Les écoles et universités publiques à accès régulé choyées par le ministère
DOSSIER ENSEIGNEMENT SUPERIEUR. Budget, taux d’encadrement, coût unitaire de fonctionnement, nombre d’établissements… Le système à accès régulé, contrairement à celui à accès ouvert, semble avoir les faveurs du ministère de l’Enseignement supérieur. Les détails.
Les écoles et universités publiques à accès régulé ont le vent en poupe. L’effectif des étudiants nouveaux inscrits dans ces établissements a augmenté de 30% au titre de l’année universitaire 2018-2019, soit l’équivalent de 32.032 jeunes. Le total actuel est de 122.270 étudiants.
“Notre ministère accorde un intérêt particulier aux formations en médecine et en ingénierie. Le domaine de la médecine et de la pharmacie a connu et connaît toujours une expansion remarquable. En plus des deux facultés publiques de médecine et de pharmacie et des 2 facultés publiques de médecine dentaire, créées avant les années 80, cinq facultés publiques de médecine et de pharmacie additionnelles ont été créées dans cinq régions différentes : Marrakech-Safi, Fès-Meknès, l’Oriental, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Souss-Massa et une 6ème faculté verra le jour incessamment dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra“, rappelle Saaid Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
“Initiative 3.300 médecins“ et “Initiative 10.000 ingénieurs“: Des taux de réalisation des objectifs à 62% et 74% respectivement
L’offre de la formation en sciences de la santé au Maroc est renforcée grâce au partenariat public-privé et à l’implication et la contribution du secteur d’enseignement supérieur privé à travers :
- L’Université Internationale Abulcasis des Sciences de la Santé qui a ouvert 3 facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire.
- L’Université internationale de Rabat (UIR) qui a ouvert une faculté de médecine dentaire.
- L’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé qui a ouvert 3 facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire.
- L’Université privée de Marrakech (UPM) qui a ouvert une faculté de médecine.
“Suite à ces efforts, l’effectif des étudiants en formation a atteint 21.556 étudiants en 2018/2019 et le nombre des lauréats a atteint 2.051 médecins et pharmaciens en 2017/2018, soit un taux de réalisation de 62% des objectifs fixés dans le cadre du programme gouvernemental Initiative 3.300 médecins", affirme le ministre de l’Enseignement supérieur. Lancée en 2007, cette initiative gouvernementale vise à former 3.300 médecins par an à l’horizon 2020. L’objectif est de faire monter la densité médicale de 6 à 10 médecins pour 10.000 habitants en 2020.
De même, l’offre de formation en ingénierie a été renforcée par la création de nouveaux établissements. Le nombre total d’établissements publics formant des ingénieurs dans différentes spécialités en 2018/2019 est de 26 écoles et facultés universitaires et 17 écoles de la formation des cadres.
“Dans l’enseignement supérieur privé, le nombre d’écoles d’ingénieurs a atteint 30 écoles. Ainsi, le nombre d’ingénieurs en formation a atteint 40.612 étudiants en 2018-2019 alors que le nombre de diplômés ingénieurs est de 7.366 lauréats en 2017-2018, soit un taux de réalisation de 74% des objectifs du programme gouvernemental Initiative 10.000 ingénieurs", explique Saaid Amzazi. Cette initiative a été conçue pour accompagner le Plan émergence industrielle en 2010.
Un coût unitaire de fonctionnement de 37.000 DH par étudiant dans les sciences médicales
Pour ce qui est des dépenses budgétaires accordées à l’enseignement supérieur à accès régulé, les principaux indicateurs se déclinent comme suit :
- 46% des subventions de l’État accordées aux universités sont affectées aux établissements à accès régulé.
- Le coût unitaire en subvention de fonctionnement en 2018 est en moyenne de 28.000 DH dans les établissements à accès régulé, contre 8.500 DH pour l’accès ouvert. Ce coût a connu une baisse de 14% entre 2015 et 2018 ;
-Le coût unitaire dans les établissements à accès régulé varie selon les différentes branches : par exemple, dans le domaine des sciences de l’ingénieur le coût est de 28.216 DH par an en 2018, pour le domaine de technologie il est 26.141 DH, pour les sciences médicales de 37.000 DH et pour le commerce et la gestion de 12.984 DH par an.
“Même si la dégradation est commune (ndlr : entre le système à accès ouvert et celui à accès régulé), la comparaison entre les évolutions des coûts par étudiant dans les deux types d’accès témoigne des disparités importantes entre accès ouvert et accès régulé. En effet, le coût par étudiant dans l’accès régulé est quatre fois supérieur à celui qui prévaut dans l’accès ouvert“, explique le ministre.
Source: Conseil supérieur de l'éducation de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS, rapport sur l’enseignement supérieur au Maroc, consacré au système à accès ouvert, publié en 2018)
Le Conseil élabore un autre rapport sur l’enseignement supérieur, dédié cette fois-ci au système à accès régulé et qui sera publié bientôt.
Un système privilégié
“Il faut savoir en outre que l’État marocain a consenti ces dernières années des investissements très lourds dans les études médicales sachant que les deux dernières facultés de médecine ouvertes à Tanger et Agadir ont coûté plus de 800 MDH, sans compter celle de Laâyoune dont la construction est déjà lancée. En outre, l’État a également investi 5 MMDH dans la construction des CHU devant accompagner ces trois nouvelles facultés de médecine. Ajoutons à cela l’augmentation conséquente des postes de recrutement de professeurs assistants dans les facultés de médecine“, soutient le ministre de tutelle.
Pour ce qui est des infrastructures et le rapport entre capacité d’accueil et effectifs d’étudiants, “la politique publique a porté une attention aux établissements à accès régulé qui fonctionnent nettement en deçà de leurs capacités“, soutient le Conseil supérieur de l’éducation. Le taux d’utilisation de la capacité d’accueil de ces établissements n’est que de 67% en 2016 alors qu’il explose à 211% dans le cas du système à accès ouvert.
En termes d’encadrement, les étudiants du système à accès régulé sont choyés. “Les établissements universitaires à accès régulé jouissent d’un encadrement suffisant qui se rapproche des standards internationaux, avec un taux d’encadrement de 17 étudiants par enseignant“, soutient le Conseil de l’enseignement supérieur, dans le même rapport.
Besoin d'assurer la relève professorale
En ce qui concerne la relève professorale, il faut savoir que 5.707 enseignants, soit 40% des enseignants du supérieur universitaire exercent dans les établissements à accès régulé, pour les 13% d’effectifs d’étudiants que comptent ces établissements.
Les besoins à l’horizon 2030 en encadrement pédagogique (remplacement des départs à la retraite et augmentation du nombre des étudiants) représentent un effectif de l’ordre de 6.328 enseignants, soit 527 en moyenne par an, dont 31% concernent les établissements à accès régulé.
Globalement, on estime qu’un enseignant sur trois dans les filières à accès régulé sera mis à la retraite d’ici 2030. Ce pourcentage atteindrait même 62% dans les sciences de l'éducation.
“Pour pouvoir assurer la relève professorale au niveau des sciences de l’éducation, mais aussi des sciences et techniques, il est bien évident qu’un système d’orientation qui régulerait les flux des nouveaux étudiants vers ces disciplines s’impose de toute urgence“, conclut Saaid Amzazi.
Le 03 juillet 2019
Source web Par medias24
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