Des millions de vaccins AstraZeneca à la poubelle ? Les trois raisons de l’impasse

La France continue de recevoir des doses alors que des millions dorment encore dans les frigos, que le nombre de personnes éligibles baisse et que le vaccin est soupçonné de ne pas être assez efficace contre les variants.
Le vaccin d’AstraZeneca « ne présente pas de risque et préserve même contre les formes les plus graves de la maladie. » Une fois de plus, le Premier ministre Jean Castex a dû prendre son bâton de pèlerin mardi 11 mai pour convaincre les personnes éligibles de se faire vacciner avec le sérum de la firme anglo-suédoise, dont la France a encore reçu 2 millions de doses début mai.
Pourtant, l’utilisation d’AstraZeneca n’est pas une évidence et semble même relever du paradoxe à ce stade de la campagne de vaccination. « L’Obs » vous explique pourquoi.
La France reçoit des doses qui ne trouvent pas preneur
Depuis son autorisation en février dernier, 7,3 millions de doses d’AstraZeneca ont été livrées en France, selon les données du ministère de la Santé compilées par Covid Tracker. Parmi elles, 2 millions sont encore arrivées début mai malgré la défiance persistante après les cas de thromboses, dont certains mortels, découverts après injection.
Cette réticence se retrouve dans le taux d’utilisation du vaccin. Selon « Libération » qui a pu consulter les chiffres du ministère de la Santé, au 5 mai, AstraZeneca affichait un taux d’utilisation de 54 % avec un stock supérieur à 60 jours. A titre de comparaison, le vaccin Pfizer était utilisé à 89 % avec seulement six jours de consommation en réserve.
Ainsi, interrogé sur le plateau de France 2 mardi, le Premier ministre Jean Castex a déclaré que 2 millions de doses d’AstraZeneca n’avaient toujours pas trouvé preneur. « J’espère qu’on va arriver à les écouler », a-t-il poursuivi.
Après vérification, le chiffre du chef du gouvernement semble largement sous-estimé. D’après Covid Tracker, sur les 7,4 millions livrées, 4,2 millions de doses de ce sérum auraient été injectées en France. Ce sont donc non pas 2 millions, mais plutôt 3,2 millions de doses qui restent dans les frigos.
Livraisons de vaccins réalisées et prévues en France (capture d’écran Covid Tracker)
Cumul des doses injectées par vaccin (capture d’écran Covid Tracker)
Et alors que plusieurs millions de doses d’AstraZeneca sont encore inutilisées, le ministère des Finances et de la relance a indiqué qu’au total, 38 millions de doses du vaccin sont attendues d’ici à décembre 2021.
De moins en moins de seniors non-vaccinés
Autre paradoxe de l’arrivée de nouvelles doses d’AstraZeneca : le vaccin n’est administré qu’aux plus de 55 ans, les plus jeunes semblant être plus concernés par les risques de thromboses. Le ministre de la Santé Olivier Véran a d’ailleurs enterré lundi l’hypothèse d’un élargissement de l’âge d’éligibilité pour ce vaccin. Un groupe d’experts réuni par l’Agence du médicament (ANSM) a de nouveau émis ce mercredi des « réserves » quant à l’utilisation du vaccin AstraZeneca chez les tranches d’âge plus jeunes, « au vu du risque » de thromboses rares et « du bénéfice individuel attendu plus limité ».
Or les personnes de plus de 55 ans non protégées sont de moins en moins nombreuses puisqu’elles sont les premières à avoir été éligibles à la vaccination. Si elles étaient 13 millions samedi dernier, selon Jean Castex qui les a d’ailleurs encouragées à se faire vacciner, leur nombre devrait continuer de diminuer jusqu’à atteindre un point de blocage.
Parmi ces personnes éligibles, beaucoup refusent en effet de recevoir le sérum anglo-suédois, quand une minorité reste totalement réfractaire à la vaccination.
Le vaccin serait moins efficace contre les variants
Loin de rassurer les Français éligibles pouvant faire diminuer les stocks, Emmanuel Macron a lui-même émis des doutes sur l’efficacité de ce sérum. S’« il faut continuer de le faire parce qu’il [le vaccin AstraZeneca] nous aidera à la sortie de crise […], pour répondre aux variants, on voit que d’autres vaccins sont aujourd’hui plus efficaces », a-t-il déclaré dimanche dernier à Strasbourg.
Concernant le variant dit britannique, aujourd’hui majoritaire en France, le vaccin AstraZeneca serait efficace, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Concernant le variant sud-africain en revanche, les résultats seraient moins encourageants. Selon l’OMS, le vaccin AstraZeneca présenterait une « perte substantielle » d’efficacité pour les formes légères à modérées pour cette souche. Une analyse de risque de Santé publique France et du Centre national de référence des virus et des infections respiratoires fait également état d’une perte d’efficacité des vaccins AstraZeneca et Janssen pour le variant brésilien.
Là encore, Jean Castex a tenté de rassurer sur France 2 mardi. « Il faut absolument se vacciner avec AstraZeneca quand on a plus de 55 ans. Il n’y a pas de risques. Le variant futur n’est pas là, nous faisons tout pour le contenir », a-t-il insisté, rappelant qu’il s’était fait vacciner avec AstraZeneca.
Au plan international, les mauvaises nouvelles continuent pourtant de s’accumuler pour le labo anglo-suédois : le Brésil a décidé mardi de suspendre la vaccination des femmes enceintes avec AstraZeneca, après la mort d’une femme à Rio de Janeiro. L’Ontario, province canadienne la plus peuplée, a annoncé mardi la suspension des vaccinations avec la première dose du sérum, en raison d’une hausse du nombre de thromboses. La Norvège vient quant à elle d’annoncer ce mercredi qu’elle renonçait pour de bon au vaccin, suivant la préconisation d’un comité d’experts.
Le 12/05/2021
Source web Par : nouvelobs
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