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Brexit : Boris Johnson peut-il convaincre le Parlement britannique ?

Brexit : Boris Johnson peut-il convaincre le Parlement britannique ?

Après avoir arraché un nouvel accord de Brexit à l'Union européenne, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, doit désormais convaincre ses députés. L'arithmétique parlementaire est loin d'être favorable.

Bruxelles n'était que le début. Une nouvelle épreuve de force attend le Premier ministre britannique, Boris Johnson : après avoir arraché laborieusement jeudi un accord de Brexit avec l'Union européenne, le Premier ministre britannique doit convaincre ses députés samedi 19 octobre, dans un vote dont l'issue reste incertaine.

Devant la presse, "Bojo" s'est dit "confiant" dans le fait que ce "très bon accord" soit approuvé lors de la séance exceptionnelle du Parlement britannique samedi : "J'ai très bon espoir que lorsque les députés de tous les partis (l') examineront, ils verront les avantages de le soutenir".

"Le moment est venu maintenant de se rassembler comme pays" et d'"honorer" le résultat du référendum de 2016 ayant décidé du Brexit, a-t-il ajouté.

"Entre 'très serrée' et 'non'"

Pourtant, celui qui est arrivé au pouvoir en juillet sur la promesse d'un Brexit coûte que coûte le 31 octobre devra se battre pour chaque voix. Le gouvernement ne dispose plus que de 288 élus, contre une majorité absolue de 320 voix à la Chambre des communes. Le risque est donc fort de voir les députés rejeter pour la quatrième fois un accord de divorce avec l'UE, après avoir recalé par trois fois le compromis négocié par sa prédécesseur Theresa May, mécontents des dispositions sur l'Irlande du Nord.

"En ce moment, l'arithmétique parlementaire se situe quelque part entre 'très serrée' et 'non'", relève Constantine Fraser, analyste politique au cabinet de recherche TS Lombard.

Non du Labour, du DUP et des indépendantistes écossais

Jeremy Corbyn, le chef du Parti travailliste (Labour), principale formation d'opposition avec 244 députés, a appelé ses troupes à "rejeter" le texte.

C'est "non" également pour le parti unioniste nord-irlandais DUP, allié-clé du gouvernement à Westminster : pas question d'avaliser un texte traitant l'Irlande du Nord différemment du reste du Royaume-Uni et de laisser planer ainsi le spectre d'une réunification de l'Irlande, son cauchemar.

Le DUP ne dispose que de 10 députés à la Chambre des communes mais son soutien est indispensable vu l'absence de majorité. Surtout, son feu vert aurait permis de convaincre les quelques dizaines de "Brexiters" les plus durs du Parti conservateur, dont la position reste inconnue.

"Il est théoriquement possible de faire approuver un accord sans le DUP, mais c'est extrêmement improbable", souligne Dom Walsh, analyste au groupe de réflexion Open Europe.

Boris Johnson n'avait pas ménagé ses efforts pour convaincre les unionistes nord-irlandais, promettant notamment un "New deal" économique pour la province britannique.

Selon Constantine Fraser, cette annonce d'accord pourrait être une manière pour lui de les mettre devant "le fait accompli", voire de jeter l'éponge pour se concentrer sur le coup d'après, des élections générales anticipées, vues comme incontournables pour sortir de la crise politique.

Hostiles au Brexit, les indépendantistes écossais du SNP (35 députés) comme les libéraux-démocrates (19) ont également opposé une fin de non-recevoir.

Les déserteurs, clé du vote ?

Paradoxalement, Boris Johnson pourrait compter sur le soutien de 21 députés rebelles qu'il avait exclus sans ménagement des rangs tories en septembre pour avoir voté avec l'opposition afin d'éviter un "no deal" aux conséquences économiques désastreuses.

"Voter un accord pourrait leur permettre de faire leur retour", explique Tim Bale, directeur adjoint du centre de réflexion "UK in a Changing Europe".

Des députés travaillistes pourraient également défier la consigne de vote de leur leader, désireux de voir le Royaume-Uni enfin quitter le giron européen. "Mais veulent-ils faire un cadeau de Noël à Boris Johnson ?", s'interroge Tim Bale, alors que les sondages donnent le dirigeant gagnant en cas d'élections.

Selon Downing Steet, Boris Johnson a tenté toute la journée au téléphone de rallier les élus récalcitrants. Il s'y attellera encore vendredi et devrait offrir aux travaillistes pro-Brexit des garanties en matière d'environnement et de protection sociale post-sortie de l'UE.

En cas d'échec, le dirigeant est contraint par une loi de solliciter un report de trois mois du Brexit afin d'éviter un "no deal", ce qu'il a une nouvelle fois exclu jeudi.

Nombre d'experts estiment désormais que c'est le scénario le plus probable et l'opposition voudrait profiter d'un délai pour soumettre l'accord à référendum.

Responsable du Brexit au sein du Labour, Keir Starmer estime qu'un report est inévitable dans tous les cas, ne serait-ce que pour pouvoir passer la législation nécessaire à la mise en œuvre du Brexit si l'accord était approuvé.

Le 18/10/2019

Source web Par france24

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