La santé, enfin !

Enfin, il était temps qu’une grande réforme du système de santé national soit mise sur les rails. Avec un déficit de 32 000 médecins et 67 000 professionnels de la santé, c’est presque un miracle que notre système ne se soit pas effondré pendant la pandémie de la Covid-19. En réalité, il est quasi certain que c’est cette même crise sanitaire qui a accéléré la prise de conscience des pouvoirs publics quant à l’urgence de cette réforme.
D’autant que chaque Marocain est en mesure de témoigner d’une ou plusieurs expériences catastrophiques, mercantiles ou opaques, de leur passage ou celui d’un proche dans un hôpital. Les constats de défaillance sont nombreux comme le manque cruel de moyens de nos soignants qui entrave la pratique de la médecine, les déserts médicaux avec des zones isolées sans accès direct aux soins, le manque de formation des professionnels de santé dont les rémunérations ne tiennent pas compte de leur mission d’intérêt public, de leurs horaires et de l’engagement personnel qu’elle nécessite. Tout cela face à un secteur privé qui lui n’hésite pas à renchérir son offre, investit, se structure, mais creuse irrémédiablement par la même occasion le gouffre qui sépare les riches des pauvres.
Le gouvernement d’Aziz Akhannouch a élaboré une réforme ambitieuse pour pallier toutes ces contraintes avec des réponses précises. D’abord, la réforme s’appuiera sur la régionalisation à travers une carte régionale de la santé et des groupes régionaux de santé, dispensant une offre complète réunissant l’ensemble des infrastructures de santé pour un parcours clair de prise en charge des patients. Ce sont également plus de 1400 centres de santé qui seront réhabilités dans les 18 prochains mois en plus d’un CHU par région.
Les politiques de santé nationales seront désormais encadrés par une nouvelle Instance de la Santé dont le rôle sera de s’assurer de la cohésion des actions avec la couverture sociale généralisée en cours mais aussi l’efficacité et la qualité des soins dispensés par le Public et le Privé. De même, la création très attendue de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé a été actée, avec comme objectifs la mise en œuvre d’une politique pharmaceutique nationale et garantir la souveraineté nationale dans ce domaine. Encore une mesure dont l’urgence a été accentuée par la pandémie. Autre nouvelle instance capitale pour la structuration de la Santé, la réforme présentée par le Chef du Gouvernement prévoit la création d’une Agence nationale du sang, avec pour « objectif de garantir l’autosuffisance en matière des produits sanguins de qualité nécessaires pour sauver les vies des citoyens ».
Mais, c’est sur le volet des ressources humaines de la Santé que le chantier est le plus important. En effet, la réforme prévoit de répondre aux décalages en matière de ressources humaines dans certaines spécialités en instaurant notamment la généralisation de la médecine de famille. Pour faire face au déficit de ressources, le Gouvernement s’engage aussi à augmenter au cours de son mandat de 20% à 40% le nombre d’inscrits dans les facultés de médecine et de pharmacie publiques. De même, l’objectif pour la formation des infirmiers est de tripler le nombre de lauréats.
La réforme s’attaque également aux affectations de longue durée qui plombent la motivation des jeunes médecins qui après de très longues études continuent à se sacrifier pour leur pays. Il s’agira donc de revoir les règles d’affectations en favorisant notamment les étudiants originaires des régions en question et de stimuler les médecins opérant dans des zones reculées par des bourses.
Le chantier est colossal et la liste des mesures prévues dans cette réforme ambitieuse en témoigne. Les moyens financiers sont au cœur de la réussite potentielle de cette réforme, l’État souhaitant d’ailleurs s’appuyer sur le financement du privé pour renforcer le rendement des hôpitaux qui doivent être des structures indépendantes en termes de gestion et attractives. L’adhésion de toutes les parties prenantes du secteur, y compris des étudiants, à cette réforme, passera inexorablement par le prisme de la négociation avec les centrales syndicales et il est à espérer que cette étape ne dénature pas les ambitions de cette réforme. La santé de nos concitoyens a été trop longtemps négligée et il était temps que celle-ci se hisse en haut des priorités nationales. Le temps des bilans viendra.
Le 16/06/2022
Source web par : lnt
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