#MAROC_COVID19_POSSIBILITES_INVESTISSEMENTS: Amine Sabah: « certains chefs d’entreprises voient en cette crise une opportunité d’investissement à saisir sur le plan financier »

L’investissement s’imposera de lui-même et son financement devrait être une priorité pour l’Etat, le secteur bancaire et les bailleurs de fonds (Fonds d’investissement notamment) qui devront jouer leurs rôles d’acteurs économiques engagés pour relancer une économie en pleine asphyxie financière.
Annuler, décaler, maintenir ou non l’investissement, c’est le dilemme de beaucoup d’entreprises en ces temps de crise. Amine Sabah, Partner “Financial Advisory” chez Mazars Maroc, analyse les décisions d’investissement ou de désinvestissement des dirigeants d’entreprise.
Challenge : quels sont les secteurs les plus touchés par la crise Covid ?
Amine Sabah : la crise Covid, a eu des conséquences inédites sur l’économie mondiale en général et les entreprises de petite ou moyenne taille en particulier. Nous assistons aujourd’hui, à un large débat autour des stratégies de maintien ou de survie pour ces dernières, ou encore d’optimisation de coûts et stabilisation des revenus pour les grandes entreprises. Certains secteurs sont bien évidemment plus touchés que d’autres comme le transport (aérien, routier, maritime…), le tourisme, le secteur du textile, le secteur financier et bien d’autres. La crise Covid a stoppé net des activités que jusque-là, personne n’imaginait un jour être à l’arrêt pendant une aussi longue période. L’arrêt brutal de certains marchés (fermetures des espaces aériens par exemple), est le principal problème de ces secteurs qui, en dépit des aides reçues, peinent à maintenir leurs activités voire même entretenir leurs outils de production (avions, hôtels, flottes…). Ce qui est certain, c’est que les opérateurs naviguent à vue en attendant des jours meilleurs.
Challenge : quel est l’état d’esprit des chefs d’entreprises actuellement?
A.S : certains chefs d’entreprises se battent toujours pour ne pas abandonner, d’autres ont déjà lâché les manettes tandis qu’une partie des managers a trouvé dans ce contexte une opportunité de développement ou d’investissement intéressante…
En effet, l’opacité du contexte actuel et futur, ainsi que l’insuffisance en cash permettant de faire face aux échéances, ont poussé la majorité des chefs d’entreprises à réaliser des arbitrages de raison, à savoir mobiliser les mécanismes de soutien financier et bancaire, ouvrir leur capital pour se faire accompagner sur le plan financier ou même céder leur entreprise. D’autres chefs d’entreprises par contre, y ont vu plutôt une opportunité d’investissement à travers plusieurs leviers. Secteur, santé financière, profil du manager, opportunité d’investissement, prix…sont autant de facteurs qui agissent sur les décisions des chefs d’entreprises actuellement.
Challenge : comment voient-ils l’après-Covid-19 ?
A.S : la plupart des chefs d’entreprises appréhendent l’après Covid…certains, par crainte de retard dans la reprise de l’économie, d’autres par crainte de changement de business models. Ce qui est certain, c’est qu’il y aura un avant et un après Covid que ce soit dans le mode de management, dans les habitudes de consommation ou encore dans les décisions d’investissement. Une autre appréhension/opportunité de taille à aborder : le digital et son accélération imposée par le contexte actuel, fera sans doute des dégâts dans certaines activités basées sur des techniques classiques, voire archaïques mais représente cependant une réelle opportunité et même une solution pour plusieurs entreprises qui devront s’y consacrer dès maintenant, si ce n’est pas encore fait.
Challenge : certaines entreprises défient la crise et continuent d’investir. Comment expliquer cela ?
A.S : certains chefs d’entreprises ont vu en ce contexte une opportunité d’investissement à saisir sur le plan financier (intégration horizontale ou verticale à un prix intéressant), ou une occasion de développement organique générée par un besoin apparu suite à un changement d’habitude de consommation. C’est le cas, par exemple, des sociétés de e-commerce ou de livraison qui ont vu leur chiffre d’affaires exploser et se sont retrouvées dans l’obligation de suivre en investissements pour répondre à la demande.
Challenge : le moment est-il opportun pour investir ?
A.S : pour un investisseur industriel -et sauf si le processus d’investissement est déjà lancé- il faudrait plutôt se focaliser sur la stabilisation des agrégats actuels, exception faite d’une opportunité d’investissement qui permettrait de générer du cash très rapidement et ce, en dépit du contexte actuel.
Pour un investisseur financier, il faudrait prendre plus de risques et jouer son rôle d’acteur économique engagé, avec une orientation vers les secteurs prioritaires de sa stratégie d’investissement. Il passerait, cependant, plus de temps à réaliser des scénarii et stresser les modèles financiers afin de cerner le maximum de scénarii catastrophes possibles.
Challenge : que faut-il pour relancer l’investissement au Maroc ?
A.S : pour les chefs d’entreprises, un changement de business models (digitalisation entre autres) s’impose, afin de s’adapter aux changements des habitudes de consommation et permettre de créer un besoin et relancer leurs activités. Il n’en demeure pas moins, qu’un changement de business models est un processus assez lourd nécessitant du temps et de l’argent. L’investissement s’imposera de lui-même et son financement devrait être une priorité pour l’Etat, le secteur bancaire et les bailleurs de fonds (Fonds d’investissement notamment) qui devront jouer leurs rôles d’acteurs économiques engagés pour relancer une économie en pleine asphyxie financière.
Le 18 novembre 2020
Source web Par : challenge
Les tags en relation
Les articles en relation

Rentrée scolaire: le présentiel est-il risqué? Voici l'avis de trois spécialistes
C’est le casse-tête des parents en cette rentrée scolaire si particulière: faut-il emmener les enfants à l’école ou privilégier l’enseignement à di...

Après l’Algérie, Schengen fermé au Maroc : Mohammed VI fera-t-il comme Macky Sall et Ali Bongo
L’Union Européenne vient de décider le retrait du Maroc de la liste des pays sûrs de l’espace Schengen. Cette décision fait suite à la multiplication d...

Maroc/Coronavirus : 114 enfants de moins de 14 ans atteints, 59 nouveaux cas détectés dans la rég
Un total de 114 enfants de moins de 14 ans sont atteints de coronavirus (Covid-19) au Maroc, a annoncé samedi le ministère de la Santé qui a fait état de 82...

Covid-19 au Maroc : le ministère de la Santé dresse le bilan de la semaine
Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a fait état, vendredi dans son bulletin hebdomadaire, d’un total de 154 nouveaux cas d’infection au ...

Crise et relance : Décryptage sans langue de bois de Saâd Bendidi
Figure majeure du monde marocain des affaires, respecté aussi bien pour ses compétences que pour ses qualités humaines, il nous parle dans cette interview de...

#MAROC_ETAT_D_URGENCE: Rumeurs, prolongement: oui ou non ?
La prolongation de l’état d’urgence au menu du Conseil de gouvernement Un Conseil du gouvernement se tiendra, jeudi, sous la présidence du Chef du gouv...

A lire absolument Le confinement, tout ce que l’on ne vous a pas dit : aberration humaine, sanitai
ANALYSE : Le communiqué du 2 juin du conseil scientifique se décerne un satisfécit sans regarder les faits et tente par des scénarios improbables (issues de...

#MAROC_Exportations_tourisme: le Maroc en position délicate selon Coface
Coface fait le focus sur l’impact de la pandémie dans son récent baromètre des risques pays et sectoriels. L’étude aborde également les perspectives de...
#MAROC_Nadia_Fettah: Elle reçoit le SG de l'OMT, une lettre d'intention co-signée
Nadia FETTAH, Ministre du Tourisme, de l’Artisanat, du Transport Aérien et de l’Economie Sociale a tenu le 03 février 2021 une séance de travail avec Zur...

Nouvelle vague en Europe: les mesures prises dans les aéroports du Maroc
Le médecin-chef de l’aéroport Mohammed V de Casablanca, Dr Mohamed Moussif, a mis l’accent sur les mesures de précaution prises par le ministère de la S...

#MAROC_COVID19_Pr_Zouhair: Zoom - Covid-19 -La pandémie entame sa phase de régression-
Plus le virus se réplique, plus il s’affaiblit Une nouvelle vague au Maroc est peu probable! Saïd Zouhair, chef du laboratoire de bactériologie-v...

Un triple choc sanitaire, économique et financier inédit
Un cheminement inverse à la crise de 2008? Une reprise lente et graduelle Le 16 mars dernier, le VIX, indice de la peur des investisseurs sur le marché ...