Cour de cassation : un mineur n’est pas consentant dans ses rapports sexuels, même en cas d’adultère
La plus haute juridiction du Royaume estime qu'un mineur ne peut être considéré consentant dans ses rapports sexuels avec autrui, et que le législateur lui accorde un statut de victime en raison de son manque de discernement. La Cour de cassation rappelle, dans un récent arrêt, que cette protection juridique est accordée aux mineurs par le droit marocain et international.
Dans un arrêt rendu le 16 juin 2021, la Cour de cassation rejette un pourvoi du parquet d’Essaouira et confirme l’innocence d’une mineure poursuivie pour adultère.
Du tribunal de première instance d’Essaouira à la Cour de cassation, en passant par la Cour d’appel, les trois juridictions ont estimé que la jeune fille, mineure au moment des faits, est protégée par la loi en raison de son manque de discernement, et devrait être traitée comme une victime d’attentat à la pudeur.
Une protection que lui consacre le législateur marocain et qui, comme le précise la Cour de cassation dans cet arrêt inédit, correspond « aux engagements du Maroc au niveau international, à travers la Convention relative aux droits de l’enfant de 1989 », ratifiée par le Maroc en 1993.
Retour sur l’affaire
Les faits remontent à 2019, lorsque la jeune fille avait été arrêtée en flagrant délit d’adultère, suite à une plainte de son époux.
Poursuivie par le ministère public pour adultère, elle a été présentée au juge des mineurs du tribunal de première instance d’Essaouira. Son partenaire a quant à lui fait l’objet de poursuites pour participation à adultère.
Le tribunal de première instance a décidé de libérer la jeune fille en raison de son âge, estimant qu’elle devrait être traitée comme victime d’attentat à la pudeur par son partenaire, conformément à l’article 484 du code pénal.
Une décision confirmée en mai 2019 par la Cour d’appel, mais contestée par le parquet, qui continue d’invoquer l’article 22 du Code de la famille selon lequel « les conjoints (…) acquièrent la capacité civile pour ester en justice pour tout ce qui concerne les droits et obligations nés des effets résultant du mariage ».
Pour le ministère public, la décision rendue par la Cour d’appel constitue « une violation des dispositions du code de la famille et du code pénal », notamment de l’article 491 qui punit d’un « emprisonnement d’un an à deux ans toute personne mariée convaincue d’adultère ».
La Cour de cassation rend un arrêt confirmatif
Le parquet forme alors un pourvoi en cassation en juin 2019, rejeté, deux ans plus tard, par la plus haute juridiction du Royaume.
Celle-ci considère que la Cour d’appel a effectué « une application saine de la loi en estimant qu’un mineur n’est pas considéré comme consentant dans ses rapports sexuels avec autrui, tant que le législateur lui accorde le statut de victime en raison de son manque de discernement et le protège juridiquement ».
Dans son arrêt, la Cour de cassation affirme que l’article 22 du Code de la famille octroie aux époux la capacité à exercer leurs droits civils résultant du mariage. Mais souligne que cette disposition ne s’étend pas aux dispositions visant la protection du mineur dans le cadre d’attentat à la pudeur, ni à celles qui lui garantissent la protection de son intérêt supérieur et qui correspondent aux engagements du Maroc au niveau international, à travers la Convention relative aux droits de l’enfant de 1989.
Le 07/11/2021
Source web Par : medias24
Les tags en relation
Les articles en relation
Quelques principes de l'Etat de droit
Marrakech, Inezgane, Fès, Beni Mellal, Salé...: à supposer que la foule ait raison, elle n'avait pas à se substituer à la justice et à agresser, viole...
Le Maroc valorise son modèle d'autonomisation féminine sur la scène internationale
Lors des travaux de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW), tenus du 10 au 21 mars à New York, rappel esa été fait sur les progrè...
Évolution du Code de la famille au Maroc : justice en 2024
Depuis plusieurs décennies, la famille marocaine a connu une évolution marquée par des réformes successives. Ces transformations législatives, étalées da...
Une Révision du Code de la Famille pour Concilier Tradition et Modernité
Le roi Mohammed VI a demandé au Conseil supérieur des Oulémas d'examiner les réformes du Code de la famille, visant à équilibrer les valeurs religieus...
Maroc : Quid de la liberté de conscience « garantie » par la Constitution ?
Garantie par la nouvelle Constitution, la liberté de conscience n’en demeure pas moins un leurre sur papier quand on voit les réalités sur le terrain. Et l...
Le Roi Mohammed VI donne ses instructions pour accélérer la réforme du Code de la famille
Le Roi Mohammed VI a donné au gouvernement un délai de six mois pour l’élaboration du projet de loi à ce sujet et sa soumission au Parlement pour adoption...
Réforme du Code la famille : les collectifs féministes organisent une conférence nationale
La Coordination féministe pour la refonte globale du Code de la Famille, la Coalition Printemps de la Dignité, le Collectif Libertés Fondamentales, la Coordi...
Rétrospective 2023 : une année qui manque de couleurs pour la société
Il y a un an encore, le peuple marocain était en extase : le parcours exceptionnel des Lions de l’Atlas lors du Mondial 2022 nous avait tous fait vibrer, au ...
Moudawana. Heritage, filiation, mariage des mineurs ... les propositions du Collectif pour les liber
Heritage, filiation, mariage des mineurs, mariage des Marocaines aux non- musulmans ... Voici les differentes propositions de reforme de la Moudawana établies ...
Réforme du Code de la famille : Vers une justice sociale moderne
Sous l'impulsion du roi Mohammed VI, figure de proue des réformes majeures dans l’histoire contemporaine du Maroc, une révision profonde du Code de la f...
Pédophilie : pour la prévenir et protéger les victimes, l’omerta doit cesser
L’affaire du pédophile d’El Jadida qui a défrayé la chronique au début ce mois d’août est arrivée comme un rappel brutal. Les abus sexuels sur enfan...
À Marrakech, Mohammed VI demande de “renforcer le leadership féminin”
Le roi Mohammed VI a adressé un message aux participants à la 2ème édition du sommet annuel de l’initiative “Women in Africa”, première plate-forme i...


mercredi 10 novembre 2021
0 
















Découvrir notre région