui consomment près des quatre cinquièmes des apports d’eau totaux. Un autre mécanisme que le Maroc pourrait explorer est un système de quotas négociables, qui pourrait fournir la flexibilité nécessaire pour une allocation optimale de l’eau entre les utilisateurs», soulignent-ils.
Une surveillance plus active de l’utilisation des eaux souterraines est également une priorité pour faire face à leur surexploitation, mais pour que de telles mesures soient mises en œuvre, une réforme de la gouvernance est nécessaire, insiste le rapport de l’institution de Bretton Woods.
Les propositions de la Banque mondiale, vont dans le même sens des recommandations du rapport du nouveau modèle de développement (NMD) qui a souligné la nécessité d’une plus grande transparence sur les coûts tout au long de la chaîne de l’eau, de la mobilisation à la consommation en passant par le traitement.
Le 22/07/2022
Source web par : le360
Les tags en relation
Les articles en relation

La transition énergétique chinoise n’a rien de durable
La Chine est le premier consommateur et le premier producteur d’énergie au monde. Le pays a amorcé depuis une décennie une diversification de ses sources d...

La lettre de cadrage du PLF 2023 se revendique de l’Etat social
Si l'on devait résumer cette lettre en deux mots, ce serait: l'Etat social. Poursuite des chantiers ambitieux déjà lancés tels que la généralisati...

Un Signal Alarmant : l'AMOC, Vital pour le Climat, se Rapproche d'un Point Critique
Des chercheurs ont repéré un indicateur inquiétant suggérant que l'AMOC, un courant océanique crucial pour le climat, approche rapidement d'un seui...

Marrakech : Coup d’envoi de la 1ère édition du Hackathon Water Show (VIDEO)
Le coup d’envoi de la première édition du Hackathon Water Show, un événement phare dédié à mettre l’innovation au service de l’eau a été donné m...

Comment le Maroc veut stimuler son économie
Au cours de ces dernières années, le Maroc a été confronté à une série de chocs exogènes : épidémie de la Covid-19 en 2020, sècheresse exceptionnelle...

Journée mondiale de l’alimentation : Renforcer la sécurité alimentaire face aux défis climatiq
La Journée mondiale de l’alimentation, célébrée chaque année le 16 octobre, constitue une occasion cruciale pour sensibiliser à l'importance de renf...

Conférence internationale sur le développement des coopératives dans la région MENA à Marrakech
Sous le Haut Patronage de SM le Roi, le ministère du Tourisme, du Transport aérien, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et l’Office du développemen...

Catastrophes naturelles : le CESE lance une consultation citoyenne
Le bilan partiel des catastrophes naturelles – notamment les inondations, les séismes, la sécheresse et les vagues de chaleur – ayant sévi depuis plus d�...

Inondations dans le Sud-Est du Maroc : quand la pluie révèle les failles structurelles du pays
Depuis ce week-end, une région habituellement dominée par la chaleur aride du Sud-Est du Maroc est submergée sous des pluies torrentielles. Ce qui devait êt...

Stress hydrique : comment optimiser l’utilisation de l’eau ?
De nos jours, l’eau se raréfie à cause du réchauffement climatique. En 2020, un quart de la population mondiale n’avait pas accès à l’eau et 99% de l...

#Banque_mondiale_pandémie
Pour lutter contre la COVID-19 et sauver des vies, le Groupe de la Banque mondiale déploie une réponse sanitaire d’une rapidité et d’une ampleur sans pr�...

Signature à Casablanca de deux conventions pour le développement d’une économie climatique
La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a procédé, lundi à Casablanca, à la signature de deux conventions de partenariat pour le déve...