La robotisation devrait faire disparaître 14 % des emplois d'ici 20 ans selon l'OCDE
La question revient encore une fois, celle s’inquiétant de la survie de la main-d’oeuvre humaine face à la montée en puissance de la robotisation dans les entreprises. Cette fois, c’est l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) qui se penche sur le sujet et évalue les risques à une perte de près de 14 % des emplois d’ici les vingt prochaines années. Selon le rapport présenté par l’organisation, certaines zones comme la France par exemple seront plus touchées que d’autres. Cette dernière, selon l’OCDE, est un peu plus exposée que la moyenne des autres pays avec environ 16,4 % d’emplois menacés et 32,8 % des emplois transformés par l’automatisation.
Les systèmes automatiques dans les entreprises continuent de se multiplier aujourd’hui plus que jamais allant de simples robots qui réalisent des tâches manuelles aux systèmes plus complexes basés sur l’intelligence artificielle (IA). Quels seront les impacts à long terme de ces changements sur les emplois de l’homme ? Les débats sur ce sujet ne manquent pas et on rencontre souvent deux camps. Il y a ceux qui pensent que l’IA et la robotique vont générer dans les années à venir des dizaines de milliers d’emplois, mais il y a également ceux qui pensent que l’IA et la robotique ou l’automation en générale feront disparaître un nombre important des emplois.
En septembre 2018, le World Economic Forum (WEF), bien qu’il soit conscient du fait que l’automatisation fera disparaître dans un premier temps certains emplois, il a établi un rapport selon lequel l’IA et la robotique vont générer près de 60 millions d'emplois de plus qu'elles en détruiront d'ici 2022. En effet, la fondation suisse a écrit dans son rapport que la robotique et l’intelligence artificielle généreraient 58 millions d’emplois de plus qu’elles n’en coûteront au cours des cinq prochaines années. Selon le rapport intitulé « The Future of Jobs 2018 », d’ici 2022, les technologies d’automatisation et d’intelligence artificielle pourraient entraîner la suppression de 75 millions d’emplois.
Le WEF a néanmoins pris le temps de notifier qu’au fur et à mesure que l’automatisation prendra de l’ampleur, le visage de l’entreprise tel que nous la connaissons changera. Le rapport a précisé que la qualité, l’emplacement et le format de ces nouveaux emplois pourraient subir de grosses modifications, suggérant ainsi que l’offre d’emploi permanent à temps plein pourrait éventuellement diminuer. Certaines entreprises pourraient opter pour les travailleurs temporaires, les travailleurs indépendants ou encore les entrepreneurs spécialisés, tandis que d’autres pourraient opter pour l’automatisation tous azimuts des tâches. Par contre, ceux qui réfutent ces statistiques sont nombreux, ce qui témoigne du fait que les titres qui annoncent que l’automatisation fera disparaître un bon nombre d’emplois semblent être plus nombreux que les titres qui soutiennent le contraire.
Ceux à qui l'on donne le nom de technopessimistes penchent pour un scénario où l’intelligence artificielle détruira massivement les emplois, engendrant pauvreté, conflits de classes et instabilité politique. Si le pire n’est jamais sûr, la robotisation nourrit déjà une grande anxiété au sein des classes moyennes des pays industrialisés. L’OCDE, pour sa part, s’inquiète de l’avenir du travail dans les pays qui le compose et se demande si l’homme est prêt à affronter le nouveau monde du travail qui est en train d’être façonné par l’introduction des machines.
Selon le nouveau rapport de l'OCDE, les gouvernements doivent revoir leur approche en matière d'emploi pour réduire davantage les tensions sociales et économiques. Sans action rapide, annonce l’organisation, de nombreuses personnes, en particulier les personnes peu qualifiées, seront laissées pour compte dans le monde du travail qui évolue rapidement. Elle estime que la transformation numérique, la mondialisation et les changements démographiques ont déjà remodelé le monde du travail. À l'avenir, 14 % des emplois existants pourraient disparaître du fait de l'automatisation au cours des 15 à 20 prochaines années, et 32 % supplémentaires devraient changer radicalement.
Bien que l'emploi à temps plein et permanent reste susceptible de représenter encore de nombreux emplois, si ce n'est la plupart à l'avenir, ces dernières années ont vu une augmentation du travail non standard dans certains pays tels que le travail indépendant et les contrats temporaires. L'emploi à temps partiel a augmenté dans presque tous les pays de l'OCDE au cours des dernières décennies. La proportion de personnes travaillant à temps partiel, mais préférant travailler à temps plein a également augmenté.
Pour l’OCDE, la technologie a totalement redéfini la façon dont les gens travaillent et, même si l’on estime que les robots sont faits pour occuper les emplois les plus ingrats et que les hommes se concentreront sur les tâches plus cognitives, la menace est toujours présente et qu’il faudrait trouver le moyen de permettre à la population d’affronter les défis des prochaines années du monde du travail. « On a beaucoup parlé de l'avenir du travail, mais il faut maintenant transformer les mots en actes », a déclaré l’OCDE. L’organisation a indiqué que l’automatisation causera plus de dommages aux personnes peu qualifiées et mal protégées par les lois du travail et les politiques sociales traditionnelles, voire pas du tout.
En France par exemple, les emplois à haut risque d'automatisation sont légèrement supérieurs à la moyenne de l'OCDE, soit 16,4 % des emplois risquent plus que 70 % d'être complètement redéfinis. En outre, 32,8 % des emplois risquent de subir des modifications importantes de leur contenu et de leur mode d'exécution. Parmi les pays de l'OCDE, la France connaît un niveau de sous-emploi élevé (9 % en 2017), ainsi qu'une forte dualisation du marché du travail. La part des emplois temporaires et des contrats à durée déterminée est élevée (16,9 %), ces derniers se caractérisant par une nette augmentation des contrats à très court terme.
La part des travailleurs indépendants économiquement dépendants est légèrement inférieure à la moyenne de l'OCDE, mais reste assez élevée, à 12,7 %. Certains de ces travailleurs se trouvent dans des situations très similaires à celles des employés. Pour réduire cela, l’OCDE propose de réduire les incitations à accepter et à offrir des contrats très courts, de s'attaquer au problème du faux travail indépendant et corriger les déséquilibres en cas de pouvoir de marché excessif de la part de certains employeurs. « Les perspectives de l'emploi de l'OCDE ne prévoient pas de futur sans emplois, mais ils prévoient des défis majeurs pour l’avenir du travail. Avec les bonnes politiques, nous pouvons gérer ces défis. Nous sommes confrontés à une transformation importante, mais nous avons la possibilité et la détermination de profiter de ce moment pour bâtir un avenir de travail qui profite à tous », a déclaré le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurría.
Rappelons qu’il y a environ un an, une étude a révélé que l’automatisation pourrait détruire plus deux millions d’emplois en France. Allait-elle pouvoir en créer d’autres ? La question est sans réponse aucune aujourd’hui et voilà que vient s’ajouter ce rapport de l’OCDE qui annonce dans les cinq prochaines années, la France pourrait être le pays de cette organisation où les travailleurs vont subir le plus de dommages en raison de l’automatisation.
Le 23/12/2019
Source web Par Le Monde
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