Sécheresse et inondations en Europe sont directement liées à nos émissions de gaz à effet de serre

Selon une étude du service météo national anglais, les émissions de gaz à effet de serre sont directement responsables de la sécheresse en Méditerranée et des pluies diluviennes sur le nord de l'Europe et cette tendance devrait continuer à s'aggraver.
L'étude du Met Office (le service météo national anglais), publiée dans Journal of Climate, est la première à mettre en évidence l'influence de l'activité humaine sur les extrêmes liés aux pluies en Europe. Les scientifiques ont comparé les différents scénarios climatiques, avec et sans l'influence humaine. Le Met Office est remonté jusqu'en 1850 pour comparer l'évolution du climat en Méditerranéen et sur le reste de l'Europe.
Des pluies de plus en plus Extrêmes au nord
Si les rapports du Giec avaient déjà pointé du doigt l'effet du réchauffement climatique sur les précipitations au niveau global, le cas de l'Europe n'avait pas encore été analysé avec précision. À chaque degré de réchauffement gagné, le processus d'évaporation de l'eau est plus fort et fait augmenter les précipitations de 7 %. Il s'agit d'un constat global, mais cette augmentation des précipitations ne s'effectue pas de manière uniforme partout dans le monde : les zones déjà humides, comme le nord de l'Europe deviennent encore plus humides, et sujettes aux épisodes de précipitations extrêmes, et donc au risque d'inondations. À l'instar des inondations historiques qui ont causé la mort de près de 300 personnes en Allemagne et en Belgique en juillet 2021 : il est toujours difficile d'attribuer un seul événement, si violent soit-il, au réchauffement climatique, mais la hausse des températures démultiplie la probabilité que ce type de phénomène extrême se produise. Cependant, les zones sèches et arides, comme le bassin méditerranéen, sont confrontées à un climat de plus en plus sec, menant à une sécheresse persistante.
La hausse des températures conduit à des épisodes de pluie plus intenses au nord de l'Europe, ici les inondations en Allemagne en juillet 2021. © EKH-Pictures, Adobe Stock
Le rôle refroidissant des aérosols
Avec leurs modèles climatiques, les chercheurs ont simulé une situation dans laquelle l'influence humaine n'existe pas. Puis une autre situation dans laquelle l'évolution du climat européen est uniquement influencée par les aérosols, et une dernière situation dans laquelle le climat de l'Europe est influencé par les aérosols et les gaz à effet de serre. Les résultats ont été très clairs : les gaz à effet de serre sont le principal facteur d'influence sur l'évolution du climat en Europe. Mais les simulations ont aussi montré que les aérosols atténuaient cette influence, avec un effet refroidissant. Rappelons que les aérosols sont des particules polluantes néfastes à l'environnement et à notre santé : ces particules peuvent être d'origine naturelle (feux de forêt, cendres volcaniques...) et artificielle (combustion du charbon, du fioul, etc). Certains aérosols ont un effet refroidissant alors que d'autres contribuent au réchauffement climatique.
Des extrêmes qui s'accentuent surtout l'hiver
Les modèles climatiques utilisés étudient le rôle des différentes causes, naturelles et humaines. Les résultats montrent que les émissions dues aux activités humaines accentuent des tendances, avec des saisons plus sèches en Méditerranée et plus humides sur le reste du continent européen. Ces contrastes s'accentuent l'hiver et sont moins marqués l'été, où la sécheresse est plus généralisée. Seule exception l'été, une accentuation nette des précipitations en Scandinavie. Les précipitations de l'hiver sont directement influencées par le réchauffement d'origine anthropique (c'est-à-dire issu de l'activité humaine) : la fréquence des précipitations extrêmes augmente partout sauf dans le bassin méditerranéen, zone dans laquelle les pluies sont de plus en plus rares. L'augmentation des précipitations au nord de l'Europe serait en fait liée à un Jet-Stream qui circulerait plus au sud, en lien avec la fonte des glaces.
Les auteurs de l'étude précisent que la tendance vers un climat plus sec en Méditerranéen et plus humide ailleurs va continuer à s'aggraver, mais pas de manière progressive et linéaire : les simulations climatiques ont montré que l'évolution s'opérait de manière brutale, non pas avec une hausse continue, mais avec une cascade d'événements violents et soudains. Avec ce constat et ces projections, les auteurs de l'étude précisent que nos activités doivent s'adapter, notamment l'agriculture du bassin méditerranéen, et que les autres régions d'Europe doivent se préparer à un risque d'inondations de plus en plus présent.
Selon les prévisions climatiques du Met Office, la sécheresse du bassin méditerranéen ne va faire que s'accentuer ces prochaines années. © Adrien Baud, Adobe Stock
Le 10/06/2022
Source web par : futura-sciences
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