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L’homme scie la branche sur laquelle il est assis : S.O.S extinction de masse des espèces Le salut passe par un changement en profondeur

L’homme scie la branche sur laquelle il est assis : S.O.S extinction de masse des espèces Le salut passe par un changement en profondeur

 «La Terre est au début de la 6ème "extinction de masse" ». C’est la réalité que les politiques veulent ignorer ou plutôt occulter. En fait, sur les 8 millions d'espèces estimées (dont 5,5 millions d'espèces d'insectes) sur la planète, un demi-million à un million d'espèces devrait être menacé d'extinction, dont beaucoup au cours des prochaines décennies, a indiqué un récent rapport  rédigé par un groupe d'experts de l'ONU sur la biodiversité (IPBES).  Pour ces scientifiques, cette extinction de masse est la première attribuée à l'Homme qui a déjà fait disparaître au moins 680 espèces de vertébrés depuis 500 ans.

Incontestablement, la situation est grave puisque 75 % de l'environnement terrestre a été "gravement altéré" par les activités humaines, tandis que 66 % de l'environnement marin est touché. Cette destruction accélérée menace un million d’espèces animales et végétales (sur 8 millions recensées) d’extinction à court ou moyen terme. En détail, 10% des espèces d'insectes, 40 % des espèces d'amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d'un tiers de tous les mammifères marins sont menacés.

Le rapport ajoute qu’au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16ème siècle et plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l'alimentation et l'agriculture avaient disparu en 2016, et 1.000 races de plus sont menacées. « La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l'histoire humaine - et le taux d'extinction des espèces s'accélère, provoquant, dès à présent, des effets graves sur les populations humaines du monde entier », a alerté le rapport.

Concernant les causes de cette situation, les experts ont été unanimes depuis des décennies à imputer la responsabilité de la situation à la surexploitation des ressources naturelles et à l’impact direct de l’Homme sur son environnement (agriculture intensive, déforestation, construction d’infrastructures, pêche et chasse,  urbanisation, etc.).  Le changement climatique, la pollution et la prolifération des espèces invasives ont été aussi pointés du doigt.

Le Maroc n’échappe pas non plus à cette destruction de la biodiversité. Les écosystèmes sont plus ou moins touchés par les activités directes ou indirectes liées au développement économique et à la croissance démographique que connaît notre  pays (agriculture intensive, surpâturage, surexploitation des ressources naturelles, industrie et pollution, urbanisation…).

Selon « Le quatrième rapport national sur la biodiversité » du Secrétariat d’Etat auprès du ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l’Eau et de l’Environnement daté de mars 2009,  sur les 7.000 taxa environ qui composent la flore marocaine, près de 1700 sont considérés par l’Etude nationale sur la biodiversité comme rares et/ou menacés, ce qui représenterait une perte potentielle de plus de 24% de cette richesse floristique.

La déforestation touche près de 31.000 ha par an et cause, par la suite, la dégradation des écosystèmes forestiers et péri-forestiers. Du point de vue faunistique, la situation n’est guère plus brillante. Beaucoup d’animaux ont également disparu ou sont devenus rares et plus de 600 espèces sont actuellement considérées comme menacées.

Un état de fait qui n’a guère changé puisque le Rapport 2016 de l’Institut Royal des études stratégiques (IRES) a dressé un tableau préoccupant quant à la situation de la biodiversité marocaine. Selon ce document, à fin décembre 2012, près de 1.200 espèces vivant au Maroc se trouvaient sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature dont 9% sont quasi menacées d’extinction, 7% sont vulnérables et 7% sont en danger ou en danger critique d’extinction contre 70% qui constituent une préoccupation mineure. En outre, les prévisions font état du risque de disparition de près de 22% de la biodiversité nationale, à l’horizon 2050. Les effets du changement climatique pourraient aggraver l’état de la biodiversité.

De même, des  menaces planent sur les sols qui demeurent très vulnérables à l’érosion, notamment au niveau des zones arides et seraient soumis à de fortes pressions, dues, notamment, aux besoins du secteur agricole. Leur dégradation se manifeste à travers la déforestation, les défrichements, les changements du couvert végétal… En plus de certaines pratiques agricoles peu efficientes, de la croissance démographique et de l’urbanisation peu maîtrisée, la dégradation des sols pourrait réduire la surface agricole utile par habitant à 0,22 et à 0,15 hectare par personne en 2025 et à l’horizon 2050 contre 0,24 actuellement.

Les stocks de poissons connaissent déjà une dégradation. Parmi les stocks régulièrement suivis, 16 sont estimés surexploités. Une situation qui résulte d’une gestion peu efficiente de l’espace côtier, lequel est le théâtre de nombreuses activités. Celles-ci, couplées avec d’autres facteurs anthropiques, induisent des pressions sur les écosystèmes, nuisant ainsi à la stabilité biologique des populations de poissons. Les rejets polluants portent préjudice à la productivité de la pêche et à la capacité reproductive des espèces, ce qui se traduit par une réduction progressive de la disponibilité des ressources halieutiques et par des impacts négatifs sur les milieux de vie marins. A cela s’ajoute la question de la surexploitation des ressources halieutiques.

Pour le groupe d'experts de l'ONU sur la biodiversité, il n’est pas encore tard pour agir et les solutions ne manquent pas. L’enjeu est d’arriver à initier un changement majeur au niveau du mode de production et de consommation de notre société. Ainsi, le rapport préconise-t-il une transformation du système agro-alimentaire, un changement des régimes alimentaires, la restauration des écosystèmes, la multiplication des aires protégées, des quotas de pêche "efficaces", ainsi qu’un changement de dogme sur la croissance.

Le 08/05/2019

Source web Par Libération

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