Marrakech et Agadir à vendre

En faillite pour cause de crise sanitaire et ses multiples restrictions, de nombreux hôtels désespérément vides sont aujourd’hui mis à l’encan dans les principales villes touristiques du pays qui offrent un visage d’une extrême désolation...
En prévision de la prochaine saison estivale, le Maroc a décidé d’ouvrir de nouveau, à partir du 21 mai courant, son espace aérien qu’il a fermé il y a quelques semaines pour se protéger contre la seconde vague du covid-19. Les pays concernés pour le moment sont l'Espagne, le Portugal, la France, l'Italie, la Belgique, l'Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, la Turquie, l'Angleterre, l'Égypte, l'Algérie, le Cameroun, le Congo, Guinée Conakry, le Mali et le Ghana. Accueillie avec beaucoup de soulagement, cette décision a relancé l’optimisme chez les professionnels du tourisme national qui réclamaient sans cesse un calendrier de reprise de leur activité, ravagée par les restrictions dues à la crise sanitaire. Le retour des vols internationaux est une lumière au bout d’un long, très long tunnel sombre pour les différents prestataires du secteur (hôteliers, restaurateurs, transporteurs, loueurs de véhicules, guides…) qui du coup se prennent à rêver d’une saison estivale avec des touristes…
Trop beau pour être vrai. C’est effectivement une fake news qui a circulé dans la soirée du dimanche 2 mai, relayée à grande échelle par certains sites électroniques… Non, les autorités marocaines ont décidé de ne pas se presser ! Trop tôt, peut-être, pour laisser respirer un petit coup le tourisme national qui étouffe, à un moment ou bien des pays comme l’Espagne, l’Italie, la Grèce, l’Arabie Saoudite et la France ont ouvert leurs frontières aux touristes étrangers dûment vaccinés ?
En faillite pour cause de crise sanitaire, de nombreux hôtels désespérément vides sont aujourd’hui à vendre à Marrakech et Agadir et dans d’autres villes du pays qui offrent un visage d’extrême désolation. Cela fait plus d’une année qu’ils attendent le retour des touristes. En vain. Les déceptions successives ont fini par céder la place à la désillusion et avoir raison de l’optimisme de plus d’un… Naguère grouillant d’une foule bigarrée et joyeuse, la place Jemaa El Fna, vidée aujourd’hui de ses gargotiers et de ses charmeurs de serpents, est balayée par le vent de l’ennui et du désespoir. Même paysage de tristesse à Agadir où la promenade de la plage a les allures d’un lieu fantôme… Confrontés depuis plus d’une année à un manque sans précédent de recettes, consécutif à l’absence des touristes, criblés de dettes qu’ils ne peuvent pas régler en dépit des plans de rééchelonnement accordés par le gouvernement, les hôteliers sont acculés, la mort dans l’âme, à se délester de leurs établissements. Avec tout ce que cela suppose comme risque réel que le patrimoine touristique national tombe dans l’escarcelle de fonds vautours ou de profiteurs de crise étrangers. Sans que cette perspective dramatique ne semble inquiéter la tutelle du secteur. Triste constat : Les professionnels marocains qui ont mis plusieurs décennies à bâtir le tourisme national sont en train de quitter l’activité par la petite porte sous le regard indifférent du gouvernement. L’attitude passive de ce dernier devant l’agonie de l’écosystème touristique avec ses hôteliers et ses transporteurs, grand pourvoyeur de devises et d’emplois, est pour le moins incompréhensible.
Secteur transversal
Les responsables se sont montrés très peu engagés là où il fallait être assez imaginatif et entreprenant pour réfléchir au-delà du colmatage des brèches et permettre aux opérateurs de se projeter… Certes, on peut se consoler en disant que la crise du tourisme est mondiale et que le Maroc n’est pas le seul à en pâtir. Mais force est de constater que les vagues d’attentisme gouvernemental ont été plus ravageuses que celles du virus lui-même pour les différentes professions du tourisme et sa main-d’œuvre directe ou indirecte. Via l’indemnité forfaitaire de 2 000 DH par mois qui reste très dérisoire, l’État n’a pris en charge que les employés déclarés à la CNSS. Quid de ceux, très nombreux, qui ne le sont pas et qui travaillent dans l’informel.
Quid aussi de ces bataillons de Marocains ignorés des statistiques officielles et qui vivent quand même de la dynamique touristique ? Le gouvernement a-t-il pensé aux villageois de l’Ourika (Marrakech) ou d’Agouim (Ouarzazate) ou d’Anezi (Agadir) et de bien d’autres douars enclavés du Maroc profond, situés sur les axes touristiques et qui vivent au jour le jour du passage des touristes étrangers ? Qui défend la cause de ces populations anonymes et autrement plus démunies que leurs congénères des villes ? Pas un centime du Fonds Covid-19 ne leur a été versé alors que leur seule source de revenus s’est subitement tarie… Là résident les effets d’entraînement de ce secteur transversal dont les chiffres officiels sont loin de rendre compte de l’importance de son apport social qui n’apparaît pas toutefois dans le niveau de sa contribution fiscale. Mais ce n’est pas une raison pour laisser mourir un secteur qui fait vivre plusieurs dizaines de milliers de familles.
Le 5/5/2021
Source web Par : le canard libere
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