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Au Maroc, l’enseignement supérieur en quête d’un modèle qui pourrait passer par le numérique

Au Maroc, l’enseignement supérieur en quête d’un modèle qui pourrait passer par le numérique

Une réussite aux examens qui s’érode cruellement et une inadaptation des formations au marché du travail… Le cabinet BearingPoint esquisse une stratégie d’évolution.

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Etablissements surchargés, décrochage universitaire, encadrement insuffisant, inégalités… Malgré les réformes et les plans d’urgence qui se sont succédé ces trente dernières années, l’enseignement supérieur au Maroc peine à se renouveler. Ses performances alarmantes suscitent toujours plus de craintes quant à l’avenir professionnel des diplômés. Car les universités marocaines ne semblent pas en mesure de répondre à une demande sociale de plus en plus pressante, ni aux politiques de développement lancées par le pays.

Reste l’espoir que la transformation digitale permette de réaliser le bond en avant tant espéré. Qualitativement et quantitativement. C’est en tout cas ce que défend le cabinet européen BearingPoint, qui publie un rapport intitulé « L’enseignement supérieur au Maroc, en quête d’un nouveau souffle ».

L’enjeu de la formation est de taille pour le royaume, où le chômage des jeunes est perçu comme une « bombe à retardement ». Plus de 26 % des Marocains âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi, avec un taux qui culmine à 42,8 % en milieu urbain. D’autant que le taux de chômage augmente avec le niveau de qualification.

« Pas assez d’emplois qualifiés »

Selon le Haut-Commissariat au plan (HCP), le chômage touche 3,3 % des personnes n’ayant aucun diplôme, contre 16,7 % des diplômés. Souvent, ces derniers sont contraints d’accepter un poste en deçà de leur niveau d’éducation. « Ce constat, à la fois paradoxal et inquiétant, interroge sur l’efficacité de l’enseignement et de la formation, ainsi que sur sa capacité à valoriser le potentiel offert par l’effet démographique », note BearingPoint.

En 2017, quelque 135 000 diplômés sont arrivés sur le marché du travail, pour 86 000 postes disponibles. « A première vue, l’économie nationale ne génère pas assez d’emplois qualifiés », explique Jean-Michel Huet, associé chargé du développement international et de l’Afrique à BearingPoint.

Pourtant, les diverses politiques de développement lancées ces dernières années au Maroc ont fait émerger de nouveaux besoins en qualification dans le secteur agricole et les métiers de l’industrie, en particulier dans l’automobile, l’aéronautique et les énergies renouvelables. « Le problème, en réalité, c’est la grande distorsion qui existe entre les formations proposées et les emplois réellement disponibles », déplore M. Huet.

L’autre explication réside dans le manque de diversité de l’offre de formation. Si le socle scientifique et technique est relativement solide dans les grandes universités marocaines, la place accordée à l’apprentissage des sciences humaines et sociales reste insuffisante. A ces lacunes s’ajoute le paradoxe de l’enseignement dans le royaume : en arabe jusqu’au bac, puis en français à l’université pour la plupart des matières.

« Le digital, le nouvel ascenseur social »

Sur le marché du travail, ceux qui maîtrisent le français ont des salaires plus attractifs et de meilleures perspectives de carrière. « Dans l’enseignement supérieur marocain, les langues étrangères, les soft skills [compétences de base] ainsi que l’expérience terrain ou encore la dimension innovation et entrepreneuriat des cursus constituent des défis majeurs qui viennent impacter la consistance des enseignements », assure le cabinet, lui-même recruteur de consultants au Maroc où il a ouvert un bureau à Casablanca.

Pour Jean-Michel Huet, le numérique est l’une des solutions pour redonner à l’enseignement supérieur le souffle qui lui manque : « Le digital peut devenir le nouvel ascenseur social du Maroc en réponse aux taux de déperditions scolaires, notamment pour les jeunes filles déscolarisées, mais aussi à la difficile insertion sur le marché de l’emploi. »

L’analyste préconise de généraliser l’enseignement de la programmation informatique et de faire du code un langage d’enseignement universel dans le pays, « face à une jeunesse marocaine à deux vitesses, dont une grande partie est sacrifiée sur l’autel des langues étrangères ». Et de citer les métiers demain qui accompagneront la transformation digitale de la société marocaine, dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Le plan Maroc Digital, entre autres, prévoit de doubler le nombre de professionnels du numérique formés chaque année au Maroc pour atteindre 30 000 postes par an. « Il faut s’adapter aux outils digitaux qui sont amenés à se développer. La crise liée à la pandémie du coronavirus nous l’a démontré ! », plaide M. Huet.

Des initiatives telle que l’école de code 1337, entièrement gratuite et sans prérequis de diplôme, ont également vu le jour ces dernières années. Mais les défis restent lourds pour réformer le système. Surtout que le niveau ne cesse de se détériorer. En cinq ans, le taux de réussite des étudiants en université à accès ouvert a chuté de 27,6 %.

Le 11/06/2020                                    

Source Web Par lemonde

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