Côte d’Ivoire : Un ambitieux plan de reboisement pour un avenir durable
La Côte d’Ivoire se prépare à entreprendre un vaste projet forestier qui va à contre-courant des tendances régionales. Un défi audacieux mais indispensable pour construire un avenir durable. En mobilisant des ressources financières, techniques et humaines, le pays ambitionne de renouer avec son passé glorieux en tant que « perle des forêts » d’Afrique de l’Ouest.
Des autorités ivoiriennes à Abidjan jusqu'à New York, le message est clair : le reboisement ne constitue plus une simple option, mais une priorité cruciale. En marge du Forum des Nations Unies sur les Forêts (FNUF) qui s’est tenu du 6 au 11 mai 2024 à New York, le ministre des Eaux et Forêts de la Côte d’Ivoire, Laurent Tchagba, a multiplié les rencontres avec les principales agences onusiennes. Son objectif ? Obtenir des soutiens financiers et techniques en faveur de la Stratégie de Préservation, de Réhabilitation et d’Extension des Forêts (SPREF) adoptée par le gouvernement en 2019.
Cette stratégie ambitieuse vise à augmenter la couverture forestière de la Côte d'Ivoire, passant de 3 millions à 6 millions d'hectares d'ici 2030, soit un doublement en seulement 6 ans. Un défi considérable pour ce pays d'Afrique de l'Ouest, qui a vu ses forêts diminuer drastiquement ces dernières décennies en raison de la déforestation.
Mobiliser 609 millions d’euros auprès des bailleurs
Le coût total de la SPREF est estimé à 616 milliards de FCFA sur 10 ans (environ 938 millions d’euros). L'État ivoirien s'engage à financer 35% de ce montant, soit environ 216 milliards de FCFA (environ 329 millions d’euros). Les 400 milliards de FCFA restants (environ 609 millions d’euros) devront être mobilisés auprès de partenaires techniques et financiers, notamment du secteur privé.
C’est pourquoi le ministre des Eaux et Forêts de la Côte d’Ivoire multiplie les discussions avec le FNUF, le PNUD et le PNUE, trois agences onusiennes majeures dans les domaines de la foresterie durable et de l’environnement. Toutes ont salué le leadership de la Côte d’Ivoire et se sont engagées à soutenir sa stratégie, en mobilisant des financements et en promouvant des projets phares comme la « Grande Muraille Verte », les initiatives « Femmes et Forêts » ou l’agroforesterie.
Un plan de reboisement titanesque
Au cœur de la SPREF se trouve un plan de reboisement sans précédent, visant à restaurer 3 millions d'hectares de forêts dégradées ou déboisées d'ici 2030. Face aux défis climatiques, écologiques et socio-économiques auxquels la Côte d’Ivoire est confrontée, le succès de ce projet forestier revêt une importance cruciale.
D'un point de vue environnemental, la restauration des forêts permettra de préserver la biodiversité unique de ce « hotspot » de l’Afrique de l’Ouest, de lutter contre l’érosion des sols, de réguler le cycle de l’eau et de stocker des millions de tonnes de carbone. Ces enjeux sont cruciaux pour s’adapter au dérèglement climatique.
Le reboisement, un levier de développement durable
Mais au-delà des bénéfices environnementaux, le reboisement massif prévu par Abidjan offre d'énormes opportunités de développement durable pour les populations locales. En restaurant les écosystèmes forestiers, on préserve les ressources naturelles dont dépendent des millions de personnes pour leur subsistance : produits forestiers non ligneux, gibier, plantes médicinales, etc.
De plus, l'agroforesterie, qui combine cultures vivrières et plantation d'arbres, sera mise en avant. Une approche « gagnant-gagnant » qui valorise les savoirs traditionnels paysans tout en améliorant la sécurité alimentaire et les revenus ruraux.
Le secteur privé, un partenaire incontournable
Pour atteindre ces multiples objectifs, le gouvernement mise sur un partenariat étroit avec le secteur privé. Appelé à financer 65% de l'effort global, le monde des affaires devra intégrer la SPREF dans ses stratégies RSE et ses plans d'affaires. Un défi de taille, mais une opportunité unique de « verdir » son image et ses activités.
Des entreprises agro-industrielles aux compagnies minières et pétrolières en passant par le secteur bancaire, tous les acteurs économiques sont appelés à contribuer. À travers des mécanismes innovants tels que la compensation carbone, le financement de projets agroforestiers ou la protection de « réserves naturelles », les retombées escomptées seront multiples.
Le 13/05/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
www.darinfiane.com www.cans-akkanaitsidi.net www.chez-lahcen-maroc.com
Les tags en relation
Les articles en relation
Protéger la Biodiversité : Une Stratégie Essentielle pour Réduire la Pauvreté et Assurer un Ave
Le Groupe de la Banque mondiale a pour mission de mettre fin à la pauvreté tout en assurant une planète vivable. Étant donné que plus de la moitié du PIB ...
MedWest : Le Maroc et la France coprésident le Comité Directeur pour 2019
Le Maroc a succédé à l’Algérie pour assurer conjointement avec la France, la coprésidence du Comité Directeur pour l’année 2019 de la conférence min...
Pierre Rabhi : "Cultiver son jardin est un acte de légitime résistance"
A 79 ans, Pierre Rabhi est plus remonté que jamais contre le saccage de l’environnement par la société de consommation à outrance. "Il y a le feu et il fa...
Changements climatiques : le Maroc prépare son 1er Rapport sur la transparence
Le Maroc s’investit dans un nouveau projet relatif à la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Le pays travaille sur l’élabor...
Plantation de Palmiers : "Maroc Environnement 2050" dénonce le phénomène
Le mouvement « Maroc Environnement 2050 » a annoncé qu’il y a trois ans, en 2021, il a lancé une campagne pour mettre fin à la plantation de palmiers dat...
Leila Benali : L'universalité des valeurs défendues par l'Assemblée de l'ONU-Environnement
L'Assemblée des Nations unies pour l'Environnement (ANUE), en tant que plateforme de résonance, est aussi universelle que les valeurs qu'elle déf...
L'UNESCO alerte : 90 % des terres émergées menacées de dégradation d'ici 2050
90 % des terres émergées en danger d'ici 2050, selon l'UNESCO L’UNESCO prédit que 90 % des terres émergées seront dégradées d’ici 2050, po...
La mer Méditerranée se réchauffe et attire des poissons tropicaux dévastateurs
Pollution plastique, surpêche... La mer Méditerranée est menacée sous de multiples aspects. Début juin, le WWF a publié une revue des études scientifique...
Journée mondiale : La biodiversité, au cœur des enjeux planétaires
C’est aujourd’hui que le Monde célèbre la journée mondiale de la biodiversité. Le thème choisi cette année met l'accent sur l'espoir, la solid...
Déforestation record en 2018 : nous avons perdu 12 millions d’hectares de forêts tropicales
BIODIVERSITE : Tous les ans, nous perdons des forêts qui sont équivalentes à la surface de la Grèce. Et la déforestation en 2018 aurait battu des record...
Collaboration envisagée entre deux nations africaines pour une ambition pétrolière majeure
L'Afrique joue un rôle significatif sur le marché mondial des hydrocarbures, en particulier dans le secteur pétrolier, où certains des plus importants g...
La SAPST s'engage dans la préservation de l'arganier avec l'inauguration du centre Targant
À l'occasion de la Journée mondiale de l'arganier, célébrée le 10 mai de chaque année, la Société d'Aménagement et de Promotion de la Stati...