Arabie saoudite: Joe Biden à Jeddah pour une étape diplomatique délicate
Après deux jours passés en Israël et dans les Territoires palestiniens, Joe Biden est arrivé en Arabie saoudite vendredi 15 juillet. L'avion du président américain a atterri à l'aéroport de Jeddah, ville côtière sur les bords de la mer Rouge. Cette étape, qui marque un revirement dans sa diplomatie moyen-orientale, s'annonce délicate pour le président américain. Joe Biden s'était montré très critique envers le dirigeant saoudien, Mohammed ben Salman.
Lors d'une visite diplomatique, l'accueil donne le ton. Et celui réservé à Joe Biden à Jeddah a été pour le moins minimaliste. Pas de tête couronnée pour lui souhaiter la bienvenue : c'est le gouverneur de la province de La Mecque, le prince Khaled al-Fayçal et la princesse Reema Bandar al-Saoud, ambassadrice saoudienne à Washington qui l'ont accueilli au pied de l'avion. Pas de foule sur le tarmac de l'aéroport ni de cérémonie protocolaire. En quelques minutes seulement, Joe Biden avait salué les personnes présentes et était monté dans sa voiture.
L'accueil à minima avait un avantage pour le président américain : il lui évitait un face-à-face gênant avec le prince héritier Mohammed ben Salman dès son arrivée. Le puissant prince héritier est considéré comme le commanditaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par les renseignements américains. Lorsqu'il était encore candidat, Joe Biden avait promis de faire de l'Arabie saoudite un « paria ». La rencontre entre les deux hommes a finalement eu lieu une heure plus tard. Pas d'accolade ni de poignée de mains. Juste une salutation poing contre poing.
Le président américain a en tout cas déclaré avoir prévenu le prince héritier d'Arabie saoudite d'une « réponse » de sa part en cas de nouvelle attaque contre des dissidents. « J'ai juste fait comprendre que si une telle chose se reproduit, ils auront cette réponse et bien plus encore », a-t-il déclaré devant des journalistes.
Peu de chances d'une annonce sur la hausse de production de pétrole
Joe Biden a ensuite rencontré le roi Salman, malade et âgé de 86 ans, avant une « session de travail » menée par le jeune prince Mohammed, incontournable sur tous les dossiers, du pétrole au militaire.
Dès son arrivée, Joe Biden aura pu sentir que les dirigeants saoudiens ne vont pas lui faciliter la partie. Venu solliciter leur aide pour endiguer l'inflation dans son pays, il est certes reçu, mais la réconciliation aura un coût. Et d'ores et déjà, la Maison Blanche cherche à diminuer les attentes : Joe Biden pourrait repartir sans annonce d'une hausse de la production de pétrole de la part de l'Arabie saoudite. C'était pourtant le principal but de cette tournée qui visait à abaisser le prix du gallon d'essence à l'approche des élections de mi-mandat aux États-Unis.
Israël et Iran au cœur du Conseil de coopération du Golfe
Joe Biden participera aussi à un forum du Conseil de coopération du Golfe. Ses membres, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar et les Émirats arabes unis ainsi que l'Égypte, l'Irak et la Jordanie, discuteront avec les États-Unis dans une réunion importante pour notamment évoquer les dossiers israéliens et iraniens (lire encadré).
Les États-Unis tenteront de pousser à l'apaisement des relations avec l'État hébreu. L'Arabie saoudite a déjà annoncé ouvrir son espace aérien aux avions israéliens. Il y a deux ans, les Émirats arabes unis et Bahreïn avaient signé un accord de paix avec Israël. Aujourd'hui, Joe Biden tentera de convaincre les autres pays du Golfe à normaliser leurs relations eux aussi.
Les États-Unis espèrent faire pression sur l'Iran et leur programme nucléaire. En 2018, l'ancien président, Donald Trump, avait retiré le pays des accords de Vienne, ce que veut corriger Joe Biden. Toutes les parties réunies pourraient également débattre autour du projet américain de défense aérienne régionale au Moyen-Orient. Un plan de défense et de coopération pour se défendre du programme de missiles balistiques de la République islamique qui inquiète les pays du Golfe.
C'est aussi l'occasion pour la diplomatie américaine de renforcer la trêve au Yémen et se diriger vers des accords de paix.
Au cours de ce sommet de coopération du Golfe, il sera sûrement question de la promesse faite par le président américain à Jérusalem, de lutter de toute sa puissance contre une éventuelle arme nucléaire iranienne. On connait déjà la position des Émirats arabes unis qui ont affirmé qu'ils refusaient de faire partie d'un axe contre l'Iran.
Les Émirats arabes unis envisageraient même le retour d'un ambassadeur à Téhéran selon le conseiller diplomatique du président. Voilà six ans qu'Abou Dhabi avait retiré sa représentation en Iran, après le saccage de l'ambassade d'Arabie saoudite à Téhéran. Depuis les deux peux pays du Golfe se sont rapprochés d'Israël sous la houlette des États-Unis. De loin, on pourrait donc penser les Émirats loin de reprendre les échanges avec l'Iran, surtout qu'ils s'affrontent indirectement sur le terrain yéménite.
Mais les choses ne sont pas si simples. Tout d'abord les deux pays font partie d'une même région, une région dont les Émirats veulent préserver la stabilité. Ils ont donc initié une politique d'apaisement avec leurs anciens rivaux la Turquie, le Qatar et l'Iran.
D'autre part, les deux pays sont très liés commercialement. Plusieurs entreprises émiriennes ont d'ailleurs été sanctionnées par les États-Unis pour leurs échanges avec l'Iran.
Cette semaine les deux voisins du Golfe persique ont signé un protocole d'accord pour lutter contre les tempêtes de sable un phénomène qui a durement frappé les populations de la région cette année. Un symbole de plus après la visite à Téhéran en décembre dernier du Conseiller émirien à la sécurité nationale.
Le 16 juillet 2022
Source web par : rfi
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