L’hydrogène est un gaz à effet de serre deux fois plus puissant qu’on ne le pensait

Une étude publiée ce vendredi par le département britannique de l’Economie, de l’Énergie et de la Stratégie industrielle (BEIS) a révélé que l’hydrogène est un gaz à effet de serre deux fois plus puissant qu’on ne le pensait auparavant.
Le rapport explique que la molécule d’hydrogène exerce une action indirecte sur le climat. Elle réagit avec d’autres gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère en augmentant leur potentiel de réchauffement global (PRG) [1]. Le résultat de cette étude confirme ainsi l’alerte lancée précédemment par d’autres scientifiques.
Effet néfaste indirect sur le réchauffement climatique
Alors que l’effet néfaste induit par l’hydrogène sur le méthane et l’ozone dans la troposphère – la couche la plus basse de l’atmosphère – était déjà connu, « nous avons maintenant considéré aussi, pour la première fois dans nos calculs du PRG de l’hydrogène, l’influence ignorée jusqu’ici de ce gaz sur la vapeur d’eau et l’ozone présents dans la stratosphère » expliquent les auteurs du rapport, des scientifiques du National Center for Atmospheric Sciences et des universités de Cambridge et de Reading. « Nous estimons maintenant que le PRG de l’hydrogène pour une période de 100 ans est en moyenne de 11, c’est-à-dire qu’il est 11 fois plus néfaste pour le climat que le dioxyde de carbone (CO2) », précisent-ils. Une précédente étude publiée en 2001 et fréquemment citée depuis, évaluait le PRG de l’hydrogène à 5,8.
« Toute fuite d’hydrogène entraînera indirectement une augmentation du réchauffement climatique, et atténuera les réductions d’émissions de gaz à effet de serre qui pourraient résulter du remplacement de combustibles fossiles par de l’hydrogène », soulignent les chercheurs.
Minimiser les fuites doit être une priorité
Or la molécule d’hydrogène est beaucoup plus petite que celle du méthane ; elle pourrait donc s’échapper très facilement des installations de transport de gaz fossile, telles que les pipelines et les conduites, si celles-ci étaient utilisées pour transporter de l’hydrogène, en particulier autour des joints, dans les raccords, les stations de compression, etc. « La minimisation des fuites doit être une priorité si l’hydrogène est adopté comme source d’énergie importante », conclut le rapport.
Une autre étude s’est penché sur le volume des fuites
Une deuxième étude publiée le même jour par le BEIS, s’est justement penchée sur le volume des fuites lors de la production, du transport, du stockage et des utilisations finales de l’hydrogène.
Le rapport, Fugitive Hydrogen Emissions in à Future Hydrogen Economy, indique que lors de la fabrication d’hydrogène par électrolyse 9,2% de la production s’échappe par «ventilation et purge», mais que cette perte pourrait se réduire à 0,52 % par une « recombinaison complète de l’hydrogène provenant de la purge et de la ventilation croisée ».
L’étude indique que le transport par camion-citerne d’hydrogène liquide est la plus mauvaise solution puisque 13,2 % du volume transporté s’échappe dans l’air pendant l’opération. Le stockage d’hydrogène comprimé dans des réservoirs en surface est responsable de pertes à hauteur de 6,52 %, dans les piles à combustible c’est 2,64 % et les stations de distribution 0,89 %. Pendant les autres opérations de production, transport et stockage, les fuites inférieures à 0,53%.
Un autre risque
L’autre risque lié aux fuites d’hydrogène est dû à la grande inflammabilité de ce gaz, comme l’ont démontré des accidents survenus dans des stations de distribution d’hydrogène.
Mais « l’hydrogène est plus cher que le gaz naturel » explique Gniewomir Flis, un expert du groupe de réflexion allemand Agora Energiewende. Pour ces raisons, il estime, de son côté, que les industriels seront incités à prévenir les fuites dans les infrastructures.
Le 10 Avril 2022
Source web par : revolution-energetique
Les tags en relation
Les articles en relation

Nucléaire : un pays du Maghreb se tourne vers la Russie pour développer sa filière
En parallèle de ses applications énergétiques, l'uranium possède des usages en médecine, en agriculture et dans d'autres domaines industriels. À l...

Réchauffement climatique : l'Allemande Naomi Seibt, "l'anti-Greta Thunberg"
À 19 ans, Naomi Seibt est en train de devenir la voix des climatosceptiques. Portrait de cette jeune Allemande en lutte contre "l’alarmisme climatique". Proc...

COP27 : des revues scientifiques et médicales lancent un appel à l’aide climatique pour l’Afri
Les auteurs dénoncent la promesse non tenue par la communauté internationale de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement. Vous po...

Méthane 2024 : niveau record dans le secteur fossile
En 2024, les émissions de méthane liées au secteur des énergies fossiles ont frôlé un record historique, selon le rapport annuel Global Methane Tracker de...

Transition énergétique : le Maroc mise sur les énergies renouvelables et ouvre de nouvelles persp
Face aux enjeux du réchauffement climatique, le Maroc s’engage dans une transformation énergétique ambitieuse, visant à porter la part des énergies renou...

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE: LE MARCHÉ NAISSANT DE L'HYDROGÈNE DOPÉ PAR L'URGENCE CLIMATIQUE ET L'UK
Kevin Kendall arrête son véhicule dans l'unique station distribuant de l'hydrogène vert à Birmingham, au centre de l'Angleterre, et fait le plei...

Découverte exceptionnelle dans les Alpes italiennes : des fossiles préhistoriques de 280 millions
Dans les Alpes italiennes, à 1 700 mètres d’altitude, des scientifiques ont mis au jour un trésor paléontologique unique : des fossiles datant de 280 mill...

Analyser la sécheresse : faire la distinction entre sols secs et aridité
Analyse de la sécheresse et de l'aridité : Comprendre les nuances entre deux réalités climatiques liées au manque d'eau La sécheresse et l'...

Fabriquer de l’hydrogène « vert » à partir d’eau de mer, on s'en rapproche !
Plusieurs équipes de chercheurs ont mis au point des techniques qu'ils pensent pouvoir adapter à grande échelle. L'hydrogène serait l'un des ...

Ce qu’il faut retenir des six derniers rapports du Giec
Réchauffement, extinction des espèces, adaptation nécessaire des pays… À partir du lundi 13 mars, le Giec travaille sur une synthèse de ses conclusions d...

Les crises alimentaires risquent de se multiplier dans le monde, selon l'ONU et l'UE
Une "multiplication des crises alimentaires" est à craindre dans différents endroits du monde, sous l'effet de plusieurs facteurs simultanés, démographi...

Que retenir du rapport du groupe 3 du GIEC ?
Quels sont les points clés à retenir du rapport du groupe 3 du GIEC ? Voici un résumé des grands enjeux mis en avant par les scientifiques du GIEC. Le gr...