Transport routier: les exportations marocaines vers l'Espagne toujours otages des autorisations

Un accord signé en 2012 entre le Maroc et l’Espagne concernant le transport international routier menace les exportations marocaines. Najib Boulif a tenté de résoudre le problème en ouvrant les négociations avec la partie espagnole pour une solution avant le 30 septembre. Rien n'a été fait ce qui menace de stopper les exportations vers l'UE et compromettre la campagne agricole.
Les exportations marocaines vers l'Union européenne (UE) sont à nouveau menacées. Les opérateurs marocains de transport international routier (TIR) ont annoncé une grève le 7 octobre prochain. En cause, l'épuisement des autorisations dont ils disposent pour accéder à l'Espagne et à l'UE.
Le Maroc et l'Espagne ont signé en 2012 un accord bilatéral pour régir le secteur du transport international routier. Cette convention stipule que tous les transports de marchandises entre les deux parties contractantes ou en transit par leurs territoires sont soumis au régime de l’autorisation préalable. Une commission mixte fixe chaque année le nombre d’autorisations qui seront accordées aux deux pays de façon égalitaire. 30.000 autorisations sont prévues de part et d'autre.
Jusque-là, rien d’anormal. Sauf qu’en mai dernier, plusieurs transporteurs marocains se sont retrouvés bloqués au port d’Algésiras, à la frontière espagnole, faute d’autorisations, la partie marocaine ayant épuisé son quota au cours des cinq premiers mois de l'année. "Les transporteurs marocains ont le choix entre accéder illégalement sur le sol européen et payer une amende de 4.000 euros par camion, ou ne plus envoyer de marchandises à l’Union européenne par voie terrestre", nous expliquait à l'époque, un opérateur marocain.
Najib Boulif, secrétaire d’État au Transport, a dû intervenir. À l'issue d'une réunion avec son homologue espagnol Gómez-Pomar,il a été convenu d'octroyer au Maroc plusieurs milliers d'autorisations additionnelles permettant aux opérateurs de reprendre leur activité jusqu'au 30 septembre.
Cette rallonge a été conditionnée par la reformulation du système des autorisations, "en séparant celles qui permettent de réaliser des opérations de charges/décharges en Espagne de celles qui permettent seulement le transit, pour ainsi arriver à un accord équilibré et à caractère définitif dans ce domaine", nous confie une source au ministère de l'Équipement espagnol.
Les secrétaires généraux des deux ministères devaient mettre en place "une méthodologie ad hoc qui permette de résoudre d’une façon stable et qui prenne en compte tous les intérêts présents et la défense des secteurs impliqués", le tout dans un délai de trois mois à partir de juillet, nous explique-t-on.
Pourquoi alors les exportateurs marocains tirent-ils la sonnette d'alarme et les transporteurs menacent-ils de faire grève? Parce que "rien n'a été fait", nous affirme Ahmed Mouflih, directeur de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (Fifel).
Ni Najib Boulif, ni le directeur du transport Brahim Baamal n'ont répondu à nos sollicitations. Pour Ahmed Mouflih, "dans quelques jours nous n'aurons plus d'autorisations pour franchir les frontières espagnoles ce qui risque de compromettre notre campagne".
Selon notre interlocuteur, à partir de lundi prochain ou même avant, aucun camion marocain ne rentrera en Espagne sauf s'il prend le risque de payer l'amende de 4.000 euros. Un coût que tous les opérateurs ne sont pas en mesure de supporter. "Nous n'avons aucune perspective. C'est l'impasse". Ce qui accentue cet effet, c'est que le souci est récurrent.
Najib Boulif nous avouait lors d'un précédent échange que le problème devient structurel. "Depuis la conclusion de l’accord en 2012, le Maroc s’est retrouvé chaque année face à l’insuffisance des autorisations qui lui sont octroyées", nous expliquait le secrétaire d'État au Transport, exemple à l’appui. Ainsi en 2013, les autorisations ont été épuisées en novembre. L’année d’après, la pénurie est survenue en août, tandis qu'en 2015, les quotas étaient épuisés en juillet.
Cela s’explique d’abord et avant tout par la dynamique de croissance à deux chiffres des exportations marocaines que la commission technique ne prend pas en considération au moment de la fixation du contingent des autorisations. Selon les données l’Eurostat, au premier trimestre du 2017 les exportations marocaines vers l’Espagne ont augmenté de 25,7 % en glissement annuel, dans un contexte de croissance de 5,7 % des exportations marocaines vers l’Union européenne durant la même période.
Actuellement, les exportateurs et transporteurs temporisent en attendant de voir la réaction des autorités de tutelle.
Le 02 Octobre 2017
Source web par Telquel
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