Le Maroc afficherait la plus faible croissance de la région MENA cette année (Banque mondiale)
Dans un nouveau rapport, la Banque mondiale table sur une croissance de 5,5% pour la région MENA en 2022, son taux le plus élevé depuis 2016. Cette évolution tirée par les pays exportateurs de pétrole, à la faveur de la hausse des recettes des hydrocarbures, cache toutefois des disparités d’une économie à l’autre. Le Maroc afficherait la croissance la plus faible de toute la région, soit 1,2%. D’abord, parce que le Royaume a été en 2021 champion de la croissance dans la région avec un taux de 7,9%. Ensuite, après la relance post-Covid, le pays traverse à nouveau une série de chocs défavorables, liés notamment à la sécheresse et aux conséquences de la guerre en Ukraine, mais aussi l’apparition d'importantes pressions inflationnistes après une longue phase de stabilité des prix. En 2023, Le Maroc (+4%) fera mieux que la moyenne de la région MENA (+3,5%), une fois les effets des chocs actuels dissipés.
L'activité économique des pays arabes semble résister, malgré un contexte incertain marqué par une inflation galopante et l’augmentation des taux d’intérêt mondiaux. Dans son nouveau rapport sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), la Banque mondiale table sur une croissance de 5,5% pour cette région en 2022, son taux le plus élevé depuis 2016. Cette croissance est toutefois inégale d’un pays à l’autre, précise l’institution de Bretton Woods. Selon ce Bulletin d’information économique, d’environ 250 pages publié en arabe et en anglais, le Maroc afficherait la croissance la plus faible de toute la région MENA, soit 1,2%. De plus, il est le seul pays parmi toutes les économies de la région où la croissance est attendue en dessous de 2% cette année. À la veille de la publication de cette étude, dans un entretien accordé au journal «Le Matin», fin septembre dernier (www.lematin.ma), Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA et l’un des auteurs de ce rapport, s’est exprimé sur les raisons de ce fort ralentissement attendu de l'économie marocaine en 2022.
D’abord, avec un taux de croissance de 7,9% en 2021, la reprise de l’économie marocaine après la pandémie de la Covid-19 a été plus forte que celle de la plupart des pays de la région MENA. Cependant, le Maroc traverse à nouveau une série de chocs défavorables, liés notamment à la sécheresse et aux conséquences de la guerre en Ukraine, ce qui cause un ralentissement significatif de l’activité économique, mais aussi l’apparition d'importantes pressions inflationnistes après une longue phase de stabilité des prix. «Cette situation – que connaissent la plupart des pays du monde – pose un dilemme pour les autorités, car le resserrement des politiques macroéconomiques qui contribuerait à maîtriser l'inflation pourrait aussi aggraver la décélération de l'économie», a souligné Ferid Belhaj.
Les pays du CCG soutenus par les recettes pétrolières
Selon cette nouvelle publication semestrielle de la Banque mondiale, le Maroc fera, également, beaucoup moins que la moyenne des pays de la région MENA importateurs de pétrole, qui devraient pour leur part afficher une croissance de 4,5% en 2022. Ces pays sont davantage exposés au risque de ralentissement de la croissance en Europe, compte tenu de leur plus grande dépendance commerciale vis-à-vis de la zone euro, les pays d’Afrique du Nord les plus proches de l’Europe, à savoir le Maroc, la Tunisie et l’Égypte, étant les plus menacés.
Les prévisions de la Banque mondiale mettent en évidence des trajectoires de croissance divergentes dans la région. Les pays en développement exportateurs de pétrole devraient enregistrer une augmentation de 5,8% du PIB (Produit intérieur brut), tirée par les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont la croissance atteindrait 6,9% en 2022 à la faveur de la hausse des recettes tirées des hydrocarbures.
Une gouvernance réfléchie et stratégique
Pour ce qui est de 2023, la Banque mondiale table sur un rebond de l’économie marocaine avec une croissance de 4%. Le Maroc fera ainsi mieux que la moyenne de la région MENA qui connaîtrait un ralentissement à 3,5% suite à une décélération au niveau des pays exportateurs de pétrole à 3,3% sous l’effet du reflux des cours. Le Maroc fera également mieux que ses voisins la Tunisie (3,3%) et l’Algérie (2,3%). «Le Maroc dispose de plusieurs atouts qui lui permettront de relever les défis, que ce soit la crédibilité de ses institutions de politique macroéconomique ou le niveau d’ambition des politiques structurelles lancées ces dernières années. Tout cela devrait donner les moyens à l’économie marocaine de revenir à une croissance plus robuste, une fois les effets des chocs actuels dissipés», estime Ferid Belhaj.
Pour l’ensemble de la région MENA, ce rapport intitulé «Un nouvel état d’esprit : Plus de transparence et de responsabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord» consacre son thème spécial aux réformes susceptibles de favoriser une reprise économique durable en rendant les institutions publiques plus transparentes et responsables. «L'ensemble des pays de la région MENA devra procéder à des ajustements face à la forte hausse des prix d'importation des denrées alimentaires et autres produits, plus particulièrement si cette hausse conduit à davantage d'emprunts publics ou à une dépréciation des monnaies nationales», indique Ferid Belhaj. Selon le responsable, les pays ont aujourd’hui besoin d’une gouvernance réfléchie et stratégique afin de surmonter la crise après les multiples chocs qui sont venus s’ajouter à la pandémie.
Le 06/10/2022
Source web par : le matin
Les tags en relation
Les articles en relation
Stress hydrique, la BM fortement engagée dans la région MENA et au Maroc
Parmi les problématiques à caractère environnemental autour desquelles s’active la Banque Mondiale, se trouve bien évidemment la question du stress hydriq...
Échapper au piège du revenu intermédiaire : une nouvelle feuille de route pour les pays en dével
WASHINGTON, 1er août 2024 – Une récente étude de la Banque mondiale met en lumière les défis majeurs auxquels sont confrontés plus d'une centaine de...
Maroc Tourisme : les espoirs déçus d’une relance du tourisme
Depuis la suspension de tous les vols vers le royaume pour deux semaines devant la menace du variant Omicron, les annulations de réservations se multiplient. ...
Gazoduc Nigeria-Maroc : soutien des États-Unis en 2025
Lors des réunions de printemps 2025 du FMI et de la Banque mondiale à Washington, les États-Unis ont annoncé leur intention d’investir dans le gazoduc Nig...
Ahmed Lahlimi : « L’inflation deviendra une donnée structurelle de l’économie marocaine »
Contrairement à plusieurs économistes et institutions nationales et mondiales, le haut-commissaire au Plan estime que l’inflation que l’on vit en cette an...
Situation économique : L’Afrique subsaharienne dans un tourbillon
Pour parler de la situation économique et des perspectives en Afrique de l’Ouest, le Fonds monétaire international (Fmi) n’y est pas allé par 4 chemins. ...
Washington : Fettah met en garde contre la fragmentation de l'économie mondiale
La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, a mis en garde à Washington contre la fragmentation de l'économie mondiale. Fettah, qui in...
Tourisme: la recette de la CNT pour relancer le secteur
L’activité touristique nationale reprend doucement du poil de la bête. Des mesures ont été mises en place pour accompagner les opérateurs dans leur relan...
38? Sommet de l’UA : Dette africaine, réparations historiques et enjeux financiers
Le 38? sommet ordinaire de l'Union africaine (UA), prévu les 15 et 16 février 2025 à Addis-Abeba, se tient dans un contexte de crise de la dette sans pr�...
Union africaine : bilan du 36e Sommet de l’organisation
Clap de fin dimanche pour la 36e session ordinaire du Sommet de l’Union africaine (UA). Les participants à ce rendez-vous, tenu les 18 et 19 février à Addi...
Maroc : essor et défis de l’éolien offshore
Le Maroc accélère sa transition vers l’économie bleue, un secteur stratégique soutenu par un vaste patrimoine maritime de plus de 3.500 km de côtes et un...
Maroc-Espagne: et maintenant, le tunnel ferroviaire du détroit de Gibraltar!
Le tunnel du détroit de Gibraltar prévoit le transport de passagers et de marchandises avec des rames navettes pour les véhicules accompagnés et les camions...


vendredi 7 octobre 2022
0 
















Découvrir notre région